Le Kenya tente l’apprentissage de la langue des signes pour tous les enfants
Il y a six ans, le gouvernement kenyan a entrepris une révision générale de ses programmes d'éducation de base. Le ministère de l'Éducation a travaillé avec des groupes de la société civile et des ONG afin de s'assurer de l'adaptation du nouveau programme aux besoins des élèves handicapés.
13 juillet 2017 par Richard Mativu, Deaf Child Worldwide
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Lecture : 7 minutes
Des enfants sourds de l'école Baba Dogo au Kenya, récitant de la poésie. Crédit: Deaf Child Worldwide
Des enfants sourds de l'école Baba Dogo au Kenya, récitant de la poésie.

Maureen Aoko enseigne la langue des signes aux enfants sourds qui vont à l'école primaire de Baba Dogo, un établissement informel à environ neuf kilomètres au nord-est de Nairobi.

L'apprentissage de la langue des signes est vital pour ces enfants. Cela leur permet de communiquer entre eux, d'avoir accès à l'éducation et d'avoir au moins une chance d’intégrer le marché du travail lorsqu'ils quitteront l'école.

Mais à Baba Dogo, des problèmes subsistent. Avec plus de 2 000 enfants à l'école, seule une petite minorité apprend la langue des signes. Le reste des enfants entendant de l'école n’en ont pas la possibilité. Cela signifie que même avec des compétences linguistiques essentielles, les enfants sourds à Baba Dogo peuvent être coupés et isolés de l’ensemble de la société.

Intervention du gouvernement Kenyan

Il y a six ans, le gouvernement kenyan a entrepris une révision générale de ses programmes d'éducation de base. Le ministère de l'Éducation a travaillé avec des groupes de la société civile et des ONG - dont Deaf Child Worldwide et VSO – dans le but de veiller à ce que l'examen s’attache à adapter le nouveau programme aux besoins des élèves handicapés.

Il en a résulté un extraordinaire engagement à intégrer la langue de signes kenyane (KSL) comme faisant partie du programme pour tous les élèves, qu'ils soient sourds ou pas.

Le gouvernement kenyan va piloter ce nouveau programme dans 470 écoles dans toutes les régions du Kenya. Au cours de ce projet pilote d’une période de 3 mois, de nombreuses écoles commenceront à introduire des leçons de KSL aux élèves sourds et aux élèves qui entendent. C'est la première étape vers une plus grande inclusion pour la communauté malentendante au Kenya.

Si ce projet-pilote réussit, il faudra élaborer des plans pour voir la manière dont toutes les écoles pourront dispenser l’enseignement du KSL et la manière dont les élèves pourront passer des examens en langue des signes, et pas seulement en anglais et en swahili.

Élimination des obstacles

L'enseignement de la langue des signes à tous les enfants, aussi bien aux enfants sourds et aux enfants entendant, est un véritable bond en avant, d'autant plus que le KSL a été reconnu par le gouvernement il y a seulement six ans. En tant que personne sourde, je pense que c'est une réussite fantastique car cela reconnaît le principe d'inclusion pour tous.

Il est basé sur l'adaptation du système afin d’éliminer les obstacles rencontrés par les enfants sourds, au lieu d’attendre que les enfants sourds s'adaptent en permanence à un monde qui entend. Au Kenya, par exemple, il est impossible pour la grande majorité des familles à faible revenu d'obtenir et de maintenir des aides auditives de bonne qualité pour leurs enfants sourds. Ainsi une connaissance généralisée de la langue des signes même la plus basique sera transformatrice pour beaucoup.

Avec plus d'une personne handicapée sur sept chez les enfants et les jeunes au Kenya, on espère que ces réformes contribueront à rendre l'éducation plus accessible aux 16 % des enfants handicapés du Kenya qui ne sont actuellement pas scolarisés.

 Maureen Aoko

Maureen Aoko.

Crédit photo: Deaf Child Worldwide

Maureen Aoko, qui est sourde, m'a dit qu'elle pensait que les enfants trouvent qu'il est facile d'apprendre le KSL. Nombre d’enfants qui entendent aiment la langue des signes. Et ma propre expérience montre que la plupart des enfants veulent apprendre à signer lorsqu’ils voient des enfants sourds communiquer en langue des signes.

Poésie en mouvement

Baba Dogo a maintenant un club de langue des signes à l'école, avec 24 enfants entendant et 20 enfants sourds. Lorsque j’y suis allé, des enfants qui entendent ont présenté un poème en langue des signes et ont déclaré qu’ils voulaient, à l’avenir, aider à interpréter la langue des signes à l'église et sur ce qui est diffusé à la télévision pour que leurs amis sourds puissent se sentir davantage inclus.

Beaucoup d'élèves de l'école ont également déclaré s’être faits amis avec des enfants sourds pour la première fois et souhaitent continuer à les soutenir autant qu’ils le peuvent. Il s'agit d'un grand pas vers une meilleure inclusion car les membres non-sourds du club de langue des signes comblent désormais l'écart de communication dans la cours de recréation et rompent l'isolement tellement répandu dans la communauté malentendante.

Un besoin accru d’enseignants de KSL

L'Institut d’élaboration des programmes scolaires du Kenya a mis au point plusieurs livres destinés à enseigner la langue des signes dans les écoles, et de nombreux enseignants ont désormais suivi une formation en langue des signes.

Mais, le défi pour l'avenir sera de veiller à ce que suffisamment d'enseignants soient formés à un niveau suffisamment élevé pour dispenser des leçons en langue de signes de bonne qualité.

Un autre défi se tient dans le vocabulaire limité du KSL, c’est pourquoi le gouvernement doit œuvrer pour le renforcement de la langue.

Mais à Baba Dogo, les bienfaits sont déjà visibles. Les enfants sourds se sentent plus inclus et plus impliqués. Les étudiants sourds sont fiers de pouvoir signer et nous avons hâte de voir les développements futurs, tels que le fonctionnement des examens en langue des signes. Ces réformes constituent non seulement une avancée majeure pour le programme des droits des personnes handicapées, mais aussi la perspective d’un avenir meilleur pour les enfants sourds dans l’ensemble du Kenya.

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