COP25 : le monde entier a tout à gagner si nous agissons correctement pour les enfants d’Afrique

Alors que les dirigeants du monde se réunissent pour la Conférence annuelle des parties à Madrid, il nous est rappelé que nous devons réorienter l’éducation, afin d'en faire un élément majeur du travail et des débats autour de l’action pour le climat.

05 décembre 2019 par James Kassaga Arinaitwe, Teach For Uganda, et Folawe Omikunle, Teach For Nigeria
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Lecture : 5 minutes
Crédit: Teach For Nigeria
Credit: Teach For Nigeria

Adesuwa Ochonma, enseignante au Nigéria, a récemment emmené ses élèves en excursion dans une lagune où elle leur a montré d'énormes îlots de déchets plastiques accumulés dans l'eau et leur en a expliqué les effets dévastateurs.

À près de 4 800 km de là, en Ouganda, des enfants de l’école primaire St. Jude Muwangi ont appris à recycler, à planter des arbres et à plaider auprès de leurs parents et de leurs communautés, dans un club environnemental dirigé par les enseignants Charles Obore et Carol Seera.

L'éducation est essentielle dans la lutte contre le changement climatique

Alors que les dirigeants du monde se réunissent cette semaine pour la Conférence des parties (COP25) qui a lieu cette année à Madrid, nous en connaissons les gros titres et nous savons à quel point la situation est sombre pour l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Nous avons appris récemment que les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère avaient une fois encore atteint de nouveaux pics. Le moment n'a jamais été aussi critique.

La jeune activiste Greta Thunberg, a traversé l’Atlantique jusqu’à Madrid, juste après avoir encouragé des millions de jeunes à travers les États-Unis. Elle est brillante et rappelle durement que les voix des jeunes et des locaux se font rares dans la prévention de cette catastrophe imminente - les voix de ceux qui sont et seront les plus touchés par le changement climatique. Nous ne pouvons pas mettre tous nos œufs dans le même panier a exhorté Greta.

Pour bien faire les choses, nous devons réorienter l’éducation, afin qu’elle devienne un acteur majeur du travail et des débats sur l’action climatique. Le mois dernier, l'Italie est devenue le premier pays à avoir rendu obligatoire à l’école une matière traitant des changements climatiques. Les autres pays doivent suivre l’exemple.

Nous devons enseigner aux enfants à comprendre les dangers du changement climatique et la valeur de l'air pur, de l'eau et de la terre. En raison de la mobilisation des jeunes, la ville de New York a permis à 1,1 million d'enfants de ne pas aller à l'école le 20 septembre pour assister à la manifestation sur le changement climatique avant le Sommet Action Climat des Nations Unies. La même semaine, un groupe d'enfants a déposé une plainte auprès du Comité des droits de l'enfant des Nations Unies, pour protester contre le manque d'action du gouvernement en matière de changement climatique.

Nous devons accélérer les progrès en matière d'éducation

Mais le changement climatique n'est pas le seul des 17 objectifs de développement durable sur lequel il faut se pencher. Pour atteindre les objectifs à l'horizon 2030, il faudra des efforts héroïques. Pour répondre à nos aspirations mondiales, notamment en inversant le changement climatique, nous devons révolutionner l'éducation. En particulier en Afrique.

L'Afrique abrite la population de jeunes dont la croissance est la plus rapide dans le monde. D'ici 2050, elle comptera un milliard d'enfants. Nous devons fournir des outils et des perspectives pour permettre à ces enfants de réaliser leur potentiel et de façonner nos sociétés qui sont en constante mutation.

À l’occasion du 30ème anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, l’UNICEF a publié un rapport (en anglais) soulignant la lenteur de la réduction de la proportion d'enfants non scolarisés à travers le monde et en Afrique en particulier. Le rythme du changement est encore plus lent : on estime à 1,3 million le nombre d’enseignants supplémentaires nécessaires d’ici 2030, rien que pour maintenir les ratios élèves/enseignant actuels en Afrique, qui, dans de nombreux endroits, atteignent déjà leur paroxysme.

Rien qu’au Nigéria, près de 40 % des enfants ne vont pas à l’école primaire – environ 13,2 millions d’enfants – ce qui représente près d’un enfant sur cinq non scolarisé dans le monde. Parmi ceux qui achèvent l’école primaire, moins de 25 % peuvent lire un paragraphe.

Dans un nouveau rapport (en anglais) de la Banque mondiale, un autre chiffre alarmant est mis en lumière : près de 87 % de tous les enfants d'Afrique subsaharienne ne sont pas capables de lire couramment à l'âge de 10 ans. Ils appellent cela « La pauvreté des apprentissages ». Les effets du changement climatique ont des conséquences sur les Africains, mais beaucoup ne seraient même pas capables de lire le panneau « Ne pas jeter », encore moins plaider pour le renforcement de politiques climatiques.

Former les dirigeants africains de demain

La prochaine génération doit s'engager à soutenir l'éducation, afin de pouvoir répondre à nos aspirations. La bonne nouvelle est que les jeunes Africains sont désireux de le faire. De nombreux exemples d'initiatives de leadership local existent, mais elles nécessitent beaucoup plus de soutien et d'attention.

L'African Leadership Academy (ALA) dote les adolescents prometteurs de tout le continent des compétences en leadership entrepreneurial, en plus des matières académiques de base. 1 180 anciens élèves de l'ALA sont en train de catalyser un changement profond, avec 177 entreprises lancées, telles qu'une école au Soudan du Sud qui développe les compétences en matière de consolidation de la paix. L’ALA a pour objectif, dans les 50 prochaines années, de développer les capacités de leaders de 3 millions de personnes sur le continent.

Dans les pays d’Afrique subsaharienne, CAMFED a aidé plus de 3 millions de filles à aller à l’école et à acquérir des capacités de leadership. Sur plus de 138 000 anciennes élèves, près de 20 000 ont créé leur propre entreprise et 61 000 occupent des postes de direction dans leurs communautés locales, aux niveaux national et international.

Les organisations du réseau Teach For All au Ghana, au Libéria, au Maroc, au Nigéria, en Tanzanie et en Ouganda s'emploient à recruter de futurs dirigeants prometteurs qui élargiront les possibilités d'éducation pour tous les enfants. Grâce à notre bourse d’enseignement sur deux ans dans des classes défavorisées, nous sommes déjà témoins des résultats.

Les jeunes de nos pays réclament une chance de façonner l'avenir de leur pays : depuis 2017, Teach For Nigeria a reçu 98 000 candidatures. Nous constatons également les résultats du recrutement et de l’investissement dans le leadership. Nos diplômés ont, entre autres :

  • commencé une école pour filles
  • crée des outils techniques
  • fourni des lampes solaires aux élèves
  • mobilisé des ressources pour l'achat d'uniformes scolaires
  • créé une initiative pour éduquer les élèves sur la santé sexuelle.

L’Afrique a besoin d’une nouvelle génération de dirigeants. Nous avons besoin d’investir dans les capacités locales nécessaires pour créer un réseau durable de dirigeants œuvrant à la fois au sein et en dehors du secteur de l’éducation. Sur ces 98 000 candidatures enregistrées au Nigéria, seules 261 personnes ont été retenues, à cause des ressources limitées.

L'éducation est l'objectif de développement qui nécessite une attention particulière, surtout si nous voulons résoudre le problème du changement climatique.

Crédit: Teach For Nigeria

Les objectifs de développement durable ne pourront être pleinement atteints que lorsque l’éducation deviendra une priorité absolue. Les deux doivent aller de pair.

Nous exhortons les dirigeants du monde à intensifier leurs efforts cette semaine en matière de changement climatique, mais également à reconnaître la nécessité d'investir beaucoup plus dans l'éducation et à soutenir le leadership local dans les pays en développement.

Nous devons créer un formidable réseau de dirigeants déterminés qui comprennent les causes profondes de l’inégalité et les nombreux problèmes causés par une population peu instruite. Nous avons choisi de travailler dans le domaine de l’éducation parce que nous devons réussir dans ce domaine en Afrique : c’est ce qui créera un monde meilleur pour nos enfants – et pour nous tous.

Ce blog a été adapté d'un article publié dans Medium (en anglais)

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