Comment l’éducation sort gagnante contre Boko Haram
Boko Haram est peut être perdant, mais il reste beaucoup à faire pour accroitre le nombre d'enfants qui vont à l'école au Nigéria. Plus de 10 millions d'enfants ne sont pas scolarisés, dont 90 % vivent au nord du pays, où ils font face à de nombreux dangers, dont le recrutement possible par Boko Haram.
14 août 2014 par Philip Obaji Jr., 1 GAME Campaign
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Lecture : 7 minutes
Etudiantes au Nigéria. Credit: A World At School/Nick Cavanagh

Ce blog fait partie d’une série d’articles sur la jeunesse que nous publions cette semaine à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse, célébrée chaque année le 12 août. Le Partenariat mondial pour l’éducation se fait un devoir d’associer les jeunes à son action, en tant que membres importants de notre partenariat.

Le mercredi 25 septembre 2013 est un jour que je n’oublierai jamais. C’était ma deuxième journée à Gamboru, un village situé près de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, au nord-est du Nigéria. Arrivé à Gamboru la veille, je devais rencontrer les membres locaux de 1 GAME Campaign, une organisation que j’ai créée pour permettre aux enfants vulnérables du Nigéria d’avoir accès à une éducation de qualité. L’objet de ma visite était d’observer par moi-même le travail accompli les semaines précédentes dans le cadre de notre campagne auprès des enfants non scolarisés et de leurs familles. Je voulais également rencontrer les responsables locaux pour trouver des moyens efficaces d’encourager les parents à envoyer leurs enfants à l’école.

Attaque par les militants de Boko Haram

Ce mercredi, le complexe a été pris d’assaut par un groupe de militants de Boko Haram réclamant le « type de la campagne 1 GAME ». À ce stade, presque tout le monde au village avait entendu parler de la campagne. Plus de 500 volontaires participaient à notre effort de sensibilisation porte-à-porte pour encourager les parents à envoyer leurs enfants à l’école ; 10 000 cahiers et crayons avaient été distribués aux écoliers, et de nombreux villageois avaient reçu un T-shirt portant le slogan de la campagne 1 GAME, Education Defeats Violence (l’éducation l’emportera sur la violence). À l’évidence, j’était l’homme que cherchait Boko Haram.

Mais au lieu de leur dire où je me trouvais, les villageois m’ont aidé à m’échapper en me faisant passer pour un enseignant islamique local. Leur action montre qu’ils en ont assez de l’analphabétisme et de la pauvreté et qu’ils veulent un avenir meilleur pour leurs enfants, un avenir que seule l’éducation peut leur apporter. En défendant l’éducation, les habitants de Gamboru avaient fait le premier pas vers la défaite de Boko Haram.

Lorsque plus de 200 écolières ont été enlevées à Chibok, le Nigéria a démontré son unité. Des milliers de personnes ont manifesté à travers le pays pour réclamer leur libération. Les dirigeants locaux dans le nord du pays, jusqu’alors muets, se sont enfin exprimés. Puis la campagne #BringBackOurGirls (Ramenez-nous nos filles) lancée sur Twitter a attiré l’attention mondiale.

La communauté internationale a soutenu le Nigéria et Boko Haram s’est retrouvé seul. Il est clair que les ravisseurs perdaient la partie. Notre solidarité a marqué un autre pas vers la défaite de Boko Haram.

Il reste beaucoup à faire pour éduquer tous les enfants du Nigéria...

Mais si Boko Haram perd pied, il reste encore beaucoup à faire pour accroître le nombre d’enfants scolarisés. Plus de 10 millions d’enfants au Nigéria n’ont pas accès à l’éducation. Près de 90 % de ces enfants vivent dans le nord, où ils sont exposés à de nombreux dangers, y compris le risque d’être recrutés par Boko Haram.

La grande majorité des enfants qui vivent dans le nord du Nigéria sont connus sous le nom d’almajiris, c’est-à-dire des enfants envoyés par leurs familles vivre auprès de professeurs des écoles coraniques, appelés mallams. La plupart des familles pauvres n’ont pas les moyens d’offrir une éducation de qualité à leurs enfants, qu’elles confient aux mallams pour leur enseigner le Coran, mais sans obligation de les nourrir. Les almajiris doivent donc mendier pour survivre. À l’âge de 14 ans, ces enfants se trouvent sur une voie sans issue au Nigéria, où ils représentent l’une des plus grandes catégories d’enfants sans accès à une éducation normale.

… notamment dans le nord du pays

En Afrique, c’est dans le nord du Nigéria que l’on trouve le plus grand nombre de pauvres et de personnes économiquement faibles.

Le Nigéria est l’un des pays qui comptent le plus d’enfants non scolarisés. Mais le gouvernement reconnaît aujourd’hui la nécessité de prendre des mesures plus concrètes pour scolariser tous les enfants. Les dirigeants politiques à Abuja sont conscients que pour vaincre Boko Haram, ils doivent faire preuve de courage en donnant aux almajiris les moyens de réussir dans un Nigéria démocratique - ce qui passe par une éducation de qualité.

Faire de l’éducation une priorité, un premier pas sur la bonne voie

Lors de la Conférence pour la reconstitution des ressources du Partenariat mondial pour l’éducation, tenue en juin à Bruxelles, Le Nigéria s’est engagé à continuer d’accroître ses investissements annuels dans le secteur de l’éducation. Le pays a régulièrement augmenté les crédits budgétaires alloués à l’éducation, qui ont plus que doublé depuis 2011 et représentent entre 9 et 10 % du budget annuel.

À présent que le gouvernement nigérian s’est engagé à intensifier son action et que les communautés du nord du pays n’hésitent plus à promouvoir ouvertement l’éducation, les terroristes savent qu’ils sont seuls. Une chose est claire : l’éducation sort gagnante contre Boko Haram.

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