Faire émerger les possibilités pour une meilleure représentation de la jeunesse dans l'éducation
José Mateo Dela Cruz, défenseur de la jeunesse, partage 5 leçons tirées de son parcours de militant pour le droit à l'éducation pour tous.
30 janvier 2019 par Jose Mateo Dela Cruz
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Caucus de la jeunesse lors de l'Assemblée mondiale de la CME. Crédit: CME
Caucus de la jeunesse lors de l'Assemblée mondiale de la CME.

« L’éducation pour tous ! L’éducation est un droit ! ».

C’est l'appel général des jeunes ambassadeurs de l’éducation, des leaders et syndicats d’étudiants, tout comme des organisations de la jeunesse. Dans les couloirs des institutions démocratiques (parlements, sénats, assemblées nationales) et dans la rue, les jeunes exigent des décideurs politiques, des autorités et des partenaires de développement qu’ils œuvrent ensemble pour jeter les bases d’une éducation de qualité, clés d’une vie et un avenir meilleurs pour chaque enfant et chaque jeune de la planète.

Si ces appels ont su rassembler les jeunes et les étudiants du monde entier dans la campagne en faveur de la réalisation de l’ODD 4, le défi de s'unir en un groupe constitutif représentant avec cohérence les parties prenantes est une des plus grandes ambitions des jeunes, des étudiants et de leurs soutiens. 

Créer un groupe constitutif mondial des jeunes de la société civile dans le secteur de l’éducation

Ancien leader étudiant et militant actif pour le développement de la jeunesse, je travaille depuis plusieurs années avec des acteurs variés à la création d'espaces dédiés pour la jeunesse au sein des ONG internationales, des Nations unies, des organisations intergouvernementales et des groupes de la société civile.

Créer de tels espaces constitue en effet un défi, car des forces de dissuasion existent dans les institutions, voire chez les jeunes eux-mêmes. Nous continuons cependant d’avancer pour accomplir notre mission et faire de cette aspiration une réalité, dans le but de libérer un monde de possibilités.

Premier groupe mondial des jeunes de la société civile

Fin juin 2018, j’ai eu la chance de travailler avec d’autres jeunes pour faire émerger la possibilité de lancer un groupe constitutif dans le secteur de l’éducation et instaurer un siège dédié à un membre du conseil issu de la jeunesse au sein de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME) - le plus grand mouvement mondial de la société civile pour l’éducation.

J’ai été désigné pour faire partie du Groupe de travail des jeunes de la CME et participer au Comité préparatoire du Groupe des jeunes lors de la 6ème Assemblée mondiale de la CME en novembre dernier à Katmandou, au Népal. Les préparatifs du Groupe des jeunes ont pris quatre mois, durant lesquels les représentants des jeunes ont œuvré aux côtés du Secrétariat de la CME et de son Conseil d’administration.

Au cours des réunions propres au Groupe des jeunes, nous avons pu observer une certaine solidarité entre les leaders régionaux et mondiaux du secteur éducatif et les jeunes, qui ont débattu des questions de l’éducation dans le monde et des réponses possibles en partenariat avec les jeunes.

Des discussions animées ont eu lieu entre les jeunes des pays du Nord et du Sud sur l’élargissement du rôle des jeunes au sein de la CME. Nous voulions veiller à créer ce groupe constitutif correctement.

Nous avons ainsi discuté et rédigé des ébauches de motions politiques sur le moyen de soutenir une nomination de jeune au Conseil d’administration de la CME, au Syndicat européen des étudiants, et d’articuler notre voix au sein de la CME. Le Comité préparatoire du Groupe des jeunes a rédigé des documents portant sur les objectifs, ainsi que des motions politiques auprès de l’ensemble de l’Assemblée mondiale de la CME.

La Secrétaire-générale adjointe aux Nations-Unies, source d’inspiration des jeunes pour sécuriser leur représentation dans les organismes mondiaux


Invitée d’honneur de l’Assemblée mondiale de la CME, la Secrétaire-générale adjoint des Nations-Unies, Amina J. Mohammed s’est directement adressée aux délégués de la jeunesse. Son conseil ? Que les jeunes repoussent les limites de leur représentation en visant une représentation de 30 % dans les organes décisionnaires, et qu’ils bousculent le statu quo.

Cela nous a mis du baume au cœur et nous a boostés pour développer nos objectifs : au lieu de nous contenter d’un seul siège au sein du Conseil d’administration de la CME, nous avons décidé d'élargir à deux sièges la représentation des jeunes. Cela a également inspiré un des jeunes délégués de Norvège, qui se présente pour un siège régulier au Conseil.

À la fin des élections et délibérations du conseil, j’ai été ravi de voir que les jeunes ont désormais 2 représentants au Conseil d'administration de la CME, l'un en vertu du siège alloué à la jeunesse, l’autre en vertu de la candidature à un siège régulier. Simultanément, un autre siège a été créé pour la jeunesse, dédié aux jeunes des pays du Sud, qui sera pourvu lors de la prochaine Assemblée mondiale spéciale.

Les OSC redoublent d’efforts pour intégrer les jeunes dans les coalitions nationales et régionales

Il y avait une forte représentation au sein des coalitions nationales et régionales, certains des délégués de la jeunesse proposant des motions politiques et votant au nom de leur délégation. Les jeunes délégués ont ainsi débattu avec des militants de longue date, des leaders de syndicats d'enseignants, des experts et militants de l’éducation chevronnés, dans un effort de reconstruction de la direction future du mouvement de la CME.

Faisant partie de la délégation américaine de la CME, j’ai également pu exposer mes pensées, débattre avec des leaders de la société civile de longue date et voter les motions politiques. Les secrétariats régionaux ont, quant à eux, promis de mettre en place, d’ici deux ans, des mécanismes visant à intégrer la représentation des jeunes et étudiants dans leurs structures de gouvernance.
 

Le début d’un effet de ricochet

Les développements actuels ont produit un effet de ricochet. La possibilité de créer des structures mondiales de groupes constitutifs de la jeunesse dans les organes de partenariats intergouvernementaux tels que le Partenariat mondial pour l'éducation et le Comité directeur de l’Éducation 2030 peut et doit être envisagée de façon plus approfondie. Ceci est également vrai pour les organes régionaux de l’Union africaine, de l'ASACR, de l’ANASE, etc.

Points importants à retenir

Voici certains des points importants dans le parcours d'ambassadeur de la jeunesse qui m’a mené au Groupe des jeunes de la CME et à la 6ème Assemblée mondiale et que je conseille aux jeunes de retenir :

  1. Souvenez-vous des choses non négociables – vous ne pouvez pas compromettre vos principes de base dans des négociations en faveur d'une évolution sociale. Il n’y a que par les principes et un leadership ferme qu’une négociation peut être menée avec une efficacité maximum.
  2. Face aux forces de dissuasion, trouvez un champion favorable à vos causes dans ce qui semble un système fermé pour les systèmes de gouvernance fermés ou les milieux hautement politiques, un partenaire ou facilitateur stratégique peut être essentiel pour créer l’ouverture en vue d’un changement. Ne perdez cependant pas confiance si votre partenaire n’est pas toujours d’accord avec vous. Restez dans les limites de votre partenariat.
  3. Dans les négociations, tout n’est jamais noir ou blanc, vous devez donc mesurer vos campagnes de façon non binaire, en adoptant plutôt des pourcentages de 0 % à 100 %. Les jeunes doivent avoir la résilience et la ténacité nécessaires pour continuer à progresser, étape par étape.
  4. Les jeunes doivent avoir une vision microscopique, télescopique et panoramique des questions, afin de prendre des décisions et mener des actions avisées, éclairées et bien raisonnées. Nous devons considérer chaque angle et perspective pour une analyse soigneuse, qui mènera à des décisions sages.
  5. Réunir les forces les plus importantes et les plus larges pour définir la ligne la plus claire - j’emprunte ces mots aux collègues du Conseil des étudiants de l’Université des Philippines, car faire progresser l’implication des jeunes nécessite le soutien d’alliés, sans lequel aucune pression n’est possible sur les décideurs et les acteurs non gouvernementaux. La solidarité internationale, les initiatives de terrain et les mouvements de la société civile doivent résonner en cohérence avec les préoccupations des jeunes et créer les espaces pour leur implication.

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