Un nombre important de pays africains ont enregistré un nombre élevé de grossesses chez les adolescentes durant le confinement. Au Kenya par exemple, plus de 150 000 adolescentes sont tombées enceintes sur une période de trois mois en 2020 , soit une augmentation de 40 % du nombre total de grossesses précoces.
Même si les chiffres continuent d'augmenter, dans certains pays, les services de santé sexuelle et reproductive ne sont pas une priorité. Malheureusement, avec la fin du confinement et la réouverture des écoles, on part du principe que toutes les filles qui sont tombées enceintes sont en mesure de retourner à l'école et doivent donc le faire tant que les politiques le permettent.
La déclaration d'Abigael (plus haut) appelle à une réflexion plus poussée sur l'appel au ralliement des politiques de rescolarisation en Afrique. Elle appelle à des stratégies qui soutiennent l'acquisition de connaissances et de compétences au-delà de l'accent mis sur l'enseignement primaire et secondaire.
Un pic de grossesses d’adolescentes pendant la pandémie
Les filles bien éduquées deviennent des femmes autonomes, compétentes et ayant la possibilité de jouer un rôle essentiel dans les processus socio-économiques, démocratiques et de gouvernance au sein de leurs sociétés.
La pandémie de COVID-19 a bouleversé les progrès de l’Afrique en matière de développement et d'éducation relatif à l'égalité des genres dans l'éducation. Les grossesses précoces ont empêché nombre de filles à poursuivre leurs études et à sortir de la pauvreté.
Selon un récent rapport de l'UNICEF, le Malawi pourrait connaître une augmentation de 35 % du nombre de filles âgées de 10 à 19 ans qui sont tombées enceintes au cours du premier semestre 2020 par rapport à la même période en 2019.
En Ouganda, on estime que le nombre de grossesses chez les adolescentes a doublé dans le district de Nwoya si l'on compare les tendances de janvier à mars et d'avril à juin 2020. Une fois les écoles rouvertes, de nombreux gouvernements ont dû s'attaquer à la situation critique des mères adolescentes.
Des politiques de rescolarisation favorables aux filles
Les conclusions des rapports des pays dont le Malawi, la Namibie, le Sénégal et la Tanzanie, réalisés à la demande du Forum des éducatrices africaines (FAWE), ont présenté des recommandations solides sur les politiques de rescolarisation des mères adolescentes.
Les rapports soulignent la nécessité de sensibiliser largement aux stratégies de rescolarisation, qui devraient idéalement être menées par le biais d'une approche multipartite impliquant des représentants du gouvernement, de la société civile, des administrateurs scolaires, des chefs religieux et des structures communautaires et familiales.
Les rapports recommandent également aux gouvernements d'adopter des politiques qui favorisent la rescolarisation des filles. Cela consisterait, par exemple, à donner aux responsables au niveau du district les moyens de s'assurer que les écoles réadmettent les filles qui souhaitent retourner à l'école et offrent des environnements conviviaux à ces enfants-mères.
Ces environnements conviviaux peuvent être créés à travers des programmes consistant à conseiller les adolescents (garçons et filles), les mentors et les autres groupes vulnérables à l'école. Un programme standardisé de mentorat et de formation des enseignants et des élèves mentors sont en outre urgemment nécessaires.
Maintenir les jeunes mères à l'école
Pour les mères adolescentes qui font face à des défis similaires à ceux d'Abigael, les rapports du FAWE recommandent aux ministères de l'Éducation d'accorder une attention particulière aux ménages dirigés par des enfants. Que signifie retourner à l'école pour elles ? À quels systèmes de soutien peuvent-elles avoir accès ? Sans soutien psychosocial, les mères adolescentes abandonneront l'école et se débrouilleront comme elles pourront pour s'occuper de leur bébé.