3 éléments à prendre en considération dans le financement de l’éducation
Avec l’approche de l’échéance des Objectifs du Millénaire pour le développement et de ceux de l’Éducation pour tous, il est essentiel pour la communauté éducative de poursuivre sa mobilisation. Voici quelques éléments à prendre en considération pour le financement de l'éducation.
05 novembre 2014 par Alice Albright, GPE Secretariat
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Lecture : 10 minutes
Jeune fille dans une salle de classe au Cameroun - GPE/Stephan Bachenheimer

Ce blog a été d’abord publié sur ed.review au sujet du Sommet mondial de l’innovation en matière d’éducation (WISE)

Ce mercredi 5 novembre, j’ai eu le plaisir de participer à la Séance plénière de l’éducation avant tout, qui se tient pendant le sixième Sommet mondial de l’innovation en matière d’éducation (WISE) à Doha, au Qatar.

Cette séance, intitulée Le Programme inachevé, a permis d'explorer plusieurs questions relatives au programme de développement post-2015. La prise en compte de l’éducation comme élément clé des prochains Objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’accès équitable à une éducation de qualité pour tous les enfants, constituera un des thèmes transversaux.

Avec l’approche de l’échéance des Objectifs du Millénaire pour le développement et de ceux de l’Éducation pour tous, il est essentiel pour la communauté éducative de poursuivre sa mobilisation et de s’assurer que les Objectifs de développement durable considèrent l’éducation à la fois comme élément fondamental du progrès sur la voie des autres objectifs de développement, et un facteur clé de croissance inclusive et de lutte contre la pauvreté.

En ce début de négociations du nouveau programme de développement durable, il est temps d’agir. Nous avons une occasion sans précédent de veiller à l’établissement d’objectifs ambitieux et à ce que nous ayons les moyens de les réaliser.

Qu’avons-nous accompli au cours des 15 dernières années ?

Le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) est né en 2002 (à l’origine Mise en œuvre accélérée du programme Éducation pour tous) de l’engagement selon lequel aucun pays ne devrait échouer dans cette mise en œuvre par manque de moyens financiers. Au cours de la dernière décennie, le Partenariat mondial a ainsi investi 3,9 milliards $US pour l’éducation dans certains des pays les plus pauvres du monde.

Nous savons que l’engagement envers les programmes de l'EPT et des OMD a permis d’augmenter l’aide internationale et a largement boosté les investissements intérieurs en matière d'éducation. En conséquence, nous avons pu voir avec joie le nombre d’enfants non scolarisés accuser une forte baisse au début des années 2000.

Mais malgré certaines avancées au cours des douze dernières années, certains éléments sont préoccupants : les progrès stagnent, et nous pourrions même assister à une inversion de la tendance.

Plus précisément, bien que le nombre d’enfants non scolarisés ait chuté de 100 millions à 58 millions entre 2000 et 2012, la réduction des financements des dernières années menace de revenir sur ces avancées. Nous savons également qu’une grande majorité des enfants non scolarisés sont aussi les plus marginalisés. Ils vivent dans des zones touchées par les conflits, sont membres de minorités ethniques ou religieuses ou habitent des zones rurales isolées.

Les financements destinés à l’éducation accordés par les bailleurs sont en déclin

La situation est exacerbée par une importante baisse des financements accordés par les bailleurs, en particulier pour l’éducation de base.

Malgré l’engagement des bailleurs à réserver jusqu’à 0,7 % de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD), ils sont de plus en plus à se situer en deçà de ce chiffre et ce nombre augmente à un rythme alarmant. L’aide à l’éducation a diminué de façon encore plus dramatique, chutant de 10 % depuis 2010, soit 10 fois plus que la baisse de l'aide au développement dans le monde.

À 400 jours de l’échéance pour la réalisation de l’OMD d’éducation universelle, le temps presse pour renverser cette inquiétante tendance. L’UNESCO estime que 26 milliards $US annuels sont nécessaires pour réaliser les OMD. Cela peut sembler un chiffre énorme, mais c’est en réalité une somme plutôt modeste si l’on considère le retour sur investissement qu'elle peut nous procurer et le coût du manque d'investissement :

  • Le coût des 250 millions d’enfants ne faisant pas l'apprentissage des compétences de base se traduit par une perte annuelle estimée à 129 milliards $US.
  • La perte de revenu au niveau mondial pour une année scolaire non subventionnée se traduit par 7 % à 10 % du PIB par habitant.
  • Dans la société, chaque année scolaire diminue de 20 % le risque de participation d’un jeune à un conflit violent.

Environ 70 % des enfants non scolarisés dans le monde vivent dans des pays en développement partenaires du PME, et nous estimons que le financement nécessaire pour fournir à ces enfants une éducation de qualité est de 34 milliards $US entre 2015 et 2018. Ce financement ne servirait qu’à maintenir la lente croissance du taux d'achèvement du cycle primaire dont nous sommes témoins depuis quelques années. Il faudrait davantage d’efforts et d’argent pour parvenir à scolariser chaque enfant.

Que devons-nous faire de plus ?

Lors de notre conférence de reconstitution des ressources en juin dernier, les pays en développement partenaires du PME se sont engagés à investir collectivement 26 milliards $US grâce à l'augmentation de leur budget intérieur destiné à l'éducation. C'est une annonce extraordinaire sans précédent de la part de ces pays, qui confirme que ceux-ci sont prêts à investir bien davantage dans leur propre système éducatif.

Par ailleurs, les pays partenaires bailleurs du GPE, dont deux fondations privées, se sont engagés à verser plus de 2,1 milliards $US au Fonds du Partenariat mondial. Récemment, la République de Corée a intégré le Partenariat en tant que pays bailleur, avec un engagement financier de 5 millions $US. Nous espérons accueillir de nouveaux partenaires dans les prochains mois.

Nous avons là l'opportunité de mettre sur la table des solutions de financement ambitieuses et de mobiliser la communauté internationale dans cet investissement. C'est pourquoi le processus de financement du développement durable est si important à nos yeux.

Il nous faut garantir, au sein du cadre de développement post-2015, des cibles de financement claires tant en termes de ressources intérieures que d'aides extérieures. Il importe également d’assurer un financement de l'éducation suffisant pour les situations d'urgence et pour les pays fragiles et touchés par les conflits.

Trois éléments sont donc dorénavant à prendre en considération :

  1. Les pays doivent consacrer 6 % de leur PIB ou au moins 20 % de leurs dépenses publiques à l'éducation, en ayant pour priorité les enfants les plus nécessiteux. Les pays bailleurs doivent également renforcer leur coopération financière en matière d'éducation, en ayant pour priorité les enfants les plus nécessiteux. Nombreux sont les pays partenaires qui ont déjà entrepris ces actions./li>
  2. Les leaders du monde entier doivent garantir une augmentation du financement pour l'éducation en cas d'urgence, puisque près de la moitié des enfants non scolarisés vivent dans des pays fragiles et touchés par les conflits et constituent la population pour qui l'aide s’avère la plus difficile. Quelques bailleurs prévoient déjà de consacrer environ 4 % de toute leur aide humanitaire à l'éducation. Nous aimerions voir davantage de bailleurs se joindre à cet effort.
  3. En juillet prochain, lorsque les leaders du monde se réuniront en Éthiopie pour la Conférence sur le financement du développement durable, nous voulons voir émerger un large soutien pour un ambitieux plan d'investissement dans les secteurs sociaux et pour la garantie que le service et bien public que constitue l'éducation est accessible à tous.

Au cours du sommet WISE, j'encouragerai chaque participant à se saisir de cette ambition, à nous soutenir dans nos efforts pour réunir des fonds suffisants afin de renforcer l'élan sur la voie de l'éducation primaire universelle accessible à chaque enfant.

Il s'agit là d'un objectif ambitieux que le monde ne peut pas se permettre de ne pas réaliser.

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