Les enfants améliorent leurs compétences en mathématiques au Niger
Avec le projet « L’école pour tous », les enfants du Niger ont fait d’impressionnants progrès en mathématiques grâce à des heures de classe supplémentaires et au soutien des enseignants et des communautés, prouvant ainsi qu’il était possible de surmonter la crise de l’apprentissage, même dans des contextes difficiles.
07 novembre 2018 par Takao Maruyama, Global Partnership for Education Secretariat
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Lecture : 4 minutes
Des élèves résolvant un problème mathématique dans leur école au Niger. Crédit: JICA/Akiko Kageyama
Des élèves résolvant un problème mathématique dans leur école au Niger.

Comme beaucoup d‘autres pays d’Afrique, le Niger est sérieusement touché par la crise de l’apprentissage. Or, l’étendue du problème gagne du terrain compte tenu d’une croissance démographique continue. Les facteurs de cette crise sont complexes et comprennent notamment la motivation et les compétences des enseignants, la préparation des élèves, la gestion des écoles et les intrants scolaires tels que les manuels, les outils technologiques et les infrastructures (Banque mondiale, 2018).

En 2018, plus de 3 500 écoles et communautés de la région de Tillabéri ont collaboré à l’organisation d’activités périscolaires de soutien en mathématiques de base, grâce à la participation volontaire des enseignants, des parents et des membres de la communauté dans le cadre du projet « L’école pour tous ». À ce jour, 300 000 élèves de la 1ère à la 4ème année ont pu rattraper leur retard pour la reconnaissance des nombres et les opérations de base.

Des scores en maths doublés en trois mois

Depuis le début des activités de soutien il y a trois mois, les résultats aux tests dans les écoles participantes montrent que les bonnes réponses ont augmenté de façon significative, passant en moyenne de 35 % à 70 %. Ce résultat est le fruit des efforts de nombre d’acteurs locaux, nationaux et internationaux, qui œuvrent à l’unisson pour un bien commun : offrir une meilleure éducation aux enfants du Niger.

Au niveau local, les comités de gestion scolaire (CGS) ont organisé une évaluation de base des élèves et prévu des activités de soutien dans chaque école. En moyenne, chaque école a organisé 133 heures d’activités de soutien sur trois mois (près de dix heures hebdomadaires) en sus du temps de classe quotidien. Les enseignants et des animateurs communautaires ont aidé les élèves après la classe, et les parents et les membres de la communauté en ont soutenu l’organisation.

Au niveau national, le Ministère de l’Enseignement primaire, avec le soutien de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), a organisé des sessions de formation destinées aux chefs d’établissement et aux représentants des CGS afin de les renforcer. Ces derniers sont essentiels pour assurer la collaboration efficace des enseignants, des parents et de la communauté, mais trop souvent, ne fonctionnent pas bien par manque de communication entre eux.

Le rôle clé des comités de gestion scolaire

La formation des CGS a fourni des méthodes pratiques de collecte et d’analyse des données en matière d’apprentissage des élèves. Les enseignants et les animateurs communautaires ont également été formés à des méthodes d’enseignement des concepts mathématiques de base au moyen de cahiers d’exercices. Le coût de la formation et des matériels pédagogiques a été couvert par le programme à bailleurs multiples soutenu par le financement actuel accordé par le GPE au Niger de 84,2 millions de dollars, la Banque mondiale endossant le rôle d’agent partenaire (l’AFD et la coopération suisse ont également contribué au financement).

Grâce à la fédération des CGS et des bureaux de l’éducation locaux, le ministère a pu fournir des informations sur le projet en distribuant notamment du matériel, et encourager l’organisation des activités.

Au niveau international, la JICA, le GPE et la Banque mondiale ont coordonné leurs actions et collaboré pour que les enfants de la région de Tillabéri améliorent leurs connaissances et compétences en mathématiques.

Une approche de mise en œuvre du projet en deux étapes

La méthodologie utilisée par le Ministère de l’Éducation avec le soutien de la JICA comporte deux phases. Premièrement, le ministère organise une formation des chefs d’établissement afin d’instaurer des CGS de façon démocratique. Après la formation, les parents, enseignants et les membres de la communauté se sont réunis en assemblée générale communautaire pour choisir les représentants des CGS au scrutin secret. Le ministère a alors organisé une autre formation pour les représentants des CGS afin de renforcer leurs capacités en matière de planification participative. Suite à cette formation, les CGS ont organisé une assemblée générale communautaire où les parents, les enseignants et les membres de la communauté ont pu discuter et élaborer un plan d’action basé sur le résultat de l’évaluation des compétences mathématiques de base. Le cycle évaluation – activités de soutien – revue a été durablement adopté par les CGS.

Deuxièmement, le ministère a organisé la formation des enseignants et des animateurs communautaires, et distribué les cahiers d’exercices de mathématiques avec le soutien de la JICA. Sur la base des résultats à l’évaluation, les enfants ont été répartis en niveaux de compétence afin de commencer l’apprentissage des mathématiques sur des cahiers d’exercices d’un niveau leur correspondant, avec le soutien des enseignants et des animateurs communautaires.

Des élèves faisant leur exercice de mathématiques dans une école au Niger. Crédit: JICA/Akiko Kageyama
Des élèves faisant leur exercice de mathématiques dans une école au Niger.

L’extension du projet à d’autres écoles

La méthodologie utilisée par le Niger pour améliorer le fonctionnement des CGS est applicable à d’autres pays. En fait, elle a déjà été mise en œuvre dans plus de 40 000 écoles en Afrique (au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali, à Madagascar et, par le biais d’un financement du GPE, au Sénégal) ; son efficacité a également été vérifiée par plusieurs évaluations d’impact.

Il nous faut toutefois continuer d’explorer le moyen de réduire le coût des matériels afin de toucher encore plus d’enfants et d’améliorer leur apprentissage. Il est également urgent d’intégrer des méthodes efficaces de lecture et d’écriture, car ce sont des domaines dans lesquels les enfants ont aussi des difficultés. Au Niger, le ministère intègre la méthodologie de « L’enseignement au bon niveau » initiée par l’ONG indienne Pratham.

Les résultats de Tillabéri sont encourageants. Ils nous montrent qu’il est possible d’offrir à grande échelle un apprentissage aux enfants, même dans des contextes difficiles. Ils nous donnent l’espoir de pouvoir véritablement lutter contre la crise de l’apprentissage en Afrique et atteindre l’Objectif de développement durable en matière d’éducation.

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