Ce dont les filles ont besoin pour rester - et s'épanouir – à l'école
Le programme d’alphabétisation et de numératie du Discovery Project au Ghana, au Kenya et au Nigéria aide les filles marginalisées telles que Joyce à progresser énormément dans l’apprentissage de la lecture et des mathématiques. Financé par le UK Girls' Education Challenge, le projet s'inscrit dans une initiative visant à scolariser au moins 1,5 million de filles à l'école et à l'apprentissage.
10 octobre 2018 par Tamela G. Noboa, Discovery Learning Alliance
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Lecture : 6 minutes
Joyce lit un livre de contes avec son professeur au club de lecture. Crédit: Discovery Learning Alliance
Joyce lit un livre de contes avec son professeur au club de lecture. Elle dit qu'elle veut devenir enseignante lorsqu'elle sera grande, de manière à pouvoir " aider d'autres enfants à apprendre à lire et à écrire comme moi".

Parmi les nombreux défis mondiaux évoqués cette année lors de l’Assemblée générale des Nations unies, j’ai été réconfortée de voir que les ODD 4 (éducation) et 5 (égalité hommes-femmes) occupaient une place majeure et que les dirigeants mondiaux reconnaissaient qu’il n’était possible de les atteindre, ainsi que les autres objectifs de développement durable, qu’au moyen de partenariats renforcés (ODD 17).

Cependant, malgré la Journée internationale de la fille qui approche, l’Institut de la Statistique de l’UNESCO (ISU) nous informe que plus de 130 millions de filles demeurent non scolarisées. Il ne s’agit pas simplement de chiffres. Derrière chacune de ces 130 millions, il y a un beau visage et un nom – or, chacune d’elles mérite l’opportunité d’apprendre.

Au-delà des chiffres

Joyce, élève de 8ème année dans une école de la banlieue de Nairobi, au Kenya, est née d’une mère célibataire et a été élevée par sa grand-mère. Elle est entrée pour la première fois à l’école à l’âge de 10 ans. Bien que ne sachant ni lire ni écrire, elle a intégré la 5ème année du fait de son âge. Joyce a poursuivi sa scolarité conformément à la politique scolaire. Ayant du mal à suivre en classe, elle rendait rarement ses devoirs. Pour ses enseignants, c’était un cas désespéré.

Il y a quelques mois, la vie de Joyce a commencé à changer. Son école participe en effet aux cours de lecture, écriture et calcul du projet Discovery pour les élèves susceptibles de ne plus suivre en classe. Lancé par Discovery Learning Alliance (DLA) dans trois pays partenaires du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) – le Kenya, le Nigéria et le Ghana – le projet est financé par Girls’ Education Challenge, initiative innovante du gouvernement du Royaume-Uni visant à scolariser au moins 1,5 million de filles et à leur faire bénéficier des apprentissages.

Au bout de quelques mois à peine d’instruction au bon niveau, la capacité de Joyce à lire du vocabulaire approprié pour son âge s’est améliorée, passant de 5 % à 50 %. Elle participe désormais activement à un club de lecture périscolaire qui lui donne un accès continu à du matériel de lecture et à l’aide régulière d'enseignants formés au soutien en matière d’apprentissage. Elle qui avait tant de mal à suivre les leçons est à présent souvent la première de sa classe à lever le doigt pour lire. Elle déclare :

« Je suis contente de savoir lire. Maintenant, je peux lire à voix haute pour les autres élèves, car je sais bien lire. »

Avec son assurance toute nouvelle et une bien meilleure aptitude à la lecture, Joyce commence à entrevoir de nouvelles possibilités. Pour la première fois de sa vie, elle se réjouit d’aller à l’école.

De la scolarisation à l’apprentissage

Fait aussi alarmant que le nombre de filles non scolarisées, on observe que moins des deux tiers des filles des pays à faible revenu scolarisées en primaire achèvent ce cycle. Une seule sur trois achève le premier cycle du secondaire.

Les filles comme Joyce, scolarisées tardivement et sans soutien, voient peu de raison de rester à l'école, sans l’instauration d’un environnement propice à l’apprentissage là où elles sont. Déjà confrontées à des obstacles tels que le mariage précoce et les pressions pour contribuer au revenu du ménage, ces filles à risque sont davantage susceptibles de décrocher avant une alphabétisation complète. Les faibles niveaux d’apprentissage des premières années font que des millions d’enfants quittent le système avant d’acquérir les compétences les plus élémentaires en lecture, écriture et calcul.

Puisque remplir les salles de classe n’est pas le but ultime, la question devient alors : comment faire des écoles des lieux d’apprentissage accomplis, en particulier pour les filles ?

Transformer la façon dont les enfants apprennent

Les acquis scolaires sont au cœur du plans stratégique du GPE pour 2016 – 2020. Aux côtés des agences des Nations unies, des états, des organisations multilatérales, de la Coalition mondiale des entreprises pour l’éducation, des fondations et des ONG, le GPE appelle la communauté internationale à agir afin d'initier les transformations systémiques et de libérer le potentiel des jeunes dans le monde.

Je crois que nous pouvons y parvenir en :

  • Investissant dans le développement professionnel des enseignants sur la base de la science « de l’esprit, du cerveau et de l’éducation », qui aide les enseignants à mettre de l’apprentissage dans la vie et de la vie dans l'apprentissage, en classe et au-dehors.
  • Amplifier la voix des enfants et des jeunes grâce à la technologie et aux médias. L’utilisation de contenus captivants, pertinents, qui impliquent les élèves et les enseignants, rendent l’apprentissage dynamique et marquant.
  • Comprendre les obstacles à l’égalité entre les sexes pour cocréer des initiatives permettant de scolariser et d’impliquer davantage de filles dans les apprentissages.
  • Créer des partenariats qui catalysent des solutions innovantes systémiques afin de permettre, partout, aux jeunes d'apprendre les compétences nécessaires pour aujourd’hui et demain.

Parents, éducateurs et élèves tentent de rester au goût du jour des compétences requises pour rester compétitif dans un monde où tout évolue si vite. Dans les communautés mal desservies et souvent isolées, nous voyons des résultats encourageants lorsque les communautés sont impliquées dans le développement de leurs propres solutions pour contrer les obstacles à l’éducation et que les enseignants sont formés pour doter leurs élèves des compétences nécessaires à l’avenir et qu’ils intègrent des contenus conçus spécifiquement pour leur utilisation.

Nos vidéos spécialisées pour l’apprentissage en classe, par exemple, traitent de sujets allant des mathématiques à Mars, à la malaria et aux compétences de la vie pratique. Un enseignant formé à l’utilisation de ces vidéos dans le comté de Kajiado au Kenya a dit aux évaluateurs : « Davantage d’élèves s'intéressent à mes cours, contrairement à avant. Ils aiment apprendre avec la vidéo, surtout lorsqu'on leur donne des travaux à faire en groupes. Mes cours ne sont plus ennuyeux. »

À partir de ce feedback et conformément à la politique éducative du DFID pour 2018, nous avons développé davantage notre programme. Grâce à une nouvelle série de vidéos destinées à la classe portant sur la lecture, l’écriture et le calcul, ainsi qu’à des clubs périscolaires, les élèves suivent activement les aventures d’un duo frère-sœur et de leurs amis animés. Les enseignants sont formés à utiliser ces vidéos pour mieux impliquer les élèves dans les activités de lecture, d’écriture et de calcul et favoriser la résolution de problèmes et la pensée critique.

Le pouvoir de l’apprentissage visuel est un outil propice à un changement durable chez les élèves. Une des preuves irréfutables de cette réussite est l'assurance qui grandit parmi les filles, en particulier chez celles qui sont suivies dans les clubs que nous contribuons à créer dans les communautés scolaires. Un enseignant d’une communauté rurale conservative nous a dit : « Maintenant, elles sont capables de me parler sans baisser les yeux ou couvrir leur visage. » Cette capacité à établir un contact visuel et à donner son avis est une étape importante pour des filles qui ont eu peu de choix dans leur vie.

La cocréation pour un véritable impact

Pour créer des environnements d’apprentissage plus créatifs et durables, qui aident les filles à rester scolarisées et à développer des compétences pour l’avenir, nous pratiquons une écoute active et formons des partenariats dynamiques avec leurs communautés et états, tout comme avec des entreprises à but non lucratif et privées.

Nous sommes par exemple associés à Cell-Ed, une entreprise sociale qui fournit une plateforme d’apprentissage mobile afin d’étendre la formation en personne des enseignants, proposée par DLA. L’entreprise de satellites Avanti Communications, fournit une technologie permettant de livrer le contenu pédagogique de DLA à un nombre croissant des établissements scolaires participant à nos projets. Nous travaillons également avec la Campagne pour l’éducation des femmes (Camfed) afin d’adapter leurs compétences pratiques et leur programme de bien-être dans une série de vidéos en partie animées destinées aux adolescents, et qui suit les aventures de six ados africains tandis qu’ils relèvent les défis posés par l’école, la famille et l’amitié.

Grâce à ces partenariats actuels et futurs, nous sommes sûrs de pouvoir donner à la prochaine génération de filles et de garçons les compétences et l’assurance qui leur permettront de mettre fin aux cycles de pauvreté et de créer un monde dans lequel chacun aura une possibilité équitable de s’épanouir.

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Commentaires

Bonjour à toutes et à tous,
Comme d'habitude, c'est avec un énorme plaisir que je lis vos articles. Celui-ci également m'intéresse beaucoup parce qu'il aborde un sujet très actuel. Je trouve effectivement qu'il faut moderniser les méthodes d'apprentissage et donner plus de chance aux élèves, surtout les jeunes filles, à accéder au savoir par la lecture. Dans le cadre d'une étude, nous avons testé une méthode essentiellement basée sur les enseignements contenus dans le livre de Dr. Ghislain W. Badour intitulé "J'aide mon enfant à bien lire, bien parler, bien écrire". Nous avons travaillé avec des enfants de 6 à 8 ans habitant à Diabir, un quartier de Ziguinchor (Sénégal). Les résultats étaient simplement hallucinants. En l'espace de quelques mois, ils avaient beaucoup progressé en lecture, surtout les filles, elles lisaient avec une telle fluence et une intonation parfaite. Et ce qui était génial dans tout cela, c'est que nous avons fait usage d'un ordinateur et d'un smartphone; donc les enfants prenaient du plaisir en apprenant à lire. Je peux vous assurer que les nouvelles méthodes de lecture, en particulier celles faisant appel aux nouvelles technologies sont très efficaces.

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