Comment accélérer les progrès vers l’égalité des genres selon les jeunes ?

Trois jeunes leaders du GPE s'expriment sur les actions concrètes que nous pouvons mener pour atteindre l'égalité des genres en matière d'éducation.

08 mars 2022 par Secrétariat du GPE
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Lecture : 6 minutes
Une élève de CP à l'école Shree Krishna Ratna à Chautara, dans le quartier 5 du district de Sindhupalchowk au Népal
Une élève de CP à l'école Shree Krishna Ratna à Chautara, dans le quartier 5 du district de Sindhupalchowk au Népal.
Credit: GPE/Kelley Lynch

À l'occasion de la Journée internationale des femmes, nous avons interviewé trois jeunes leaders du GPE en première ligne du combat pour l'égalité des genres dans et par l'éducation.

Cynthia Nyongesa

Cynthia Nyongesa

Cynthia Nyongesa est avocate et jeune leader du GPE depuis le Kenya. Elle est passionnée par les droits de l'enfant et se sert de la communication comme outil de plaidoyer. Elle utilise ses plateformes pour amplifier les récits des jeunes qui font bouger les choses en Afrique.

Diana Ayala

Diana Ayala

Diana Ayala est une jeune leader du GPE originaire du Honduras. Elle travaille avec le groupe de jeunes du Conseil pour l'éducation des adultes d'Amérique latine (CEAAL) au Honduras, le Foro Dakar Honduras, la Campagne latino-américaine pour le droit à l'éducation (CLADE) et la Coalition mondiale pour l'éducation (CME).

Shradha Koirala

Shradha Koirala

Shradha Koirala est une jeune leader du GPE originaire du Népal. Elle travaille comme coordinatrice principale de programme à la Campagne nationale pour l’éducation au Népal (NCE Nepal), où elle milite pour garantir le droit à l'éducation de tous les enfants.

1. Pouvez-vous nous parler des principaux obstacles à l'égalité des genres dans le contexte de votre pays ?

Cynthia Nyongesa
« Au Kenya, où la société considère les filles comme de simples gardiennes du foyer, les jeunes filles souffrent de la tradition du mariage précoce, qui est à la fois une cause et une conséquence de l'inégalité des genres. Souvent, elles sont considérées comme une charge financière si elles restent à la maison, et comme un atout économique si elles sont mariées tôt. Elles ont donc peu de chances de terminer leur scolarité et d'entrer dans la vie active pour améliorer leurs conditions de vie. »
Cynthia
Diana Ayala Escobar
« Cette année, mon travail se concentre sur le plaidoyer pour que les filles en situation de handicap et des zones rurales puissent terminer 12 années de scolarité, l'un des plus grands problèmes en matière d'égalité des genres ici au Honduras. Nous sommes confrontés à un scénario où il est difficile que les filles puissent s’instruire tout au long de leur vie. »
Diana
Shradha Koirala
« Nous avons la preuve que malgré les progrès réalisés depuis des années en matière de participation des filles et des femmes au parlement et à la vie active, l’écart est toujours énorme en matière l’égalité des genres dans le système éducatif. Les filles des communautés marginalisées et rurales luttent pour voir accès à l’éducation en raison de la pauvreté, des normes sociales et des mariages précoces, entre autres. Et même si elles y ont accès, elles sont confrontées à des difficultés sur le marché du travail et dans la poursuite de leurs études ou dans la recherche d’un emploi après leur mariage. »
Shradha

2. Selon vous, quel changement de politique est nécessaire pour accélérer la progression vers l'égalité des genres dans l'éducation dans votre pays ?

Diana Ayala Escobar
« Le Honduras dispose d'un plan sectoriel de l'éducation qui doit être révisé pour s'assurer que les besoins de l'ensemble du secteur sont pris en considération. Nous avons besoin d'une politique qui permette une éducation sexuelle complète dans les écoles publiques et qui ne laisse pas de côté les filles qui connaissent des grossesses précoces. Nous avons également besoin d'une approche plus inclusive qui tienne compte des zones rurales et qui permette de construire davantage d'écoles pour que tous les enfants puissent y aller. Nous avons besoin d'une politique qui montre l'importance du respect des droits humains, de la diversité de toutes les croyances et de la liberté d'expression. »
Diana
Shradha Koirala
« Il est important de s'assurer que les filles aient accès à l’éducation, mais il faut œuvrer davantage pour parvenir à une véritable égalité des genres. Même lorsqu’elles y ont accès, les processus et les matériels d’apprentissage sexistes ainsi que les installations sanitaires inadéquates les incitent à renoncer à s’instruire. De nombreuses filles de ma communauté quittent l'école à cause du harcèlement des enseignants et des camarades. Garantir l'égalité des genres au sein des écoles et des systèmes éducatifs exige un investissement considérable en temps, en argent, en connaissances et en compétences, ainsi qu'un dialogue soutenu. Ce doit être considérée comme un investissement à long terme et appuyé par les politiques et les plans du gouvernement. Une action isolée ne peut apporter le changement nécessaire. »
Shradha
Cynthia Nyongesa
« La culture joue un rôle important dans la prévalence des mutilations génitales féminines (MGF). Il faudrait engager des enseignants et des médecins ne pratiquant pas les MGF pour sensibiliser les autres communautés et les élèves au danger de cette pratique. Il est également important d'utiliser les données existantes sur les enfants non scolarisés pour développer des stratégies de retour à l'école. L'identification et l'atténuation des risques auxquels les filles sont confrontées, tels que les problèmes économiques, les normes sociales, les grossesses précoces, le manque d'eau et d'installations sanitaires, pourraient permettre à davantage de filles d'aller à l'école et de s'épanouir. Encourager la discrimination positive et les aménagements raisonnables pour les filles en situation de handicap pourrait également leur permettre de rester à l'école et de réussir. »
Cynthia
Une élève tenant des manuels scolaires à la sortie de son école, l’école primaire de Nyeri dans le comté de Nyeri au Kenya. Avril 2017. Crédit : GPE/Kelley Lynch
Une élève tenant des manuels scolaires à la sortie de son école, l’école primaire de Nyeri dans le comté de Nyeri au Kenya. Avril 2017.
Credit:
GPE/Kelley Lynch

3. Quel est, selon vous, le rôle du GPE dans le renforcement de l'égalité des genres dans les pays partenaires ?

Shradha Koirala
« Le GPE soutient l’atteinte de l'égalité des genres dans et par l'éducation en assurant le financement, et en veillant à l'efficacité et à la qualité de l'éducation. Les changements systémiques sont difficiles et nécessitent des dialogues et un engagement durables et continus. Le GPE a soutenu le Népal en matière de planification et de budgétisation favorable à l’égalité des genres. Le Népal ayant recensé le genre comme un domaine prioritaire lors du pilotage du nouveau modèle opérationnel du GPE, le GPE soutient les indicateurs liés au genre et à l'équité du plan sectoriel de l’éducation du pays. Cela aidera à centrer les questions de genre et d'équité dans le nouveau plan sectoriel de l'éducation ainsi que dans les plans et les politiques de l’éducation au niveau local et provincial. »
Shradha
Cynthia Nyongesa
« Le secteur privé dispose d'une grande expertise, de ressources et de réseaux qui peuvent être mis à profit pour s'attaquer à certains des problèmes les plus urgents auxquels sont confrontés les systèmes éducatifs des pays à faible revenu. Il est donc important de les faire participer aux dialogues et de travailler avec eux en tant que partenaires. Le GPE coordonne des partenariats public-privé tels que le Programme de sensibilisation à l'éducation des filles (Programme Séfi) et apporte également des contributions du secteur privé et des fondations à l'éducation des filles par le biais de l'Accélérateur de l’éducation des filles. Ces initiatives permettent aux partenaires du secteur privé de soutenir les travaux visant à éradiquer les principaux problèmes d'égalité des genres. »
Cynthia
Diana Ayala Escobar
« Au Honduras, le GPE a contribué à l'élaboration d'un plan sectoriel de l'éducation (PESE 2018-2030) qui est la seule politique nationale d'éducation orientant les actions de l'ensemble du secteur de l'éducation. Le GPE soutient également le plaidoyer de la société civile sur le respect des engagements du gouvernement en matière d'éducation. L’Éducation à voix haute, le fonds du GPE destiné à appuyer les organisations de la société civile, soutient le Foro Dakar Honduras pour qu'il s'engage dans des mécanismes de dialogues sur les politiques nationales et régionales de l'éducation et promeuve l'égalité des genres dans tout le secteur de l'éducation. Le GPE a donc réellement aidé les parties prenantes au Honduras à mener un dialogue politique plus large sur la transformation des systèmes et à identifier les réformes politiques permettant de remédier à leurs insuffisances. »
Diana

4. Si vous pouviez demander ce que vous voulez aux partenaires de l'éducation, qu’est-ce que ce serait ?

Cynthia Nyongesa
« Parce que l'avenir du travail exige des apprenants dotés d’une culture numérique, les écoles doivent être connectées à Internet. Pour préparer et dispenser les cours, les enseignants doivent avoir les compétences nécessaires pour se servir des ordinateurs. Les enfants pourront acquérir des compétences en matière de recherche plus tôt s'ils ont accès à Internet. Pour les filles, ce pourrait être l'occasion de s'informer sur les obstacles à l'apprentissage et sur la manière de recevoir un soutien si elles sont confrontées à l'une de ces difficultés, tel que pouvoir contacter les lignes d'assistance téléphonique pour enfants en cas d'agression. Cela peut se faire grâce à une collaboration entre le gouvernement et le secteur privé par le biais des entreprises de télécommunications. »
Cynthia
Diana Ayala Escobar
« Les gouvernements, la société civile et les bailleurs de fonds devraient établir le dialogue entre les décideurs des différentes régions, afin de partager les bonnes expériences et les meilleures pratiques du monde entier et de souligner l'importance d'intégrer l'égalité des genres dans l'éducation pour accélérer le développement durable. Je pense que les partenaires devraient établir un dialogue pour réellement défendre l'égalité des genres et amplifier les progrès notables qui ont été réalisés grâce à l'intégration de l'égalité des genres. Il est essentiel de changer le discours et de considérer le soutien aux initiatives en faveur de l'égalité des genres comme un investissement plutôt que comme une dépense. »
Diana
Shradha Koirala
« Les engagements politiques en faveur de l'éducation des filles et de l'égalité des genres dans l'éducation ne manquent pas au Népal. Cependant, le problème majeur consiste en la mise en œuvre de ces politiques. Les partenaires de l'éducation devraient accompagner leurs dialogues et leurs discussions d'une collaboration intersectorielle. Comme nous l’a fait comprendre la pandémie de COVID-19, les mouvements autonomes de défense de l'éducation ou de la justice pour les femmes ne suffiront pas s'ils ne sont pas liés à toutes les dimensions des objectifs de développement durable. Pour cela, les partenaires de l'éducation doivent diversifier leurs campagnes avec des ensembles d'interventions intersectorielles en faveur de l'égalité des genres qui soutiennent le développement de systèmes éducatifs intégrant la notion de genre. »
Shradha

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