Cinq moyens d’autonomiser les enseignants et de faire progresser l’apprentissage
À l'occasion de la Journée mondiale des enseignants, découvrez cinq façons dont les pays partenaires du GPE habilitent les enseignants et leur fournissent les compétences et ressources nécessaires pour être plus efficaces dans leur travail.
05 octobre 2017 par Alice Albright, GPE Secretariat, et Fred Van Leeuwen
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Lecture : 10 minutes
Suwaiba Yunusa, 29 ans, est la seule enseignante à l'école Janbulo Islamiyya à Roni, dans l'Etat de Jigawa au Nigéria. Crédit: GPE/Kelley Lynch
Suwaiba Yunusa, 29 ans, est la seule enseignante à l'école Janbulo Islamiyya à Roni, dans l'Etat de Jigawa au Nigéria.

Suwaiba Yunusa, 29 ans, enseigne à l’école primaire Janbulo Islamiyya à Roni, État du Jigawa, au Nigéria. Être la seule femme enseignante de l’école présente quelques difficultés, notamment le tabou social lui interdisant de se joindre à ses collègues masculins pour la pause-déjeuner. Mais cela lui donne également un gros avantage : être une femme permet à Suwaiba de jouer un rôle essentiel pour permettre à davantage de filles de venir apprendre à l'école, dans un pays où les enseignantes sont rares.

Sa présence rassure les parents qui envoient leur fille à l'école. Si les normes culturelles l'empêchent de travailler aux côtés de ses collègues masculins, elle, tout comme les autres femmes enseignantes, peut aider individuellement les filles en gérant les problèmes liés à la menstruation, chose qui serait inappropriée pour un enseignant homme. Mais surtout, elle est un modèle pour les filles, leur donne de l'espoir en montrant ce qu'elles peuvent accomplir grâce à l'éducation.

Si l’histoire de Suwaiba n’est pas unique dans des pays où femmes et hommes doivent surmonter de nombreux obstacles pour offrir une éducation de qualité à leurs élèves, sa situation met en lumière les difficultés courantes qui peuvent être surmontées. C’est pourquoi le Partenariat mondial pour l’éducation, et Education International œuvrent ensemble à l'autonomisation des enseignants dans le monde entier.

Les enseignants ont besoin de davantage de soutien pour être efficaces

Aujourd’hui, en cette Journée internationale des enseignants, les enseignants et les ambassadeurs de l’éducation du monde entier sont unis derrière le thème de l’année – « Enseigner en liberté, autonomiser les enseignants ».

De nouvelles estimations de l’Institut de la Statistique de l’UNESCO (ISU) montrent que plus de 617 millions d’enfants et de jeunes dans le monde n’apprennent pas suffisamment, bien que 400 millions d’entre eux soient scolarisés. L’autonomisation des enseignants est essentielle pour améliorer les acquis scolaires : ils sont en effet les acteurs en première ligne sans qui un apprentissage de qualité ne peut exister.

Selon l’ISU, 69 millions d’enseignants du primaire et du secondaire devront être recrutés d’ici 2030 pour garantir l'accès de tous les enfants à une éducation de qualité. Il nous faut davantage d’enseignants et nous devons leur donner les compétences et ressources nécessaires pour enseigner avec efficacité.

L'aide internationale aux enseignants doit être accrue

Le Partenariat mondial pour l'éducation collabore étroitement avec tous les partenaires clés, notamment les organisations d'enseignants, pour renforcer les systèmes éducatifs. Education International, la plus grande fédération mondiale de syndicats d’enseignants, représentant 32,5 millions d’enseignants dans 171 pays, est membre du Conseil d’administration du GPE et s’implique activement dans la formulation des politiques du partenariat et ses décisions programmatiques. Aux yeux des deux organisations, les enseignants forment une voix essentielle pour formuler les politiques, car ils sont au plus proche de la réalité des écoles.

Le besoin d'outils, de temps et de confiance est au cœur des difficultés rencontrées par les enseignants. Ceux-ci ont en effet besoin des outils et ressources adéquats pour bien faire leur travail ; ils ont besoin de temps pour préparer correctement leurs leçons ; et ils ont besoin de la confiance des élèves, des parents, de la direction de l’école et des pouvoirs publics pour être en capacité de réaliser leur propre potentiel. La participation aux Groupes locaux des partenaires de l’éducation (GLPE) permet au groupe constitutif de la profession de siéger autour de la table et de bâtir une responsabilité mutuelle dans les plans de l’éducation.

Le Partenariat mondiale pour l’éducation souligne cinq moyens par lesquels les systèmes aidés permettent l’autonomisation des enseignants :

  1. La formation et le développement des enseignants. Comme pour toute profession, les enseignants qualifiés doivent être bien préparés pour être efficaces. Ils doivent développer les compétences leur permettant de motiver les enfants, de gérer une salle de classe, de maîtriser les matières essentielles et de s'occuper des besoins quotidiens et des progrès de leurs élèves. De même, les administrateurs d’éducation dans les établissements individuels et au niveau du système éducatif, doivent également apprendre comment être des responsables éducatifs en créant des équipes, en budgétisant les maigres ressources, en effectuant le suivi des apprentissages et en soutenant leurs enseignants.
  2. C’est pourquoi quasiment tous les pays en développement partenaires du GPE font du développement des enseignants une priorité (93 % des financements du GPE comportent une composante d’investissement dans le développement des enseignants). Ces dernières années, le soutien du GPE au développement des enseignants a plus que doublé, passant de 98 000 enseignants formés en 2014 à 238 000 en 2016.

  3. Des matériels pédagogiques de haute qualité. Pour mobiliser la totalité du potentiel de leurs élèves, les enseignants ont besoin d’outils appropriés : des manuels scolaires et des matériels pédagogiques à jour, créés à partir de méthodes pédagogiques probantes et écrits dans une langue que les élèves comprennent.
  4. À ce jour, le GPE a contribué à la distribution de plus d'1,6 milliard de manuels scolaires dans les pays en développement partenaires. Au Togo, par exemple, le GPE soutient le développement de nouveaux programmes scolaires et la fourniture de manuels scolaires et de guides de l’enseignant en maths et en lecture pour les premières années de toutes les écoles primaires.

  5. Des classes de taille appropriée. Les élèves réussissent mieux dans une classe avec moins d’élèves et des enseignants qui peuvent mieux s’adapter à leur niveau.  
  6. De nombreux pays en développement partenaires du GPE sont parvenus à réduire le ratio élèves/enseignant. Par exemple, le Mozambique a réussi à baisser le nombre d’élèves de primaire pour un enseignant formé de 96 à 61, le Sénégal de 79 à 45 et le Népal de 57 à 26.

  7. Un meilleur suivi des acquis scolaires. De la salle de classe à l’ensemble du système, les données relatives aux acquis scolaires sont nécessaires pour comprendre les niveaux d'apprentissage actuels et trouver des solutions aux obstacles caractérisant l'apprentissage de certains groupes. Les éducateurs doivent connaître et utiliser une variété de stratégies pédagogiques pour les aider à adapter leur enseignement.
  8. Les modèles opérationnel et de financement basé sur les résultats du GPE incitent les pays en développement partenaires à renforcer le suivi des acquis scolaires, notamment par des exigences en termes de données. Au Bangladesh, par exemple, le GPE soutient des évaluations nationales en classe, ainsi que des évaluations des acquis scolaires au niveau du système. Le GPE a également créé l’initiative Évaluation au service des apprentissages (Assessment for Learning – A4L) pour renforcer les capacités des systèmes nationaux d’évaluation des acquis scolaires.

  9. Davantage de temps pour la planification et l'enseignement. Pour de nombreux enseignants, consacrer suffisamment de temps dans la journée aux activités pédagogiques qui permettent aux élèves d’apprendre est un combat quotidien. Les données des pays de l’Afrique subsaharienne montrent que sur une moyenne de 5,5 heures de temps de classe quotidien, les enseignants n’en consacrent que près de la moitié à l’enseignement et doivent souvent s'acquitter de tâches administratives qui empiètent également sur une grande partie de leur temps de préparation.

Le GPE cherche désormais à lever 3,1 milliards de dollars entre 2018 et 2020 en soutien à l'éducation de 870 millions d’enfants dans 89 pays en développement. Ces fonds garantiraient la formation de 1,7 million d‘enseignants, la construction de 23 800 salles de classe et la distribution de 204 millions de manuels scolaires. Ceci sera essentiel pour contribuer à l’autonomisation des enseignants grâce aux compétences dont ils ont besoin, au renforcement des systèmes éducatifs et, au final, à l'obtention de meilleurs résultats de l’apprentissage.

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