Le rôle des enseignants africains
Réflexions sur les engagements en matière d'éducation à l'échelle mondiale et régionale, et sur la meilleure façon de positionner les pays africains, afin de développer des partenariats significatifs qui améliorent la réalisation des objectifs de développement identifiés.
05 octobre 2017 par Michael Tusiime Rwibasira, ADEA, et Gertrude Bvindi, ADEA’s Working Group on Education Management and Policy Support
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Lecture : 10 minutes
Duria Balla, enseignante, contrôle et corrige le travail de ses élèves au Soudan. Crédit: GPE/ Kelley Lynch
Duria Balla, enseignante, contrôle et corrige le travail de ses élèves au Soudan.

Ceci est le 13e billet d’une série de collaborations entre le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) et l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA).

Depuis 1994, la Journée internationale des enseignants a lieu chaque année le 5 octobre en honneur de l’anniversaire de la ratification de la Recommandation OIT/UNESCO de 1966 concernant la condition du personnel enseignant, principal cadre de référence en matière de droits et de responsabilités des enseignants au niveau mondial.

L’édition 2017 de la Journée internationale des enseignants célébrera également le 20ème anniversaire de la Recommandation de l’UNESCO de 1997 concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur avec le thème « Enseigner en liberté, autonomiser les enseignants… ». Un thème on ne peut plus adapté !

Le rôle vital des enseignants

Les enseignants jouent un rôle vital dans les progrès vers une éducation de qualité et constituent ainsi un ingrédient crucial pour un développement adapté et inclusif. Tandis que le monde célèbre la Journée des enseignants, le Pôle de Qualité inter-pays sur l’enseignement et l’apprentissage de l’ADEA (PQIP-EA) réfléchit aux engagements mondiaux et régionaux en matière d’éducation et sur la façon de positionner au mieux les pays africains pour développer partenariats et associations pertinents en vue d’améliorer la réalisation des cibles de développement identifiées.

L’Objectif de développement durable 4 (ODD 4), et tout particulièrement la cible 4.c, mentionne la nécessité d’un accroissement considérable du « nombre d’enseignants qualifiés, notamment au moyen de la coopération internationale pour la formation d’enseignants dans les pays en développement, surtout dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement » d’ici 2030.

L’atelier conjoint de formation des formateurs en évaluation

Dans le contexte de la cible mentionnée ci-dessus, des individus et associations s'efforcent de développer des politiques et pratiques éducatives visant l'autonomisation des enseignants grâce aux compétences requises. L’une d’elle est l’Association pour le Développement de l’Éducation en Afrique (ADEA) avec son Pôle de Qualité inter-pays sur l’enseignement et l’apprentissage (PQIP-EA), soutenu par le Groupe de travail de l’ADEA sur la Gestion de l’Éducation et l’Appui aux politiques (WGEMPS).

Le PQIP-EA de l’ADEA hébergé et dirigé par le Rwanda, entreprend actuellement un ensemble d’activités visant l’autonomisation des enseignants grâce aux compétences dont ceux-ci ont besoin pour améliorer les résultats de l’apprentissage dans des conditions sectorielles complexes et en constante évolution associées à des évolutions technologiques mondiales coûteuses.

L’atelier conjoint de formation des formateurs en évaluation qui a eu lieu du 25 au 29 septembre à Kigali est une des activités stratégiques récentes sur la formation aux évaluations menées sur le continent africain.

Le principal objectif de l’atelier était de former des responsables des évaluations sur les évaluations en continu, la psychométrie dans les évaluations, ainsi que sur les programmes scolaires basés sur les compétences. On constate aisément combien cela correspond au thème de la Journée internationale des enseignants 2017.

L'atelier a impliqué sept pays (le Botswana, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, le Sénégal, la Zambie et le Zimbabwe) et plus de 50 participants, notamment des formateurs d’enseignants, des responsables des évaluations et des organisations de la société civile. Cette formation des formateurs est axée, directement et indirectement, sur les éléments des évaluations qui contribuent à l’autonomisation des enseignants dans leurs efforts d’amélioration des résultats de l’apprentissage, au niveau de la salle de classe et au-delà.

Les principaux objectifs du PQIP-EA

Si le PQIP-EA est un centre pour tous les pays champions de l’enseignement et de l’apprentissage dont la visée est d’améliorer les systèmes d’enseignement et d’apprentissage en Afrique, son objectif global est de soutenir le Ministère de l’Éducation du Rwanda à prendre l’initiative en matière de développement et de mise en œuvre de politiques et de stratégies dans cette région du continent. Pour atteindre cet objectif, le PQIP-EA a les ambitions suivantes :

  • Traiter la question de la qualité des enseignants en menant des recherches et en proposant des solutions favorisant l’autonomisation de ces derniers.
  • Promouvoir l’intégration des TIC dans l’enseignement et l’apprentissage en soutenant le travail de terrain des pays champions.
  • Promouvoir des approches adaptées d’évaluation des élèves, tels que le Cadre d’évaluation des systèmes d’évaluation des apprentissages (LASEF) pour garantir un enseignement de qualité.
  • Recueillir des informations sur les expériences éducatives innovantes en Afrique, et travailler avec un groupe de pays de la région à l’application de ces méthodes en tenant compte de leur contexte national.

Comment attirer, recruter et former les bons enseignants en Afrique ?

Le PQIP-EA cherche actuellement à contribuer à l’amélioration de la profession d’enseignant en menant une étude comparative sur les motivations et incitations des enseignants du secondaire, financée par la Fondation MasterCard. Cette étude ciblera à la fois les enseignants hommes et femmes dans un groupe sélectionné d'établissements secondaires au Kenya, au Rwanda et au Sénégal, et tiendra compte des conditions économiques (urbaines/rurales) et linguistiques (français/anglais).

L’étude cible également les enseignants, les organisations d'enseignants, les élèves, les parents, la société civile, le secteur privé et les Ministères de l’Éducation. Il est envisagé que l’étude puisse réunir et synthétiser les informations sur comment attirer, recruter et former les bonnes personnes pour devenir enseignants en Afrique, sur leur déploiement effectif et efficace et sur les types d’incitations monétaires et non monétaires, au niveau individuel comme institutionnel, qui pourront améliorer leur statut dans la société. 

L’étude reconnaît que le taux de défections est un phénomène récurrent dans chacun des pays cibles, qui a de graves conséquences sur les acquis scolaires des élèves. La réussite de cette étude fournira des constats complets et bien recoupés sur les facteurs de motivation des enseignants qui sont spécifiques au pays, ainsi que des recommandations et stratégies réalistes dans le but d’améliorer la profession d’enseignant et les acquis scolaires grâce à la motivation des enseignants.

Des difficultés demeurent

Malgré les efforts considérables faits pour autonomiser les enseignants en faveur d'une éducation de qualité, des difficultés demeurent quant à la réalisation globale de cet objectif. Tandis que l’Afrique embrasse des politiques visant sa transformation, le continent continue d’afficher des taux de diplômés possédant des compétences non requises sur le marché du travail ; des millions de diplômés qui ont acquis des savoirs, mais sont dans l'incapacité de relever les défis économiques, sociaux et technologiques auxquels est confronté le continent. D’ailleurs, ces diplômés ne trouvent pas d’emploi valable.

L’Afrique doit donc se poser franchement les questions suivantes : Dans quelle mesure les enseignants sont-ils autonomes pour remplir leurs obligations d’enseignant ? Nos pratiques d’évaluation des apprentissages sont-elles adaptées pour mesurer les compétences requises sur le marché du travail ?

Il est vital de se demander si la situation est un reflet de nos systèmes d'enseignement et d'évaluation dépassés et quelles sont les pratiques pédagogiques et d'apprentissage que nous pouvons adapter.

Ces questions doivent nous conduire à la recherche de solutions en faveur d’un développement économique durable et équitable. Le fait que l’ADEA reconnaisse la véracité de la déclaration de Nelson Mandela selon laquelle « l’éducation est l’arme la plus puissante dont on dispose pour changer le monde » soutient la motivation de l'organisation en faveur d’une éducation et d’une formation de haute qualité en Afrique. Enfin, le PQIP-EA rend hommage aux enseignants qui ont grandement contribué à améliorer les communautés, et il saisit cette occasion pour souhaiter à chaque enseignant une heureuse Journée internationale des enseignants.

Rappel : Si vous lisez ce blog, merci d’ajouter un commentaire de remerciement à un enseignant !

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