Mettre fin à la violence à l'école et promouvoir la santé mentale : Apprendre de l'Afrique

Les enfants ne peuvent pas bien apprendre s’ils ont peur lorsqu’ils sont à l’école. En Afrique, plusieurs organisations étudient les bonnes pratiques contre les violences scolaires pour en tirer des recommandations applicables ailleurs.

06 novembre 2023 par Delia Mamon, Graines de Paix, Dipak Naker, Coalition for Good Schools, et Quentin Wodon, UNESCO IICBA
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Lecture : 4 minutes
Des élèves jouent dans la cour de l'école à l'école primaire de Bengo en Côte d'Ivoire
Des élèves jouent dans la cour de l'école à l'école primaire de Bengo en Côte d'Ivoire
Credit: GPE/Rodrig Mbock

Le 2 novembre est la Journée internationale contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire, y compris le cyberharcèlement. Le thème est « Non à la peur : Mettre fin à la violence scolaire pour préserver la santé mentale et mieux apprendre ». La violence à l'école est un problème majeur en Afrique et dans le reste du monde, et il existe un lien étroit entre cette violence, la santé mentale et les résultats d'apprentissage.

La violence en milieu scolaire a un impact négatif sur l'apprentissage

Commençons par les éléments factuels des effets néfastes de la violence en milieu scolaire. Il y a deux ans, la Banque mondiale et l'initiative Safe to Learn ont publié un plaidoyer pour l'investissement dans la lutte contre la violence en milieu scolaire (voir également le résumé orienté vers l'action).

L'argument est simple : l'apprentissage est nécessaire pour que l'éducation soit porteuse de changement, mais il est moins probable qu'il se produise si un enfant éprouve de la peur ou subit un traumatisme à l'école. La violence en milieu scolaire entraîne des répercussions négatives sur l'apprentissage et conduit certains enfants à abandonner leurs études.

En outre, le fait d'être victime de violence en milieu scolaire entraîne toute une série d'autres effets négatifs, notamment sur la santé (mauvais sommeil, maux de tête, blessures dues aux châtiments corporels et dégradation de la santé mentale), sur l'adoption de comportements à risque (consommation de drogues et d'alcool ou rapports sexuels à un âge plus précoce), et même des idées suicidaires.

La violence est associée à des résultats négatifs de manière statistiquement significative pour pratiquement toutes les variables relatives à l'éducation et à la santé pour lesquelles des données sont disponibles dans les enquêtes sur la santé en milieu scolaire.

Les personnes et les sociétés paient un lourd tribut en conséquence, avec une estimation de 11 000 milliards de dollars de pertes de revenus au cours de la vie à l'échelle mondiale (en tenant compte uniquement des impacts sur la scolarité et l'apprentissage, et non des impacts supplémentaires sur la santé, y compris la santé mentale).

Selon les analyses coûts-avantages, les interventions visant à prévenir la violence en milieu scolaire constituent un investissement économique judicieux.

Les avantages d’investir dans la prévention de la violence à l'école et par l'intermédiaire de l'école sont susceptibles de dépasser largement les coûts. Et, au-delà de la question de la violence en milieu scolaire, le système éducatif est dans les faits un excellent point d'entrée pour prévenir la violence d'une manière plus générale.

Exemples de bonnes pratiques contre la violence en milieu scolaire

Que peut-on donc faire pour prévenir la violence en milieu scolaire ? La Coalition for Good Schools a publié un examen des données probantes disponibles (voir également son résumé). Le rapport suggère qu'il est préférable de :

  1. Mettre en œuvre des interventions multi-composantes intégrées impliquant une variété de parties prenantes
  2. Envisager des approches scolaires globales qui portent non seulement sur les politiques et les pratiques, mais aussi sur les valeurs
  3. Promouvoir l'apprentissage en groupe qui peut aider à développer des valeurs communes tout en s'attaquant aux normes de genre
  4. Proposer des possibilités de leadership au personnel de l'école et aux élèves, y compris par le biais de cours pratiques de courte durée
  5. Adapter les interventions au milieu scolaire (par exemple, différents types de violence requièrent différentes stratégies)
  6. Adopter un processus d'apprentissage itératif, en considérant le « comment » des interventions indépendamment du « quoi » et en accordant l'attention nécessaire au suivi des résultats en matière d'apprentissage

Plusieurs interventions examinées ont été mises en œuvre en Afrique, en particulier dans les pays anglophones. Il s'agit notamment du Good School Toolkit, dont une évaluation suggère que le programme a permis de réduire de 42 % le risque de violence physique de la part des enseignants et du personnel scolaire, de diminuer de moitié le nombre d'enseignants ayant déclaré avoir eu recours à la violence physique à l'encontre des élèves, et d'améliorer les liens et le sentiment de sécurité et d'appartenance des élèves à l'égard de leur école.

Il est important de noter que le coût de la mise en œuvre de nombreuses interventions peut être faible, comme l'illustrent les simulations.

En Afrique francophone, l'expérience de Graines de Paix est remarquable. Il s'agit d’une organisation à but non lucratif opérant actuellement au Bénin et en Côte d'Ivoire, qui a reçu le prestigieux prix UNESCO-Hamdan pour le développement des enseignants en 2022.

En Côte d'Ivoire, Graines de Paix a œuvré avec le ministère de l'Éducation pour développer le programme Apprendre en Paix, Éduquer sans Violence en 2016-2017.

Le projet visait à renforcer les capacités des enseignants à utiliser des techniques de gestion de classe plus efficaces que l'autorité basée sur la violence, et à améliorer la dynamique de la classe (voir les conclusions d'une évaluation formative du programme).

Le programme remanié est répliqué au Bénin depuis 2018. Il intègre désormais le passage d'un apprentissage passif à un apprentissage interactif et inclut une perspective visant à faire évoluer favorablement les inégalités de genre et une attention à la prévention de la violence extrême.

En Côte d'Ivoire, le programme a également été mis en œuvre dans des écoles islamiques, conjointement avec des enseignants et des imams locaux et des fonctionnaires du ministère.

Plus de ressources pour mettre fin à la violence en milieu scolaire

Vous trouverez ici quelques exemples d'interventions prometteuses menées en Afrique.

En termes d'orientation globale, l'UNESCO fournit diverses ressources, notamment :

Un certain nombre de publications de l'UNESCO et d'autres organisations des Nations Unies peuvent également être utiles :

À l'UNESCO IICBA, nous travaillons depuis quelques années sur un programme visant à promouvoir la santé mentale et le soutien psychosocial des enseignants et des élèves.

Vous pourrez notamment trouver utiles une étude évaluant l'impact psychosocial de la pandémie de COVID-19 sur les enseignants, les formateurs d'enseignants et les élèves, ainsi que les besoins en matière de soutien psychosocial, et un guide de formation visant à renforcer la santé mentale et le soutien psychosocial des enseignants en formation initiale et en cours d'emploi en Afrique.

Vous trouverez également pertinente la stratégie continentale de l'éducation pour la santé et le bien-être des jeunes de l'Union africaine qui a été récemment lancée.

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Commentaires

Ces documentaires sont vraiment riches mais si le gouvernement camerounais pouvait aussi prendre pareil initiative

cet article est intéressant .merci .

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