Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2016 : l’éducation reste essentielle à tous les ODD

Le nouveau rapport mondial de suivi sur l'éducation évalue avec précision et profondeur le rôle que joue l'éducation dans la réalisation des 16 autres ODD.

09 septembre 2016 par Karen Mundy, UNESCO Institute of Educational Planning
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Lecture : 9 minutes
Des élèves dans une école au Ghana. Crédit: GPE/Stephan Bachenheimer

En mai 2015, le Forum mondial sur l’éducation d'Incheon a mandaté l’UNESCO de mettre à jour son Rapport mondial de suivi annuel, afin de documenter les avancées du secteur éducatif sur la voie des cibles et objectifs du nouvel Objectif de développement durable (ODD) en matière d'éducation.

Nouvellement renommé Rapport mondial de suivi sur l’éducation, celui-ci propose un état des lieux riche et complet, qui évalue de façon approfondie, avec des données empiriques précises, le rôle de l’éducation dans la réalisation des seize autres ODD.

Intitulé : L’éducation pour les peuples et la planète : créer des avenirs durables pour tous, ce rapport avance l'argument convaincant selon lequel, les efforts pour éduquer davantage d’enfants non scolarisés méritent une attention et une énergie accrues de la part de la communauté internationale, et bien sûr, davantage de financements que par le passé.

De nouvelles données probantes révèlent le pouvoir de l’éducation

Le rapport rassemble des données substantielles et probantes sur l’impact de l’éducation sur tous les ODD. Il montre par exemple que l'éducation est « essentielle pour sortir des personnes de la pauvreté » (ODD 1), favorise l’agriculture durable et une meilleure nutrition (ODD 2), a « des effets sur un ensemble d’aspects du domaine de la santé, notamment la mortalité précoce, la santé procréative, la propagation des maladies, la vie en bonne santé et le bien-être » (ODD 3), aide « les femmes et les filles à… acquérir les compétences de base en lecture et écriture, améliorer [leurs] compétences et capacités de participation, ainsi que les opportunités tout au long de leurs vies » (ODD 5), et « favorise une meilleure conservation de l’énergie et l’intérêt pour les sources d’énergie renouvelable » (ODD 7).

La relation de l’éducation à ces autres objectifs de développement crée un cercle vertueux. Tout comme l’éducation permet à davantage d’enfants de vivre une vie en meilleure santé et plus prospère dans un milieu moins menacé par les conflits et les dangers d'ordre environnemental, il n’y a aucun doute sur le fait que les enfants sont davantage susceptibles d’apprendre lorsqu'ils sont en bonne santé, lorsqu’ils connaissent la prospérité économique et la paix et qu’ils vivent dans un environnement sécurisé.

En soulignant cette interdépendance, le rapport contribue à encourager les initiatives visant une coordination accrue et plus efficace entre des secteurs de développement mondial souvent isolés, tels que l’éducation et la santé.

Le pouvoir d'un partenariat

La réalisation de l’ambitieux ODD 4, note également le rapport, dépendra de l'extraordinaire coordination entre tous les acteurs de l’éducation au niveau mondial.

Le rapport indique «…une reconnaissance croissante du fait que les parties prenantes doivent planifier, agir et s’engager ensemble envers l’équité et la durabilité »

Il cite le Partenariat mondial de l’éducation comme entité occupant une position unique pour faciliter ce type de coordination, non seulement en termes de rassemblement et d’harmonisation des financements mais également de promotion de partenariats plus solides et plus ambitieux entre les Etats, les partenaires au développement, la société civile et le secteur privé au niveau des pays.

Selon le rapport, le GPE est parvenu à cette position grâce à ses « nombreux ajustements stratégiques et opérationnels, afin de mieux cibler les contextes fragiles, contribuer au renforcement des capacités de planification de l’éducation et rénover son conseil d’administration ».

Les investissements du GPE dans la consolidation des systèmes, à commencer par le soutien à une planification sectorielle coordonnée et axée sur les données, sont reconnus comme formant une base essentielle pour de meilleurs résultats de l’enseignement.

En conséquence, le GPE a su s'établir comme le « principal partenariat de financement à parties prenantes multiples dans le secteur de l’éducation ». « Mieux tirer parti de cet atout sera essentiel à la satisfaction des critères de financement.»

Le chemin est encore long

Le RMSE nous rappelle également, avec des données importantes et une perspective intéressante, qu’en ce qui concerne l'ODD 4, que nous sommes encore loin de la ligne d'arrivée.

Un nombre intolérablement élevé d’adolescents et de jeunes (263 millions d’enfants) étaient non scolarisés fin 2014, selon le rapport.

Parmi eux, les plus représentés sont les plus désespérément pauvres, les filles, les enfants handicapés, les enfants issus de certains groupes ethniques, religieux ou linguistiques et, bien sûr, ceux qui se retrouvent pris dans le maelström des crises humanitaires.

Selon le rapport, pour cent enfants issus de la jeunesse la plus riche des pays à faible revenu qui achèvent le cycle primaire, seuls 36 issus des milieux les plus pauvres y parviennent ; dans les premier et deuxième cycles d’éducation, les chiffres correspondant sont respectivement de 19 % et 7 %.

Malgré des progrès encourageants dans certains pays ou régions, l’égalité des sexes demeure un objectif lointain dans de nombreux pays, et plus particulièrement dans les deux niveaux du cycle secondaire.

Les enfants handicapés, même dans les pays développés, se voient encore privés de leur droit à l’éducation, et ce, de façon disproportionnée. Près de 40 % des enfants reçoivent un enseignement dans une langue qu’ils ne parlent ou ne comprennent pas. Environ 50 % des enfants réfugiés en âge de fréquenter le cycle primaire et 75 % de ceux qui sont en âge de fréquenter le secondaire sont non scolarisés dans le monde.

Les nouvelles prévisions fournies dans ce rapport indiquent que pour de nombreux pays à faible revenu, l'ODD 4 pour l'enseignement primaire et secondaire ne sera probablement pas atteint à la fin du XXIe siècle, si les tendances actuelles se poursuivent, à moins d'une évolution déterminée des financements intérieurs et internationaux.

À la recherche d’un soutien audacieux

Satisfaire les besoins pressants dans le monde en matière d'éducation nécessite une importante augmentation des financements. L’utilisation du potentiel complet de l’approche du GPE reste limitée si le financement réel continue d'être inférieur aux besoins mondiaux.

« Aujourd’hui, l’aide à l’éducation est inférieure à ce qu’elle était en 2009 » remarque le rapport. Or « l’aide doit être au moins six fois supérieure, afin de combler le déficit annuel de 39 milliards de dollars nécessaire pour atteindre les nouvelles cibles.»

Par ailleurs, le rapport souligne que « les pays à faible revenu ont bénéficié de 28 % du total de l’aide à l’éducation de base en 2014, alors qu’ils représentent 36 % de l‘ensemble des enfants non scolarisés », et qu'un « manque de financement adéquat et équitable est une des principales raisons de l'échec du monde dans la réalisation des objectifs de l'Éducation pour tous entre 2000 et 2015.»

Comme le montreront probablement dans les prochaines semaines les recommandations de la Commission internationale sur le financement des opportunités d’éducation dans le monde, l’audacieuse ambition des ODD nécessite des actions tout aussi entreprenantes. Sans un engagement financier suffisant pour l’éducation, nous échouerons certainement à réaliser ces ODD.

Aujourd’hui, et pour les 15 prochaines années, nous avons la possibilité de faire mieux. De faire ce qu’il faut.

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