Des jeunes militantes pour le droit à l'éducation s'expriment sur la normalisation de la santé menstruelle

La menstruation affecte l'assiduité et la participation des filles à l'école. C'est pourquoi les jeunes leaders du GPE tirent la sonnette d'alarme sur l'importance de tirer parti de l'éducation pour améliorer l'hygiène menstruelle des filles, car les liens entre la santé menstruelle, l'égalité des genres et l'éducation sont très forts.

26 mai 2023 par Secrétariat du GPE
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Lecture : 6 minutes
Une élève dans sa salle de classe à l'école primaire de Murape au Zimbabwe. Crédit : GPE/ Carine Durand
Une élève dans sa salle de classe à l'école primaire de Murape au Zimbabwe.
Credit: GPE / Carine Durand

Le 26 mars 2023, le GPE et l’ONG Filles, Pas Épouses ont organisé un webinaire pour mettre en évidence les liens entre l'hygiène menstruelle, l'égalité des genres, les mariages précoces et l'éducation, à l’occasion de la Journée mondiale de l'hygiène menstruelle, commémorée le 28 mai de chaque année.

Dans le cadre de nos activités pour marquer cette journée, trois jeunes leaders du GPE ont partagé leurs points de vue sur les liens entre l'éducation, l'égalité des genres et la santé menstruelle, et sur l'importance de tirer parti de l'éducation pour améliorer l'hygiène menstruelle de toutes les filles.

Maria José

Maria José est une jeune leader du GPE âgée de 28 ans. Elle est originaire du Guatemala où elle milite pour les droits des personnes handicapées. Elle est membre du groupe consultatif des jeunes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Guatemala. Elle collabore également avec l'organisation Miss Wheelchair Guatemala. Maria José est convaincue que le sport contribue à créer un monde meilleur et à donner aux individus les moyens d'exercer leurs droits. Elle aime se décrire comme rêveuse imparable et fervente défenseuse de l'éducation.

Tendai

Tendai est une jeune leader du GPE âgée de 22 ans, originaire du Zimbabwe. Elle est très dynamique et passionnée par l’évolution des droits des filles et des jeunes femmes en matière de santé sexuelle et reproductive, de prévention du VIH, d'égalité des genres et d'éducation. Tendai est la cofondatrice du réseau Development Agenda for Girls and Women in Africa Network (Programme de développement pour les filles et les femmes en Afrique) et membre du groupe d'action des jeunes de Generation Unlimited.

Sovanvotey (Votey)

Sovanvotey (Votey) est une jeune leader du GPE âgée de 27 ans, originaire du Cambodge. Militante pour la santé menstruelle et le climat, elle est la fondatrice de Green Lady Cambodia, qui a initié des échanges sur la santé menstruelle pour parler de la honte liée aux règles, sensibiliser à la santé menstruelle et aux choix pour les filles dans les salles de classe des écoles publiques. À travers ces activités, elle initie des débats sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, l'éducation sexuelle complète et les normes de genre néfastes. Elle croit en l'amélioration des compétences psychosociales d'une manière non conventionnelle dès lors qu’elles constituent la clé d'un avenir meilleur pour tous.

Quels défis liés à l'hygiène menstruelle et l'éducation des filles rencontrez-vous dans votre travail et votre communauté ?

Tendai
« Le manque de préparation et de connaissances, ainsi que les mauvaises pratiques d'hygiène pendant les menstruations ont des conséquences négatives sur l'estime de soi et le développement personnel des filles, ce qui a ensuite des répercussions sur leur éducation. L'absence de points d’approvisionnement en eau, d'assainissement et d'hygiène a également entraîné la propagation d’infections chez les adolescentes et les jeunes femmes, qui sont plus fréquentes dans les zones rurales en proie à une pénurie d'eau. Les filles manquent parfois l'école à cause des crampes menstruelles et éprouvent ensuite des difficultés à rattraper leur retard. Certaines filles avec lesquelles je travaille ont signalé qu'elles manquaient au moins 7 heures de cours par mois, ce qui correspond à un total de 63 heures par année scolaire. »
Tendai
Maria Jose
« Les règles sont un phénomène naturel que toutes les femmes subissent, mais elles deviennent un véritable problème lorsque les femmes ne peuvent pas les gérer, ce qui est souvent le cas des femmes et des filles handicapées. Les filles et les femmes handicapées qui ont leurs règles peuvent avoir des besoins différents en fonction de leur handicap. Par exemple, les filles et les femmes atteintes d’un handicap physique dans le haut du corps et les bras peuvent éprouver des difficultés à mettre des produits d'hygiène intime, à se laver ou à laver leurs vêtements. Les malvoyantes peuvent rencontrer des difficultés à vérifier qu'elles se sont bien nettoyées. Celles qui souffrent de troubles cognitifs ou intellectuels sont susceptibles d’avoir besoin de matériel accessible et facile à lire et à comprendre, spécialement conçu pour les aider à décrire leur douleur, à faire part de leurs besoins et à s'informer sur la santé et l'hygiène menstruelles. Un autre aspect problématique est le manque d’instruction et d'informations accessibles dans un langage simple pour les personnes handicapées et de matériel en format numérique qui partage la conception universelle de l'accessibilité pour les personnes handicapées. »
Maria Jose
Votey
« Je travaille souvent avec des filles qui éprouvent des difficultés à gérer leurs produits d'hygiène menstruelle à cause de leur manque d’instruction. Il s’agit d’un problème majeur que je rencontre souvent. Par exemple, une élève de 13 ans à qui j’ai donné un cours sur la façon de coudre des serviettes hygiéniques lavables avait du mal à sécher correctement son matériel hygiénique. Après une brève conversation de 15 minutes, j'ai pu lui donner les serviettes nécessaires et davantage de serviettes lavables, et la guider pour qu'elle prenne soin de son hygiène, en particulier pendant ses règles. Elle m’a ensuite également confié d'autres problèmes qu’elle rencontrait et j'ai pu lui expliquer comment en parler à son tuteur. »
Votey

Comment plaidez-vous en faveur de l'hygiène menstruelle des filles et de l'amélioration des normes sociales en matière d'égalité des genres et d'éducation des filles ?

Maria Jose
« Mes efforts portent essentiellement sur l'autonomisation des personnes handicapées et sur la connaissance de leurs droits. Cela comprend les droits sexuels et reproductifs, ainsi que les garanties qui doivent être exigées. À cet égard, il est important d'informer et de sensibiliser les personnes handicapées et la société au fait que la santé et l'hygiène menstruelles ne devraient pas être un tabou ni un mythe pour personne, en particulier pour les personnes handicapées. »
Maria Jose
Tendai
« Dans mon travail, je m’évertue d’animer des conversations numériques avec des adolescentes et des jeunes femmes sur ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, les mythes et les faits en ce qui concerne la gestion de la santé menstruelle, ainsi que des discussions permettant de partager des connaissances sur les meilleurs produits d'hygiène menstruelle à utiliser. Je souhaite que les filles et les jeunes femmes lancent et mènent des campagnes sur l'hygiène menstruelle, visant à mettre à disposition des installations d’approvisionnement en eau, d'assainissement et d'hygiène suffisantes et de meilleure qualité, ainsi que des produits abordables dans les écoles afin d’améliorer la fréquentation scolaire des filles et des jeunes femmes issues des communautés pauvres. »
Tendai
Votey
« Le rapport régional sur la santé menstruelle en Asie et dans le Pacifique stipule que briser les préjugés et les tabous sur la menstruation reste la meilleure solution pour faire avancer les droits des filles et la société à tous les niveaux. À travers Green Lady Cambodia, je collabore avec des ONG et le ministère de l'Éducation pour toucher les adolescentes dans les écoles publiques et leur proposer des formations sur la santé menstruelle, des ateliers sur la façon de coudre des serviettes hygiéniques lavables, la formation des pairs éducateurs, ainsi que des ressources telles que des livres et des vidéos. Nous sommes également en contact avec des partenaires internationaux, tels que le FNUAP (Fonds des Nations Unies pour la population), pour faire accélérer les progrès en matière de menstruation au niveau local et sensibiliser l'opinion publique. »
Votey

Quelles sont les solutions qui, selon vous, pourraient être adoptées à plus grande échelle pour promouvoir la santé menstruelle des filles ?

Votey
« Un plus grand nombre d'interventions sont nécessaires pour faire valoir la santé menstruelle et en faire une priorité. Les gouvernements doivent allouer des ressources financières pour faire face aux problèmes. Par exemple, nous ne disposons toujours pas d’un nombre suffisant d’installations pour les filles qui ont leurs règles. Nous avons également besoin de plus de jeunes qui s’impliquent pour pouvoir combler les lacunes des programmes scolaires. Il est essentiel que les jeunes participent à l'élaboration des programmes scolaires afin de garantir des discussions approfondies sur l'hygiène menstruelle, les droits sexuels et reproductifs, et sur l’égalité des genres, en particulier dans les écoles publiques. »
Votey
Maria Jose
« Nous devons nous assurer que les filles et les femmes handicapées soient prises en compte dans la production de données probantes, ainsi que dans l'apprentissage de la santé et de l'hygiène menstruelles. Les filles et les jeunes femmes devraient être impliquées dans les groupes de travail et les tables rondes sur la santé et l'hygiène menstruelles, ainsi que dans les services et les entités qui œuvrent en faveur de la protection des droits des enfants et des femmes handicapés. Les gouvernements et les autres acteurs devraient former les professionnels du secteur de la santé, de l'éducation, ainsi que de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène à communiquer avec les filles et les femmes handicapées sur la santé et l'hygiène menstruelles, et mettre en place des modules portant sur la santé et l'hygiène menstruelles spécialement conçus pour les personnes handicapées dans les établissements scolaires. Il est nécessaire de parler de la stigmatisation et de la discrimination, et de donner aux membres de la famille les moyens d'aider les filles handicapées à gérer leurs règles en toute sécurité et dans la dignité. Il faut élaborer des protocoles comprenant des dispositions relatives au genre et au handicap, et veiller à ce qu'ils soient accessibles et faciles à lire et à comprendre. Les gouvernements devraient également accroître leurs investissements dans les secteurs de l'éducation et de la santé axés sur l'hygiène menstruelle et veiller à ce que les personnes handicapées ne soient pas laissées de côté. »
Maria Jose
Tendai
« Nous devons encourager les discussions entre les hommes, les femmes et les chefs religieux sur la santé menstruelle. Cela permettra de briser les tabous et les préjugés à l’égard de la santé menstruelle. Il faut également multiplier les campagnes en faveur des produits d’hygiène menstruelle, telles que la campagne Pad a girl ».
Tendai

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