À l'est du Sénégal, dans la région de Tambacounda, la communauté Bala est l'une des plus défavorisées du pays. Ici, les femmes n'ont généralement pas leur mot à dire dans la gestion du budget des services publics tels que l'éducation. De plus, elles n’ont pas toujours connaissance de leurs droits.

« À Bala, comme dans de nombreuses communautés ici, la place des femmes a toujours été à la maison, où elles sont censées rester et avoir comme seule responsabilité d’élever les enfants », explique El Hadji Moussa Sarr, chargé de projet pour TaxEd Alliance à Action Aid Sénégal.

Le changement par l'apprentissage

Certaines femmes dans la communauté ont commencé à remettre en question le système de fonctionnement des services publics et ont voulu comprendre comment les choses étaient censées fonctionner.

Après avoir rencontré ces femmes, l'équipe de TaxEd Alliance au Sénégal (Action Aid Sénégal) a offert à 80 d’entre elles trois jours de formation intensive sur les droits, les processus politiques, la planification et l'allocation budgétaires, ainsi que des conseils concrets sur la manière d’accéder à des connaissances et d'exercer une influence sur la marche des choses.

Les sessions de formation ont été réalisées dans leur dialecte local et adaptées au niveau de celles ayant peu ou pas d'éducation.

L'une des femmes du groupe était Mariatta Diarra, 62 ans. Elle n’était jamais allée à l'école. Malgré son analphabétisme, Mariatta était déterminée à apprendre à comprendre les processus de gouvernance et de responsabilité.

Devenir leader dans la communauté

En 2021, grâce au soutien de l’Éducation à voix haute et dans le cadre de l'Alliance TaxEd, Action Aid Sénégal a ajouté un projet axé sur le leadership féminin dans les communautés.

Mariatta et d'autres femmes ont reçu une formation complémentaire sur des sujets tels que le financement de l'éducation, le suivi budgétaire, la mobilisation des ressources et le contrôle citoyen de l’action publique.

« Mais la connaissance seule ne suffit pas. Dans le cadre de notre stratégie visant à défendre les femmes et les filles et à amplifier leur voix, nous les avons encouragées à participer activement au développement de leur communauté », ajoute El Hadji Moussa Sarr. « Nous étions heureux de voir que certaines femmes ont commencé à assister aux réunions municipales. Et ce n'était que la première étape pour plusieurs d'entre elles. »

Transformer les connaissances en influence

Lorsque Mariatta s'est rendue compte que les réunions municipales étaient publiques, elle a décidé d'y prendre part. Cependant, il lui était difficile d'exprimer ses opinions.

Malgré sa formation approfondie, Mariatta avait beaucoup de mal à suivre les discussions lors des réunions. Elle a eu l'impression que les membres du conseil municipale compliquaient délibérément les choses pour la décourager de participer.

En même temps, il était d'usage que tous les matériaux et documents utilisés par la municipalité soient en français uniquement et donc inaccessibles à Mariatta et aux autres femmes peu instruites.

La récompense d'un engagement constant

Face à ces obstacles, Mariatta a ramené les documents chez elle et a demandé à son petit-fils de les lire et de les traduire pour elle. Elle a ensuite pris une décision éclairée et l'a exprimée lors de la réunion suivante. Dans le même temps, elle a plaidé pour que la municipalité utilise plutôt le dialecte national.

La nécessité de rendre les réunions plus inclusives a rapidement été reconnue et le conseil a changé ses façons de faire pour permettre à davantage de citoyens de suivre et d'influencer leur travail. Mariatta est depuis allée plus loin qu'elle ne l'avait jamais imaginé.

En 2021, elle avait déjà suffisamment fait ses preuves et a été élue au conseil municipal. Elle a par la suite été nommée adjointe au maire de la commune de Bala et membre du comité de gestion de l’école.

Elle continue de contribuer et de créer des changements positifs.

Ce blog a été rédigé à partir de cet article publié sur le site de l’Éducation à voix haute.