Un nouveau rapport utilisant les données de l’ Évaluation internationale de l’apprentissage et du développement de la petite enfance (IDELA) de Save the Children constate qu’en moyenne, un enfant de 6 ans peut nommer 4 à 5 types de nourriture ou d’animaux différents, identifier 3 formes courantes sur 5, reconnaître les émotions de base, mais ne sait pas comment gérer les sentiments négatifs tels que la tristesse, et sait copier une forme simple. Cependant, en creusant davantage ces moyennes de groupes, les données de 20 000 enfants issus de 38 pays indiquent une vaste gamme de compétences en termes d'apprentissage et de développement de la petite enfance (figure 1).
Figure 1. Distribution des scores totaux IDELA par âge (n = 20 361)
Moins d’un tiers des enfants de 6 ans de 38 endroits du monde entre à l'école primaire en maîtrisant les bases de l’apprentissage précoce de la lecture, du calcul et les compétences sociales et affectives. Si les pays ou programmes peuvent avoir des normes différentes concernant ce que les enfants entrant en primaire doivent savoir ou être capables de faire, l’IDELA prend en compte les programmes scolaires et la recherche au niveau mondial pour déterminer les compétences nécessaires à l’entrée à l’école, et vise à saisir cette variation.
À partir des données IDELA de près de 3 500 enfants de 6 ans, nous constatons que la majorité des enfants montrent des compétences « émergeantes » (26 à 75 % de réponses correctes), une plus petite proportion montre une maîtrise des compétences de base de l’apprentissage précoce (76 % de réponses correctes) et les autres éprouvent des difficultés avec le contenu de l’évaluation (0 à 25 % de réponses correctes) (figure 2).
Ces résultats suggèrent que la majorité des enfants a commencé à développer les compétences nécessaires pour une transition aisée vers l’école primaire, mais sera susceptible d'avoir des difficultés dans une ou plusieurs matières sans aide adéquate en première année. Ceci impose la question de savoir si les enseignants de l’école primaire sont prêts à faire face à la variété des niveaux de compétences des enfants dans ce nouvel environnement scolaire.
Figure 2. Proportion des enfants de 6 ans par domaine et niveau de performance (n = 3 491)
Quels sont les facteurs qui favorisent de bonnes compétences dans l’apprentissage précoce pour les jeunes enfants ?
Le milieu familial des enfants et les conditions familiales d'apprentissage ont une grande influence sur l’apprentissage et le développement des enfants. De nouvelles analyses démontrent que des conditions familiales d’apprentissage favorables, c’est-à-dire avec des jouets et livres pour les jeunes enfants, une variété d’activités d'apprentissage et de jeux, ainsi que l'absence de discipline stricte, sont les plus propices à un apprentissage et un développement optimaux (figure 3).
Il est clair que les pratiques éducatives des parents et le milieu familial jouent un rôle essentiel dans le développement des jeunes enfants, et des efforts d’amélioration de l’apprentissage précoce, même ceux qui sont axés sur des programmes dans la classe, ne doivent pas négliger l’importance du milieu familial.
Figure 3. Changement du score total IDELA selon les ressources pédagogiques à la maison (HLE), le milieu socioéconomique, les activités d’apprentissage à la maison (HLA) et la discipline stricte (résultats significatifs seulement)
La plupart des ensembles de données de cette étude ne montrent aucune différence entre les compétences d'apprentissage et de développement des garçons et des filles, mais dans les lieux où des différences sont marquées entre les sexes, elles tendent à être favorables aux filles (figure 4). Les filles sont davantage susceptibles de réussir que les garçons en lecture, compétences sociales et affectives et développement moteur, ainsi que sur le score total IDELA.
Figure 4. Nombre d’ensembles de données montrant des différences entre les sexes par domaine de compétences
S’il existe peu de publications sur les différences entre les sexes en termes de compétences des jeunes enfants dans le monde, ces résultats reflètent des dynamiques de genre semblables à celles présentées dans les études internationales menées auprès des enfants plus âgés. Ces données probantes au niveau mondial montrent que malgré une bonne performance dans les évaluations des acquis scolaires à l’école, les filles issues des familles défavorisées des pays à faible revenu sont moins susceptibles d’achever l’école primaire que leurs homologues garçons plus aisés, et ce, de façon significative.
Des recherches plus approfondies sont absolument nécessaires sur les tendances des différences entre les sexes dans le domaine éducatif, à la fois en termes d’accès et d'apprentissage, tout au long de la scolarité des enfants.
Quelle portée pour les décideurs politiques, les bailleurs de fonds et les personnes chargées de la mise en œuvre des programmes ?
Les enfants âgés de 3 à 5 ans sont dans une période essentielle de développement cérébral, mais il s’agit également d’une étape vulnérable qui manque souvent de services axés sur l'apprentissage. Ce rapport conclut qu'il n’est pas possible de définir la réussite sur la voie de l’ODD 4.2 par la simple mesure de l’accès ; la qualité est également primordiale.
Il est essentiel pour les systèmes éducatifs d’investir davantage dans la petite enfance, car un manque d'investissement durable et équitable dans des opportunités d’apprentissage précoce pour chaque enfant risque de nuire au potentiel de réalisation de chacun en termes de développement et d’éducation.
Par ailleurs, les systèmes éducatifs doivent répondre aux différents besoins et niveaux de compétence des enfants et doivent aborder le développement des programmes préscolaires sous l’angle de l’équité. Des investissements progressistes reconnaîtront qu'un enfant ne se développe pas dans le vide et chercheront donc à impliquer famille et communauté dans le parcours d'apprentissage. Pour apporter à tous les enfants le soutien dont ils ont besoin, les systèmes éducatifs doivent être en liaison avec les mécanismes de soutien dans et hors de l'école.
Pour de plus amples informations sur IDELA et ces conclusions, rendez-vous sur www.idela-network.org.
*Save the Children tient à remercier chaleureusement les partenaires externes qui ont contribué à ce rapport : Cambridge Education, EQUIP-Tanzanie, FSG Inde, le Comité de Secours international, l’Université de New York, Open Society Foundations, la Fondation de la Reine Rania pour l’Éducation, Rising Academy Network et Results for Development, ainsi que nos collègues de Save the Children en Afghanistan, au Bangladesh, au Bhoutan, en Bolivie, en Bosnie, au Cambodge, en Égypte, en Éthiopie, en Haïti, en Inde, en Jordanie, au Malawi, au Mali, au Mexique, au Mozambique, au Myanmar, au Népal, au Niger, dans les territoires palestiniens occupés, aux Philippines, au Rwanda, en Afrique du Sud, au Sri Lanka, en Thaïlande, en Ouganda, aux États-Unis, au Vietnam et en Zambie.