L’éducation non formelle : une alternative viable pour les enfants africains
À l'occasion de la Journée de l'enfant africain, l'ADEA présente les efforts qu'elle fournit afin de promouvoir l'éducation non formelle, en vue de s'assurer qu'aucun enfant ne soit laissé pour compte.
16 juin 2018 par Eléonore Justine Zongo/Ouedraogo, ADEA, et Youssouf Ario Maiga, ADEA
|
Lecture : 8 minutes
Un jeune garçon lisant à l'école d'Hidassie à Addis-Abéba en Ethiopie. Crédit: GPE/Midastouch
Un jeune garçon lisant à l'école d'Hidassie à Addis-Abéba en Ethiopie. Crédit: GPE/Midastouch

Ce blog est le cinquième blog publié en 2018 dans le cadre de la collaboration entre l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) et le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE), collaboration qui a débuté en 2017.

En commémoration de la mémoire des étudiants massacrés par le régime de l'apartheid - le 16 juin 1976, à Soweto, en Afrique du Sud - pour avoir protesté contre la qualité inférieure de leur éducation et exigé le respect de leur droit à un enseignement dispensé dans leur propre langue, l’Union africaine (UA) célèbre chaque année depuis 1991 la Journée de l’Enfant Africain (JEA).

Le droit à la participation des enfants : que les enfants soient vus et entendus

Le thème de cette année est « Le droit à la participation des enfants : que les enfants soient vus et entendus ». La participation des enfants est l’un des principes fondamentaux de la Convention Relative aux Droits de l’Enfant et de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être des Enfants qui stipule en son article 7 que « Tout enfant qui est capable de communiquer se verra garantir le droit d'exprimer ses opinions librement dans tous les domaines et de faire connaître ses opinions, sous réserve des restrictions prévues par la loi ».

Il s’agit pour les États africains préoccupés par le bien-être de leurs enfants et partant, du devenir du continent, de marquer un temps d’arrêt pour faire le point sur les situations de violation des droits de l’enfant, et de prendre des mesures appropriées afin d’assurer davantage leur bien-être. Les privations du droit à l’éducation auxquelles sont confrontés les enfants sont d’autant plus importantes qu’elles engendrent diverses conséquences, telles que le chômage, la délinquance, l’insécurité, les enfants de la rue, et dans la rue, la prostitution, les enfants soldats, etc.

Le thème de la JEA donne l’opportunité de s’interroger une fois de plus sur les alternatives crédibles à mettre en place pour une éducation holistique mettant l’enfant au centre de son apprentissage. L’éducation non formelle a justement développé plusieurs alternatives éducatives qui répondent à cet impératif avec notamment la pédagogique du texte qui met l’apprenant au centre du processus d’apprentissage en lui donnant les outils nécessaires pour analyser et comprendre les objets et la vie autour de lui.

La situation en Afrique subsaharienne nécessite des mesures urgentes

Malgré d’énormes efforts déployés pendant des décennies pour une scolarisation universelle pour tous, le défi à relever reste important. Selon les données de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) publiées en février 2018, environ 260 millions d’enfants, d’adolescents et de jeunes dans le monde (un sur cinq) ne sont pas scolarisés – un chiffre qui n’a guère évolué ces cinq dernières années. Parmi toutes les régions, l’Afrique subsaharienne a les taux les plus élevés d’exclusion de l’éducation. Plus d’un cinquième des enfants âgés d’environ 6 à 11 ans n’est pas scolarisé, suivi par un tiers des enfants âgés d’environ 12 à 14 ans. Selon les données de l’ISU, près de 60 % des jeunes âgés d’environ 15 à 17 ans ne sont pas scolarisés.

Si des mesures urgentes ne sont pas prises, la situation empirera car la région fait face à une demande croissante d’éducation en raison de l’augmentation constante de sa population d’âge scolaire.

Le rôle stratégique de l’ADEA pour la promotion de l’éducation non formelle

Fort de ce constat, plusieurs structures ont développé des actions pour une éducation inclusive et holistique. Parmi celle-ci, l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) à travers son ­­ Groupe de travail sur l’éducation non formelle (GTENF) a initié une série de réflexions pouvant aider les décideurs politiques dans la prise en charge des enfants non scolarisés, déscolarisés et « laissés pour compte », autrement dit ceux qui sont restés en marge de l’éducation pour tous (EPT). On peut citer entre autres :

  1. Les synergies à prendre en compte entre sous-systèmes éducatifs formels et différents types d’apprentissage dans les centres d’éducation coraniques en Guinée, au Mali et au Niger. Cette recherche a abouti à des propositions concrètes pour un meilleur accès à l’éducation pour les groupes désavantagés, une meilleure équité à une éducation de qualité qui prend en compte les réalités socioéconomiques des apprenants dont les enfants sont la couche la plus sensible. L’une des recommandations majeures consistait en la prise en compte des foyers et écoles coraniques dans les politiques et les programmes de développement de l’éducation ;
  2. Le programme Zankey Fabadu GTENF en collaboration avec 5 organisations de la société civile (l’Association pour la Promotion de l’Education Non Formelle (APENF), Andal et Pinal au Burkina, Alpha Dév au Sénégal, Ronject Group au Ghana et Mali Enjeux au Mali) ont documenté et partagé quelques bonnes pratiques en matière de développement des compétences de base nécessaires à une meilleure intégration sociale et professionnelle des jeunes africains déscolarisés et non scolarisés qui se sont retrouvés en situation de vulnérabilité.
  3. L’initiative sur la mesure de l’effectivité du droit à l’éducation, développée par le GTENF en partenariat avec l’Association pour la promotion de l'éducation non formelle (APENF) est à louer car elle permet aux acteurs de l’éducation et les décideurs de disposer d’un argumentaire solide pour un meilleur investissement dans la réponse aux besoins fondamentaux du droit national et international.

L’appel aux gouvernements et décideurs africains

Cependant, malgré le rôle primordial que joue l’éducation non formelle dans l’offre éducative dans les pays africains, la part du budget alloué à ce sous-secteur reste dérisoire car elle dépasse rarement le 1% du budget alloué à l’éducation.

Cette situation commande une intervention urgente en faveur de l’éducation non formelle en lui dotant de plus de ressources financières afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle de catalyseur dans l’atteinte des ODD4.

Lire aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas divulguée. Tous les champs sont requis

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Texte brut

  • Global and entity tokens are replaced with their values. Explorer les jetons disponibles.
  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.