Les ménages : principaux bailleurs de fonds de l'éducation dans le monde
Les nouvelles données publiées par l’Institut de Statistique de l’UNESCO (ISU) montrent que, même les données publiques les plus fiables en matière de dépenses de l’éducation font l’impasse sur une composante essentielle du financement : l’argent dépensé par les ménages pour l’éducation de leurs enfants
02 juin 2017 par Friedrich Huebler, UNESCO Institute for Statistics, et Elise Legault, UNESCO Institute for Statistics
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Lecture : 8 minutes
Les ménages sont des contributeurs principaux du financement de l'éducation - Infographie. Crédit: Institut de Statistiques de l'UNESCO
Dans les pays disposant de données, les dépenses des ménages pour l'éducation de leurs enfants restent élevées. Ceci est alarmant, compte tenu de l'Objectif de développement durable 4 (ODD 4), qui est de fournir une éducation primaire et secondaire gratuite à tous.

Nous en savons trop peu sur le financement de l'éducation : d’où vient l’argent de l’éducation, où va-t-il et est-il dépensé efficacement ? S’appuyant sur la publication ce jour de nouvelles données majeures, l’Institut de Statistique de l’UNESCO (ISU) montre que même les données publiques les plus saines en matière de dépenses de l’éducation font l’impasse sur une composante essentielle du financement : l’argent dépensé par les ménages pour l’éducation de leurs enfants.

Les données publiées par l’ISU couvre tous les niveaux d’éducation des pays du monde et comprend les indicateurs mondiaux et thématiques utilisés dans le suivi de l'ODD 4. Elle inclut également de nouveaux indicateurs de l’ISU relatifs aux dépenses des ménages en matière d’éducation, confirmant que le monde est encore bien loin d’offrir une éducation de base gratuite.

Dressant l’inventaire des dépenses des ménages par élève pour les cycles primaire, secondaire et supérieur, ces données couvrent non seulement les principaux coûts de l’éducation, c’est-à-dire les frais d'inscription, les manuels scolaires et autres fournitures matérielles, mais aussi le coût des uniformes et autres dépenses cachées. Ces coûts semblent ainsi entraver le droit à l'éducation de base des enfants et des jeunes les plus défavorisés.

Les dépenses engagées par les familles pour l’enseignement primaire sont élevées et le sont encore davantage au cycle secondaire

Dans les pays où les données sont disponibles, les dépenses engagées par les parents demeurent élevées même au cycle primaire. Ceci est alarmant, compte tenu de l’Objectif de développement durable 4 (ODD 4) d’offrir à tous un enseignement primaire et secondaire gratuit. Au Ghana, les ménages dépensent chaque année près de 87 $ par enfant scolarisé en primaire, ce chiffre allant jusqu’à 151 $ en Côte d’Ivoire et 680 $ au Salvador.[1]

Si la pression financière sur les familles signifie que les enfants ne sont pas scolarisés ou décrochent avant d'achever leur cycle d'enseignement, leurs perspectives sont définitivement compromises, de même que les possibilités de réaliser l'ODD 4. Les dépenses des ménages augmentent souvent de façon importante lorsque les élèves atteignent le cycle secondaire. Pour ce cycle, les dépenses des ménages par élève atteignent 228 $ par an au Ghana et 637 $ en Côte d’Ivoire, ce coût étant, dans ce dernier pays, quatre fois supérieur au coût du cycle primaire. Au Bénin, les ménages dépensent en fait davantage d’argent par élève au cycle secondaire (402 $) que l’État (259 $).

Les ménages des pays en développement dépensent davantage pour l'éducation de leurs enfants que dans les pays développés

Les données de l’ISU confirment que les ménages de nombreux pays en développement dépensent pour l’éducation une part bien plus grande de leur PIB moyen par habitant que ceux des pays développés. Si cela démontre leur profonde implication dans l’éducation de leurs enfants, il est également préoccupant pour les perspectives de réalisation de l’objectif mondial en matière d'éducation de constater qu'un tel fardeau financier repose sur les familles. Par exemple, les dépenses des ménages pour l’enseignement secondaire atteignent entre 20 et 25 % du PIB moyen par habitant au Bénin, au Tchad, en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Niger, et plus de 30 % au Togo. À l’inverse, dans presque la totalité des pays riches, cette part n’excède pas 5 %.

Pour produire ces nouveaux indicateurs, l’ISU a complété les données relatives aux dépenses des ménages telles que soumises par les pays lors de l'Enquête annuelle de l’ISU sur l’éducation par des données issues des enquêtes auprès des ménages exploitées par l’IIPE-Pôle de Dakar dans le contexte des Rapports d’État du système éducatif national (CSR/RESEN) pour 14 pays de l’Afrique subsaharienne. Quelques études supplémentaires disponibles dans le Catalogue de micro-données de la Banque mondiale ont été également directement traitées par l’ISU, d’autres données étant à paraître lors de la prochaine publication de données. Au total, le nouvel indicateur « financement initial des ménages par élève » est désormais disponible pour au moins une année et un niveau d’études pour plus de 80 pays.

L’ISU prépare également un nouveau document, qui met en lumière la façon dont sont recueillies les données relatives aux dépenses en matière d’éducation dans les enquêtes auprès des ménages et explique pourquoi les comparaisons entre pays peuvent s'avérer difficiles. Les conclusions seront appliquées par l’ISU, la Banque mondiale et d’autres partenaires pour développer des directives plus complètes en matière d'analyse des données, ainsi que pour la conception de modules de dépenses relatives à l'éducation dans les enquêtes auprès des ménages.

La publication de nouvelles données sur les dépenses des ménages est un complément précieux aux données déjà produites par l'ISU sur les dépenses publiques et constitue une grande avancée pour la production d'indicateurs permettant le suivi des progrès pour la réalisation de l’ODD 4. La prochaine étape consistera à analyser et diffuser les données sur les sources internationales de financement, afin de dresser un tableau complet du financement de l’éducation.

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Explorez les nouvelles données ! Conformément à l’engagement de l’ISU envers l’open data, l’Institut a augmenté la quantité de données disponibles au moyen de son API (interface de programmation). Les utilisateurs peuvent à présent télécharger plus de 3 785 indicateurs et données à partir de 1970. Le Centre de données de l’ISU comprend également des moyennes régionales et de nouveaux indicateurs relatifs à tout un ensemble de questions, telles que l'éducation préscolaire et des jeunes enfants, la parité entre les sexes et les dépenses relatives à l’éducation.

 

[1] Les montants des dépenses sont rapportés en dollars internationaux (parité de pouvoir d’achat, PPA), calculés en ajustant les taux de change conformément aux niveaux de prix nationaux. Un dollar international permet l’achat d’une quantité de biens et services dans un pays donné au même titre qu’un dollar US aux États-Unis (https://datahelpdesk.worldbank.org/knowledgebase/articles/114944-what-is-an-international-dollar).

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Commentaires

Il est tout à fait vrai que la gratuité de l'école prôné par l'État togolais au cours primaire n'est qu'une approche de solution face aux énormes difficultés que connaît le système educatif au Togo.Le faible pouvoir d'achat des foyers ne permet pas aux jeunes de vivre une éducation d'épanouissement. Et ceci entraine de graves conséquences qui impactent directement le social. Soucieux de ces défis educatifs, nous,un groupe d'enseignants togolais, sommes présentement en train de poser des pas aupres de l'État togolais pour asseoir une association dénommée Tremplin de l'Education Classique (TEC) qui a pour but de promouvoir l'éducation. Nous comptons aussi sur le soutien et les encouragements des partenaires et organisations du monde entier qui poursuivent les mêmes objectifs que nous.
Merci à tous ceux qui mettent leurs efforts et leurs biens au service de l'éducation des jeunes qui sont la relève de demain.

Bonjour, membre d'une organisation de la société civile je félicite l'action que vous Ménez pour donner des chances à chaque enfant à travers le monde pour la création d'une société plus juste et équitable.
Nous avons mis en place un réseau de 18 associations pour la protection des droits des enfants dans 17 villages de 06 communes du Haut-Nyong à l''Est-Cameroun.
Nous encadrons déjà par des foras d'enfants (éducation de la petite enfance, éducation informelle et éducation pertinente).
Nous mettons des messages de sensibilisation communautaire sur support points d'eau et grandes plaques sur les droits des enfants.
Nous sensibilisons les enfants sur la promotion de la paix et l'autonomisation de la femme rurale.
Nous sollicitons votre Accompagnement pour aider davantage ces populations défavorisées.
APID, association leader assure un encadrement de proximité sur fonds propres.
Merci.
Le Coordonnateur.

Une action pas la moindre, celle de donner une chance à tous les enfants du monde, nonobstant les conditions parfois cruelles dans certains coins, ce qui reste un défi pour l'humanité.
Dans notre pays la RDC, la gratuité de l'enseignement de base s'installe mais qui nécessite un encadrement surtout dans l'amélioration de la capacité d'accueil des écoles surtout dans des milieux à forte densité de population jeune...
Un appui pourra aider nombre d'enfants à rejoindre l'école et bénéficier de la gratuité.

Généralement les paysans éprouvent d'énormes difficultés pour la scolarisation des leurs enfants.Notre structure s'inscrit dans le ministre de l'enseignement primaire secondaire et technique,nous sommes une coordination des écoles basée en milieu rural, l'analyse faite par rapport au coût de scolarité en milieu rural et compte tenu au mouvais rendement que donne les travaux champêtre, le renforcement des capacités dans un sens divers peut occasionner aux paysans de se retrouver ; c'est alors que nous attirons l'attention des organisations qui oeuvrent au profil de monde rural de surmonter ces obstacles et surtout de soutenir les structures qui opèrent sur terrain pour un développement harmonieux.

Pas de commentaire autre.
Besoin des bailleurs pour soutenir l'éducation des enfants Burundais qui abandonnent l'école au grand nombre
Merci

j’aimerais bien solliciter votre appui technique et financiers ,pour nous contribuer à la protection des enfant et l’insertion sociale et inductive des personnes vulnérables que notre organisation SOLIDARITÉ SANS FRONTIÈRES accompagne en RDCONGo.

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