Doter les auteurs africains des moyens de publier des ouvrages de qualité dans les langues locales

Nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Le partenariat entre l’ADEA, USAID et l’Alliance mondiale du livre vise à garantir aux enfants africains l’accès à des ouvrages de lecture de qualité.

23 avril 2019 par Lily Nyariki, Association for the Development of Education in Africa (ADEA), et Aliou Sow, ADEA Working Group on Books and Learning Materials
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Lecture : 5 minutes
Deux jeunes filles lisant dans le même livre dans une école au Bénin. Crédit: GPE/Chantal Rigaud
Deux jeunes filles lisant dans le même livre dans une école au Bénin.

Ceci est le 4ème post publié en 2019 dans le cadre d’une collaboration lancée entre l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) et le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE).

Depuis 2016, l’Association pour le Développement de l’éducation en Afrique (ADEA) et l’Alliance mondiale du livre (AML), avec le soutien de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID), collaborent à la recherche de solutions face au manque d’ouvrages de lecture adéquats, pertinents et de qualité, de format imprimé ou numérique, pour les enfants d’Afrique. Ce partenariat s’attaque également à l’importante question de l’ouverture des droits pour les livres dans les langues nationales, afin de garantir un accès élargi et facile à tous et partout.

L’importance de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur en Afrique

La plupart des gouvernements africains n’ont pas réussi à s’entendre avec leur industrie de l’édition sur les moyens de garantir la satisfaction des besoins de lecture des enfants dans les ouvrages requis à l’école et à la maison, en particulier dans les langues locales. Tandis que nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, il nous est rappelé que les livres sont non seulement un outil éducatif important, mais également un moyen d’expression culturelle qui peut être utilisé pour diffuser paix et connaissance dans le monde.

Le livre se tient au point de rencontre des libertés humaines parmi les plus essentielles, au premier rang desquelles les libertés d’expression et d’édition. Ces libertés sont des libertés fragiles.

Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.

La Journée mondiale du livre et du droit d’auteur rend hommage aux livres et aux auteurs, encourageant chacun, et en particulier les jeunes, à découvrir le plaisir de lire et à renouveler le respect des irremplaçables contributions de ceux qui ont participé aux progrès sociaux et culturels de l’humanité.

C’est également la célébration des auteurs, illustrateurs, éditeurs et libraires, et surtout, la célébration de l’art de la lecture. En effet, il s’agit de la plus grande célébration de ce type, désignée par l’UNESCO comme la célébration mondiale des livres et de la lecture, fêtée dans plus de 100 pays partout dans le monde.

Lecture et compétences du 21ème siècle : veiller à ne pas faire des jeunes africains des laissés-pour-compte ?

La lecture est considérée avec raison comme la seule compétence dont dépend l’acquisition de toute autre compétence. En effet, sans la capacité de lire, en particulier dans sa langue maternelle, il ne serait pas possible à l’humanité d’acquérir des connaissances et des compétences essentielles à la réalisation de l’Agenda 2030 des Nations unies et de ses 17 Objectifs de développement durable (ODD), de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et de la Stratégie d’éducation continentale pour l’Afrique 2016-2025(CESA16-25).

L’ADEA, USAID et l’AML ont donc à cœur de collaborer étroitement avec des organisations aux intérêts similaires pour veiller à ne pas laisser pour compte les enfants d’Afrique, s’agissant de l’acquisition de compétences et d’habitudes si fondamentales, en particulier au 21ème

siècle, au cours duquel une vie réussie dépend de compétences spécialisées.

L’ADEA, USAID et l’AML préparent un forum en juin 2019 à Nairobi, au Kenya qui réunira des représentants de haut niveau de l’union africaine, des agences de développement international et des acteurs de l’industrie du livre en Afrique. Ce forum permettra de sensibiliser et discuter de la manière de prendre en compte la nécessité de politiques nationales du livre et de la lecture, un concept jusqu’à présent malheureusement ignoré des pays africains.

Les politiques nationales du livre et de la lecture sont nécessaires non seulement pour organiser l’industrie du livre, mais également pour garantir des contenus adéquats (et une diversité de contenus tant en termes de langues que de types de publication – formats papier et numériques-), en des lieux adéquats (accessibilité des librairies, bibliothèques et autres modes de distribution) et à des prix justes (économiques, tenant compte des conditions socioéconomiques des populations ciblées) de façon à soutenir une éducation de qualité et un apprentissage tout au long de la vie.

Des actes juridiques signés par les ministères de l’éducation et ceux en charge de la culture permettront d’appliquer les lois pour créer des Conseils nationaux du développement du livre et de la lecture (CNDLL). Leur objectif sera de conseiller les gouvernements en matière de renforcement et de mise en œuvre de la Loi sur le livre et de développement d’une Politique nationale du livre et de la lecture. Ils permettront également d’harmoniser les intérêts publics et privés, ainsi que les efforts pour un développement durable et démocratique du processus national d’édition.

Selon l’UNESCO, une politique nationale du livre et de la lecture est un ensemble cohérent de règlementations et d’indicateurs établi par l’autorité nationale pour régir le développement, la production, l’impression, la distribution et la diffusion des livres et d’autres ouvrages de lecture, dans le but de promouvoir une culture de la lecture.

L’appui de la plus haute autorité nationale est essentiel puisqu’il est non seulement question de l’allocation de ressources suffisantes, mais également d’accorder un statut officiel à la politique, afin qu’elle soit mise en œuvre.

Nous croyons que l’Afrique a besoin de se positionner pour atteindre les ODD au même titre que les objectifs qu’elle s’est fixée dans l’Agenda 2063 et la CESA 16-25, si elle veut rattraper le reste du monde. Les pays africains se doivent donc de formuler leur politique nationale du livre et de la lecture, et de créer un CNDLL.

Si c’est le cas, il y a de fortes chances qu’une stratégie durable soit mise en place, afin de garantir la création, la production, la distribution, la diffusion et l’utilisation des ouvrages de lecture pertinents à tous les niveaux dans des langues connues et comprises par l’usager, et dans des formats innovants et intéressants pour lui.

Comment rendre l’industrie du livre plus sensible aux besoins de lecture de tous

Le partenariat ADEA-USAID-AML organise des forums avec des acteurs de l’industrie du livre qui ont permis la formation d’une Collaboration de l’édition africaine (CEA), ainsi que favorisé une collaboration renforcée entre l’ADEA, l’Union internationale des éditeurs (UIE), le Réseau des éditeurs africains (APNET) et les Conseils nationaux du développement du livre (CNDL).

On espère que cette collaboration cruciale concentrera ses efforts pour rendre l’industrie du livre plus sensible aux besoins de lecture de tous. Cela est en parfaite cohérence avec l’objectif de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, qui célèbre les livres, la liberté d’éditer et celle de lire.

Rejoignez-nous et célébrons ensemble l’importance du développement de compétences en lecture et de l’accès à des ouvrages de lecture de qualité à tout moment et partout.

Souvenez-vous : « Le lecteur d’aujourd’hui est le leader de demain ! »

 

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Commentaires

Merci pour ce passage en revue des enjeux du droit d'auteur en Afrique. La thématique peut s'inspirer du droit d'auteur français, mais les enjeux sont autres :
- les normes ISBN ne sont pas toujours uniformisées en Afrique
- la plupart des pays n'ont pas d'association de protection des droits d'auteur ou de défense des auteurs
- encore peu d'éditeurs africains défendent leurs auteurs à l'extérieur du continent et ont donc des enjeux liés aux droits d'auteur.
Loin d'être laissés pour compte, je pense au contraire que les jeunes auteurs d'Afrique seront le fer de lance d'un changement.
C'est comme cela que l'entend http://lectorama.fr en tout cas.

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