Naa Jama est une jeune fille de 17 ans de James Town dans le centre d'Accra, un bidonville typique de la capitale du Ghana. Elle s'est rendue dans une clinique privée qui fournit une contraception à long terme réversible et gratuite en partenariat avec une ONG locale.

Naa Jama est petite et fine et, au début, les infirmières pensaient qu'elle faisait la queue pour sa tante qui est arrivée un peu plus tard. Quand elle a dit qu'elle était là pour la contraception gratuite et non pas au nom de sa tante, ils ont été surpris. Pendant qu'ils préparaient ses formulaires, elle a dit qu'elle avait déjà deux enfants. Elle est tombée enceinte à l'âge de 14 ans.

Le père de ses enfants était un camarade de classe dans une école publique locale. Ils étaient amoureux et curieux de savoir ce à quoi leurs camarades de classe faisaient référence quand ils parlaient de sexe. Naa Jama a arrêté d'aller à l'école lorsqu'elle est tombée enceinte. Après qu'un éducateur de l'ONG locale a discuté avec elle, Naa Jama a décidé de retourner à l'école. Elle reçoit désormais des contraceptifs gratuits pour éviter une nouvelle grossesse.

Nombreuses sont les histoires comme celle de Naa Jama dans la plupart des régions du Ghana et à travers l'Afrique, ainsi que dans le monde entier.

Selon Marie Stopes International Ghana, 57 000 grossesses d'adolescentes ont été enregistrées au Ghana au premier semestre 2017.

Alors que les taux de naissances chez les adolescentes ont diminué globalement, ils sont généralement restés stables ou même en hausse en Asie du Sud-Est, selon l'UNFPA Asie-Pacifique.

Avec des taux aussi élevés, il est impossible de dire que les adolescents et les jeunes ne connaissent rien à la sexualité.

L'éducation sexuelle est la clé pour la prévention des grossesses

Les informations dont disposent de nombreux adolescents et jeunes sur la santé sexuelle et reproductive peuvent être inexactes, trompeuses ou stigmatisantes. Et même s'ils sont bien informés, il est probable qu’ils n’aient pas les moyens de prévenir les grossesses et les maladies sexuellement transmissibles.

C'est l'une des raisons pour lesquelles l'Association Planned Parenthood du Ghana, en partenariat avec l'UNESCO, l'Organisation Ouest Africaine de la Santé, l'UNFPA, Marie Stopes International et d'autres groupes de la société civile, a élaboré un manuel complet d'éducation sexuelle (Know It, Own It, Live It: CSE Manual). J'ai (Edith) contribué à cet effort.

Aux Philippines, j'ai (Joey) participé à des discussions politiques sur l'adoption et la mise en œuvre de la loi sur la santé génésique dans le cadre de la. Family Planning 2020 Experts Advisory Community (Communauté consultative d’experts en planification familiale 2020) et de International Youth Alliance for Family Planning (l’Alliance internationale de la jeunesse pour la planification familiale). J'étais l'une des militantes de la jeunesse soutenant la mise en œuvre de l'éducation complète à la sexualité adaptée à l'âge dans les écoles publiques aux Philippines.

Les jeunes ont besoin d'avoir accès à des informations sur la sexualité qui sont correctes et à jour

Naa Jama aurait pu rester à l'école si son petit ami et elle, avaient eu accès à une éducation complète à la sexualité (CSE). L’éducation complète à la sexualité est l'un des principaux éléments pour un programme réussi en matière de planification familiale et de prévention du VIH, non seulement au Ghana, mais dans le monde entier.

Si l’éducation complète à la sexualité offre une éducation sexuelle et des informations sur la santé sexuelle et reproductive correctes et à jour, et qu’elle est rendue disponible dans les écoles, cela doterait les élèves comme Naa Jama et son petit ami des compétences dont ils ont besoin pour prendre des décisions relatives à leurs propres corps et santé. 

De leurs interactions au sein de la communauté et avec leurs partenaires romantiques à leur perception de soi et leur image corporelle, les jeunes seront en mesure d’avoir confiance en eux et seront davantage susceptibles d'éviter les abus, l'exploitation, la discrimination et la misogynie.

L’éducation complète à la sexualité est également un outil qui permet aux jeunes, en particulier aux filles, d'acquérir les connaissances dont ils ont besoin pour prévenir les grossesses non désirées et non planifiées. Elle tend aussi à augmenter le nombre d'années de scolarité des filles. Les filles comme Naa Jama abandonnent généralement l'école ou n'ont pas le droit d’y retourner alors que les garçons n’interrompent pas leurs études.

Se mobiliser davantage en faveur d’une éducation complète à la sexualité est nécessaire

Cependant, l'inclusion d’une éducation complète à la sexualité dans les programmes nationaux a été lente malgré le plaidoyer des organisations et des réseaux tels que Ghana Sexual and Reproductive Health and Rights Alliance for Young People composé d'acteurs non étatiques dirigés par des jeunes et au service des jeunes.

L’éducation complète à la sexualité est toujours considérée comme une question controversée et génère des débats sur diverses plateformes de dialogue. Les enseignants qui croient que l'enseignement de l’éducation complète à la sexualité va à l'encontre de leur religion sont des acteurs majeurs dans ce débat.

Une formation sur l’éducation complète à la sexualité pour les enseignants actuels et nouveaux pourrait être un moyen d’aborder le problème. Une fois qu’est comprise l'importance de fournir des informations exactes, les enseignants sont davantage susceptibles de posséder et de diffuser le concept comme ils le feraient pour tout autre sujet.

Le nouveau Guide technique international sur l'éducation sexuelle publié par l'UNESCO en partenariat avec le Programme commun des Nations Unies sur le VIH / sida (ONUSIDA), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), met en lumière les questions émergentes et les recommandations pour une éducation complète à la sexualité dans le cadre plus large des objectifs de développement durable.

Autonomiser les jeunes et garder les filles à l'école

Si nous souhaitons accompagner une nouvelle génération de jeunes capables de faire des choix éclairés, nous devons leur fournir des informations objectives sur leur sexualité.

Nous devons écouter les enfants, les adolescents, les futurs éducateurs et les jeunes éducateurs lorsque nous discutons d’une éducation complète à la sexualité. Les enfants et les adolescents sont eux-mêmes les experts. Ils ne sont pas de simples récipiendaires de programmes ; ce sont les premiers acteurs.

Les jeunes éducateurs doivent être en possession d'informations actualisées et pertinentes pour devenir des enseignants efficaces, capables de résister au « pourquoi » et au « comment » des adolescents et des organismes de jeunesse, à leur sexualité et à leur santé.

Les gouvernements doivent comprendre que l'investissement dans l'éducation complète à la sexualité garantit une éducation de qualité à ses jeunes, en particulier aux jeunes femmes et aux jeunes filles. Si plus de filles restent à l'école et sont dotées des connaissances nécessaires pour prendre des décisions cruciales, les répercussions seront inestimables.