Au Ghana, on innove pour améliorer les résultats du secteur de l’éducation

La Semaine nationale de l’éducation (SNE) qui a eu lieu à Accra, au Ghana, début août, a été l’occasion pour le pays d’inciter les parties prenantes à examiner les performances du secteur de l’éducation et à élaborer ensemble des stratégies pour atteindre les objectifs fixés par le gouvernement. Retour sur ce qui a rendu cet évènement unique et ce qu’on peut en retenir.

02 septembre 2019 par Plamen Danchev, GPE Secretariat, et Philippe Menkoue, Partenariat mondial pour l'éducation
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Lecture : 5 minutes
Des participants en plein débat lors d'un travail de groupe pendant la semaine nationale de l'éducation 2019 à Accra au Ghana. Début août 2019. Crédit: PME/Philippe Menkoue
Des participants en plein débat lors d'un travail de groupe pendant la semaine nationale de l'éducation 2019 à Accra au Ghana. Début août 2019.
Credit: PME/Philippe Menkoue

Représentants du Ministère de l’Éducation, des Services de l’éducation du Ghana (Ghana Education Services), partenaires de développement et organisations de la société civile, ils étaient tous présents à Accra, au Ghana, début août pour la Semaine nationale de l’éducation (SNE). Un évènement annuel qui sert à évaluer les performances du secteur de l’éducation du pays et à planifier l’avenir.

Présidé par le Ministre de l’Éducation, le Dr Matthew Opoku Prempeh, l’événement avait pour thème : « Réformer le secteur de l’éducation pour une prestation de service efficace : s’ouvrir à l’innovation ». Ce fut l’occasion pour le Ministère d’exposer aux parties prenantes ses réalisations par rapport aux priorités du gouvernement, de discuter de manière collective des avancées faites pendant l’année et à identifier les obstacles à une prestation de service efficace.

Une revue sectorielle conjointe dynamique

En réunissant toutes les parties prenantes, le Ministère de l’Éducation leur a donné l’occasion d’exprimer leur point de vue et de contribuer à bâtir un système éducatif plus efficace.

Basée sur une approche collective, la revue ne s’est pas limitée à donner la parole aux décideurs, mais à impliquer également tous les participants les incitants à apporter sa contribution. Cela a ainsi donné lieu à des échanges sur des approches plus pratiques que théoriques.

Son format, alternant entre session plénière, présentation de rapports, travaux en groupes et discours de dignitaires et de personnalités issus des différents sous-secteurs de l’éducation, a largement contribué au dynamisme de cet événement.

Cette conférence a été un moment clé pour mettre en évidence les progrès accomplis par le Ghana en matière d’éducation et ses ambitions pour l'atteinte de l’ODD 4.

Discuter des progrès et identifier les lacunes dans la prestation des services éducatifs

Nous avons l’intention de nous appuyer sur les progrès accomplis au cours de l’année que nous passons en revue et d’améliorer la prestation des services éducatifs au cours de l’année à venir.

Dr. Matthew Opoku Prempeh, Ministre de l’éducation, Ghana

Les faits parlent d’eux-mêmes. Du préscolaire au secondaire (qu’on appelle pré-tertiaire au Ghana), les progrès accomplis ces dernières années par le secteur de l’éducation dans le pays sont nombreux. Il s’agit notamment :

  • du développement des infrastructures matérielles grâce à la construction de nouvelles écoles et centres de STEAM (STEM + Arts) dans tout le pays ;
  • du développement d’une Stratégie nationale d’évaluation chiffrée pour l’enseignement secondaire ;
  • de l’introduction des STEM et des TIC dans toutes les écoles primaires dans le cadre d’une réforme élargie des programmes scolaires ; cela pour garantir la familiarisation des jeunes élèves avec ces compétences cruciales dès leur plus jeune âge ;
  • du développement d’un Cadre de responsabilité national pour améliorer les acquis scolaires, qui incluent notamment les performances des enseignants, des chefs d’établissements, des inspecteurs pédagogiques et des responsables de l’éducation au niveau des districts et des régions ;
  • de la création de lycées gratuits pour près de 800 000 élèves dans l’ensemble du pays au cours des deux années scolaires passées.

Cependant, comme dans de nombreux cas similaires, le Ghana a encore de nombreuses difficultés à surmonter s’il souhaite faire en sorte que tous les enfants aient accès une éducation de qualité. Ainsi par exemple :

  • Trop d’adolescentes n’ont toujours pas accès à des toilettes séparées à l’école ;
  • Les fonds manquent pour mettre en œuvre de nombreux programmes figurant dans le plan sectoriel de l’éducation ;
  • Des programmes relevant de l’enseignement technique et professionnel ne sont pas mis en œuvre dans les écoles pour enfants souffrant d’un handicap ;
  • Les inégalités entre les élèves des zones urbaines et ceux des zones rurales continuent de s’accroître (certaines matières telles que l’apprentissage d’une seconde langue ne sont enseignées que dans les écoles situées en zone urbaine, par exemple) ;
  • L’éducation doit être mieux adaptée au contexte. Il faut enseigner aux enfants les compétences dont ils ont besoin pour devenir des agents de solution aux problèmes de demain et des travailleurs dotés des compétences nécessaires pour occuper les emplois du futur.

Des difficultés dont le gouvernement prévoit de tirer les enseignements, afin d’améliorer son offre en matière d’éducation et mieux satisfaire les exigences et besoins en termes de qualité et de capacités. Mais, pour parvenir à cela, il faut s’appuyer sur des données.

Utiliser des données probantes pour améliorer la planification et la prestation de services éducatifs

Pour dépasser les obstacles auxquels est confronté le secteur de l’éducation, les parties prenantes ont besoin de savoir ce qui fonctionne, pourquoi et comment cela fonctionne. Dit autrement, elles doivent s’appuyer sur des données probantes.

C’était le principal objectif du « Sommet sur les données », qui s’est tenu le 2ème jour de la revue. Il a rassemblé décideurs politiques, chercheurs et professionnels, qui ont partagé leurs expériences en termes d’approches innovantes ayant déjà fait leurs preuves dans des contextes similaires pour améliorer les acquis scolaires ; et identifié comment elles pouvaient être utilisées pour améliorer le système éducatif du Ghana.

Éducation de la petite enfance, responsabilisation, pratiques pédagogiques et financements innovants, gestion scolaire et responsabilité, amélioration des données pour la prise de décisions, tels étaient les principaux thèmes des différentes recherches présentées au cours des échanges, en parallèle à l’évaluation annuelle du Ministère.

Quelle est la meilleure approche pour améliorer la qualité de l’enseignement ? Quelles sont les approches innovantes qui rendent l’éducation plus inclusive pour les enfants handicapés ? Quelles sont les approches innovantes systémiques pour améliorer la collecte des données afin d’élaborer des solutions mieux axées sur les données ? Comment impliquer davantage les parents dans l’amélioration de l’apprentissage de leurs enfants ? Quelles sont les formes de suivi et évaluation utiles pour le suivi de l’efficacité des programmes éducatifs ? Nombreuses étaient les questions appelant une réponse, et les exemples de bonnes pratiques présentés durant le Sommet sur les données ont apporté quelques éléments de réponse. Ce fut un moment crucial pour voir ce qui fonctionne le mieux, comment et pourquoi.

La diversité des contextes dans lesquels ces pratiques ont été mises en œuvre a permis au public de comprendre la complexité du défi auquel sont confrontés les parties prenantes qui œuvrent à l’amélioration des résultats de l’apprentissage à tous les niveaux.

L’identification des problèmes liés à la prestation de service et la réflexion sur comment les résoudre étaient le but ultime de toutes ces discussions : les commentaires recueillis durant chaque séance ont été utilisés pour informer les recommandations à présenter au Ministère, aux services de l’éducation au Ghana et aux partenaires de développement au cours de la séance de clôture de la SNE.

Pour parvenir à d’excellents résultats, le secteur de l’éducation a besoin de politiques appuyées par des données probantes. Mais, comme il n’existe pas d’approche unique et universelle : « Nous devons faire attention à ce que nous empruntons ailleurs pour l’adapter à notre propre contexte », a déclaré le Ministre adjoint chargé de l’Enseignement général.

Au cours d'une activité de groupe, les participants ont été invités à exprimer ce dont le pays a besoin pour parvenir à une éducation universelle de qualité. Crédit: PME/Philippe Menkoue
Au cours d'une activité de groupe, les participants ont été invités à exprimer ce dont le pays a besoin pour parvenir à une éducation universelle de qualité.

Le gouvernement et les partenaires, main dans la main pour une éducation véritablement durable

La relation entre le gouvernement ghanéen et ses partenaires de développement est efficace et sincère. Les organisations religieuses et celles de la société civile jouent par exemple un rôle clé pour accompagner le gouvernement dans les efforts qu’il déploie pour atteindre l’ODD 4. Tous présents à cet évènement, ils ont participé, parfois en encourageant ou en critiquant le gouvernement, mais toujours dans un esprit constructif et solidaire.

Leur message était simple : « Nous poursuivrons nos efforts pour améliorer l’éducation et afin de rendre les élèves ghanéens aussi compétitifs que les autres élèves du monde entier. ».

Bien sûr, cela implique d’entretenir une forte collaboration entre le gouvernement et ses partenaires, et, dans certains cas, de trouver le moyen de faire passer cette collaboration à la vitesse supérieure, si le pays souhaite avoir un système éducatif plus robuste. Les représentants du Ministère se sont déclarés ouverts au dialogue, à la collaboration et à toutes les propositions pouvant contribuer aux progrès du pays vers l’ODD 4.

Une opportunité de partage de connaissances entre les pays partenaires

Le PME a saisi l’occasion présentée par la Semaine nationale de l’éducation du Ghana pour faire venir 8 responsables des ministères de l’éducation et d’agences de coordination des programmes du PME dans des pays partenaires dont le Libéria, la Sierra Leone et la Gambie. Le but : observer – de manière directe et à travers des échanges – les caractéristiques d’une revue sectorielle conjointe efficace et efficiente. Ceci sera l’objet de notre prochain blog.

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