Je me souviens clairement du moment magique où tout à coup, tout s’est mis en place et mon fils a commencé à savoir lire – les mots dans son livre préféré, les textes écrits dans la maison et les panneaux dans les lieux publics. Son monde était transformé. « Il y a des mots partout » a-t-il dit, « Je ne peux pas m’arrêter de lire ! »
Il reste encore des millions d’enfants qui n’apprennent pas à lire
Malgré d’importants progrès au cours des dernières années, plus de la moitié des enfants dans le monde (387 millions) ne sont pas en voie de savoir lire à la fin du cycle primaire - et ne vivront pas ce moment « magique ». Et lorsqu’on est une fille pauvre dans une zone rurale ou bien un enfant handicapé ou appartenant à un groupe ethnique marginalisé, les chances de maîtriser les compétences de base de la lecture et de l’écriture sont encore plus minces.
Ceux qui sont laissés pour compte bénéficient rarement de soutien pour rattraper leur retard ; les dégâts pourraient être irréversibles. Même les enfants scolarisés n’apprennent pas les bases.
Nous savons pourtant que les connaissances élémentaires en lecture et calcul sont essentielles. Elles constituent une base solide sur laquelle il est possible d’asseoir tout un éventail de compétences polyvalentes, telles que la pensée critique et les capacités d’analyse.
S’attaquer à la crise mondiale de l’apprentissage
Les résultats récents d’une étude longitudinale de Young Lives avec l’appui de DFID sur 12 000 enfants dans des pays aussi divers que l’Inde, le Vietnam, l’Éthiopie et le Pérou le confirme. Ils montrent que la lecture/écriture et les autres compétences élémentaires sont non seulement les bases des compétences de niveau supérieur du 21ème siècle, mais également nécessaires pour un moyen de subsistance et une vie sociale productifs.
Faire bouger les choses en matière de littératie nécessitera une action concertée et audacieuse. Nous ne pourrons pas réaliser les transformations nécessaires avec le statu quo. Au DFiD, nous souhaitons voir une pression forte et unie de la part des dirigeants mondiaux et nationaux pour améliorer qualité de l’éducation et apprentissage. Et nous pensons qu’investir dans un enseignement de qualité doit être au cœur des efforts pour s’attaquer à la crise mondiale de l’apprentissage.
Au Kenya, des améliorations en matière de littératie
Par exemple, nous savons maintenant que comparé à d’autres interventions, un enseignement au bon niveau (TaRL) s’avère de façon récurrente le moyen le plus efficace d'améliorer les normes en littératie. (Banerjee et al, 2016).
Au Kenya, comme dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, les énormes progrès en matière d’accès à l’éducation n’ont pas été accompagnés d’amélioration des résultats de l’apprentissage, notamment en lecture/écriture.
L’augmentation de la taille des classes est une des raisons : l'offre, en termes du nombre d'enseignants, n’a pas suivi l’augmentation de la demande. De plus, les mesures incitatives destinées aux enseignants de la fonction publique sont concentrées sur les scores des élèves aux examens de sortie et peuvent ainsi passer à côté des élèves jugés trop en retard pour pouvoir se rattraper. Les enseignants se concentrent donc sur les élèves les plus forts pour les aider à couvrir l’ensemble du programme scolaire.
J-PAL a mené une étude sur trois interventions visant à régler le problème du ratio élèves-enseignant :
- L’addition d’enseignants recrutés localement
- L’émancipation des parents au sein d’associations parents-enseignants au moyen d’une formation scolaire en management
- Le tri des élèves par niveau initial de préparation afin de réduire l’hétérogénéité au sein de la classe.
Les changements les plus importants et les plus persistants ont été observés dans les classes structurées afin que l’instruction cible le niveau de réussite initial des élèves. Les bénéfices d’un enseignement dans des groupes homogènes ont été ressentis par tous les élèves, qu’ils aient commencé au sommet, au milieu ou au bas de la répartition.