Combattre la violence par l'éducation au Honduras
Le Honduras enregistre l'un des taux de criminalité les plus élevés au monde. Pour briser le cycle de la violence, le plan d'éducation du pays pour la période 2018-2030 appelle à promouvoir une éducation de qualité, inclusive et équitable en vue d'atteindre cet objectif important.
02 août 2018 par Secrétariat du GPE
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Des enfants lisant un livre assis sur des escaliers à l'extérieur pendant qu'un enseignant leur fournit certaines explications dans la cour d'une école au Honduras. Crédit: GPE/Paul Martinez
Des enfants lisant un livre assis sur des escaliers à l'extérieur pendant qu'un enseignant leur fournit certaines explications dans la cour d'une école au Honduras.

Avec l'un des taux de criminalité les plus élevés au monde, le Honduras est en butte à des obstacles majeurs à son développement social, économique et humain. Dans un effort visant à rompre le cycle de la violence, le gouvernement a élaboré une nouvelle stratégie d'éducation pour la période 2018-2030 qui appelle à promouvoir une éducation inclusive et équitable de qualité, appuyant la réalisation de cet objectif primordial.

Le Honduras est l'un des pays les plus violents du monde en raison de son taux élevé d’homicides : [1] près de 44 meurtres pour 100 000 personnes y ont eu lieu en 2017. [2] Ces niveaux de violence sont causés par une combinaison de facteurs incluant le crime organisé, la présence de maras (gangs), ainsi que les taux élevés de pauvreté et d'inégalité.

La prévalence de la criminalité et de la violence est devenue un problème de développement croissant dans le pays, affectant les opportunités de progrès, menaçant les moyens de subsistance et affectant négativement les perspectives d'emploi des jeunes. En outre, cela porte gravement atteinte au développement économique du pays : on estime que la violence au Honduras se traduit par une perte de 8 à 10 % du PIB par an, résultant en grande partie des coûts liés à la santé, au système judiciaire/aux prisons et aux services de police, pour ne nommer que quelques éléments.

La réduction de la violence nécessite une combinaison de facteurs, incluant, mais sans s'y limiter, une stratégie à long terme visant à renforcer le système judiciaire, à réduire l'impunité et à améliorer la responsabilité du gouvernement. Cependant, il faut aussi déployer davantage d'efforts pour renforcer l'accès à une éducation de qualité, afin de donner aux jeunes une alternative valable à la violence.

L'éducation comme tremplin pour réduire le crime et la violence

Chaque année d'éducation réduit les risques de conflit d'environ 20 %

L'éducation peut jouer un rôle clé dans la réduction de la violence : elle peut favoriser les comportements et développer les valeurs nécessaires pour obtenir des changements d’attitude, ce qui permet aux individus enclins à la violence de l'éviter et de prévenir les conflits. En outre, l'éducation peut autonomiser les apprenants tout en inculquant le respect des droits humains, l'égalité des sexes et la diversité culturelle.

Le plan sectoriel de l'éducation du Honduras pour la période 2018-2030 (qui devrait être lancé plus tard cette année) a été élaboré avec le soutien du GPE. Le plan promeut l'éducation comme un instrument clé visant à réduire la prévalence de la violence et décrit plusieurs stratégies pour atteindre cet objectif.

Le financement pour la préparation du plan du GPE de 500 000 dollars, alloué au Honduras, a contribué à l'élaboration d'une analyse sectorielle complète qui a servi de base à la conception des programmes et stratégies décrits dans le plan d'éducation.

Le rôle du GPE en tant qu'organisateur a aidé le gouvernement du Honduras à rétablir un dialogue entre les partenaires. Plus de 250 personnes représentant plus de 50 institutions ont participé au processus, ce qui a favorisé la responsabilisation et le consensus entre les partenaires.

Élargir les rôles des écoles

Dans le but de promouvoir l'apprentissage tout au long de la vie, le plan d'éducation propose de lancer un programme d'écoles ouvertes. Ce programme consiste à mettre à la disposition de la communauté des espaces scolaires pour une variété d'activités éducatives, à rompre l'isolement institutionnel des écoles en les transformant en un abri contre la violence tout en renforçant les liens communautaires.

Le programme des écoles ouvertes vise à créer un environnement optimal où les espaces et les ressources scolaires sont utilisés pour les programmes d'éducation non formelle. De cette façon, il s'assure que les communautés gravitent vers les écoles à mesure que leur utilisation s'étend à l'ensemble de la communauté.

Pour faire en sorte que les écoles deviennent des centres d'apprentissage favorisant l'apprentissage tout au long de la vie, le plan recommande d'améliorer l'infrastructure scolaire, de construire de nouvelles écoles et d'accroître la disponibilité de matériel didactique.

Prioriser l'éducation pour les apprenants les plus jeunes

Les données montrent que l'éducation de la petite enfance contribue à l’acquisition des compétences émotionnelles, sociales et intellectuelles, ce qui peut aider les enfants à éviter de devenir victimes ou auteurs d'actes criminels plus tard dans la vie. Compte tenu du rôle clé joué par l'éducation de la petite enfance en tant que premier moyen de dissuasion contre la violence et la criminalité, le Honduras en a fait une priorité dans son plan d'éducation.

Le manque d'enseignants qualifiés constitue l'un des principaux obstacles à un meilleur accès à une éducation de la petite enfance de qualité. Souvent, les enseignants n'ont ni les compétences ni le niveau requis de connaissances professionnelles.

Dans le but de surmonter ce défi, le plan d'éducation présente plusieurs stratégies, afin de s'assurer que les enseignants sont préparés à dispenser une éducation de qualité, en particulier à ceux ayant des besoins spéciaux, et à répondre aux besoins des contextes sociaux. Les enseignants doivent être également préparés à répondre au manque d'inclusion dans la classe, à la discrimination, au crime et à la violence au sein de la communauté.

Améliorer l'équité dans l'éducation

Selon plusieurs études, le manque d'équité est étroitement lié aux niveaux élevés de violence, affectant régulièrement les jeunes issus de milieux pauvres et sous-éduqués. Dans ce contexte, le Honduras a identifié que l'une des principales composantes réduisant la criminalité et la violence dans les communautés était une équité accrue.

Identifié comme l'un des principaux piliers du plan d'éducation, l'équité permettra de surmonter les obstacles qui entravent l'accès, la participation et l'augmentation des taux d'achèvement des études pour chaque enfant et chaque jeune dans une communauté. En d'autres termes, ce plan placera au premier plan le droit à une éducation de qualité pour tous, sans distinction de sexe, de religion ou de statut social.

La violence généralisée représente un défi majeur pour le Honduras. La conception de stratégies visant à réduire ce problème est devenue l'une des principales priorités du gouvernement. L'engagement du Honduras à renforcer l'accès à une éducation de qualité s’attaque à certaines des causes profondes de la violence et constitue donc un pas dans la bonne direction.

Pour des ressources supplémentaires

  1. Selon une étude réalisée par l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime en 2013, le taux moyen de meurtres dans le monde était de 6,2 pour 100 000 habitants.
  2. Observatory of Violence at the National Autonomous University of Honduras

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