Mon message aux dirigeants du Commonwealth, inspiré de mon action pour améliorer l’éducation au Ghana
L'ambassadeur mondial de la jeunesse, Kenneth Gyamerah, rappelle aux dirigeants la nécessité d'accroître les investissements dans l'éducation de base à l'occasion de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth cette semaine.
21 avril 2018 par Kenneth Gyamerah, Ambassadeur mondial de la jeunesse
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Lecture : 9 minutes
Des élèves durant une leçon au lycée de Gbimsi au Ghana. Crédit: GPE/ Stephan Bachenheimer
Des élèves durant une leçon au lycée de Gbimsi au Ghana

À l’origine, mon engagement en faveur d’une éducation de qualité pour les enfants et les jeunes les plus vulnérables du Ghana, provient de mon expérience personnelle durant mon enfance.

J’ai grandi à Adansi Atobiase, une communauté rurale dans la région Ashanti du Ghana. Je faisais plus de 5 km à pied pour me rendre à la ferme tôt le matin et apporter de la nourriture avant d’aller à l’école chaque jour.

J’ai pu aller à l’école malgré les obstacles : la pauvreté, un enseignement inadéquat, une insuffisance des ressources pédagogiques et du matériel éducatif tel que livres, bibliothèque et laboratoire pour les travaux pratiques, et aucun soutien ni encadrement pour me guider dans mon parcours.

Au lycée, j'ai eu la chance d'obtenir une bourse en deuxième année, mais la plupart de mes camarades du premier cycle du secondaire n’ont pas pu continuer au lycée, fu fait des frais de scolarité élevés à l’époque. Malheureusement, tant de jeunes ont ainsi dû abandonner leurs rêves à cause de la pauvreté.

Tous les enfants ont un potentiel, même ceux qui vivent dans les zones rurales

Mon expérience m’a fait comprendre pourquoi il était nécessaire de contribuer à réduire le déficit en matière d’éducation pour les enfants des communautés rurales, qui n'ont pas autant accès à des opportunités éducatives de qualité que leurs camarades des centres urbains.

Il ne m’a pas fallu regarder bien loin pour être inspiré : je voulais continuer à apprendre parce que mon père me disait qu'aller à l'école était non seulement le meilleur, mais surtout le seul moyen de sortir de la pauvreté.

Observer le milieu dont je suis issu et comment j’ai pu surmonter les obstacles qui se sont présentés sur mon chemin est une source d’inspiration : chaque enfant des zones rurales peut accomplir de grandes choses s’il est soutenu. Ayant connu un système éducatif pauvre, en grandissant, j’ai compris que l’éducation était une chose qui ne pouvait pas être perdue une fois acquise. C’est pourquoi les jeunes des communautés rurales doivent pouvoir s’émanciper grâce à l’éducation.

De l’enseignant au militant

Après avoir fini ma Licence en Sciences de l’éducation, j’ai occupé un poste d’enseignant dans l’Éducation nationale du Ghana en septembre 2016 au Lycée Community Day de Volo. Volo est une petite communauté rurale de pêcheurs à faible revenu. La communauté est confrontée à de nombreuses difficultés, de la pauvreté à un taux élevé de grossesses précoces, à un réseau routier médiocre et à des infrastructures inadéquates.

Seul enseignant de sciences dans une école de plus de 350 élèves à l’époque, j’enseignais tout en faisant bénéficier les élèves de conseils d’orientation et d’aide au développement des capacités de leadership. La plupart des filles connaissent une grossesse précoce, et il était donc particulièrement nécessaire de les encourager.

Avec le soutien des autres enseignants, nous avons pu leur offrir un suivi régulier en matière de santé sexuelle et reproductive, inviter des agents de santé au Centre de santé de Volo afin qu’ils parlent aux élèves et impliquent les parents au moyen de réunions périodiques de l’association parents-professeurs.

Je suis fier d'annoncer que depuis plus d’un an maintenant, aucune grossesse précoce n’a été enregistrée.

En juin 2017, j’ai obtenu un partenariat avec Google, et nous avons pu former plus de 400 enfants au Centre de développement de l’enfant de Volo : les enfants âgés de 9 à 18 ans de cinq communautés rurales de la région ont ainsi bénéficié d’une formation gratuite aux compétences de base en informatique nécessaires pour les emplois du 21ème siècle, au codage et au numérique.

Élargir le plaidoyer au niveau mondial

Grâce à mes activités de militant de l’éducation et d’auteur, mes nombreuses campagnes sur l'amélioration de l’accès équitable à une éducation de qualité dans les communautés rurales ont été diffusées sur des plateformes nationales et internationales telles que le Blog du Commonwealth, le Blog TheirWorld au R.-U. et dans les journaux à grand tirage du Ghana.

En tant que correspondant bénévole du Commonwealth, je traite de sujets relatifs à l'éducation qui ne sont pas traités dans les médias généralistes du Ghana.

J’ai aussi utilisé mon expertise dans le domaine de l’éducation pour émettre des suggestions à l’intention des décideurs politiques au Ghana, par exemple, sur la politique de gratuité du lycée..

Je dirige actuellement l’Initiative Sustainable Classroom (classe durable) qui forme les enseignants des communautés rurales à créer des matériels pédagogiques d’enseignement et d’apprentissage efficaces et innovants, à habiller leur salle de classe de messages qui sont autant de sources d'inspiration et à intégrer l’éducation pour un développement durable dans leurs leçons.

L’initiative est menée par un groupe d’enseignants passionnés, qui croient en l’utilisation d’un modèle de soutien des ressources afin d’améliorer la performance scolaire de l’élève dans les écoles mal desservies. À ce jour, notre action a touché 10 écoles et plus de 1 500 élèves.

En 2018, je suis le représentant du Concours de rédaction du Commonwealth de la Reine, le plus vieux concours de rédaction scolaire au monde. Ma mission est de promouvoir la rédaction dans les écoles, en particulier dans les communautés rurales du Ghana, grâce à l’organisation d’ateliers destinés aux enseignants et d’encourager les élèves à partager leur opinion à un niveau mondial, grâce à l’écriture.

Mon message aux dirigeants du Commonwealth

Au cours du Forum de la jeunesse du Commonwealth, qui rassemble plus de 500 jeunes des 53 pays du Commonwealth, mon message d’enseignant, de leader de la jeunesse et de correspondant de la Réunion des Chefs du Commonwealth (CHOGM), reste inchangé : j’appelle les jeunes à rappeler aux chefs d’États venus assister à la réunion cette semaine, qu’ils doivent augmenter l’investissement dans l’éducation de base.

En nous appuyant sur les engagements et la promesse politique et financière annoncée lors de la Conférence de financement du GPE à Dakar d’investir dans une éducation de qualité (égalité entre les sexes, développement des enseignants, éducation de la petite enfance, développement des programmes scolaires, éducation des filles et compétences pour le 21ème siècle), nous pouvons endiguer le flux de migration précaire et dangereuse, augmenter la sécurité au niveau mondial, préparer les jeunes pour les emplois de l’avenir et bâtir des économies nationales et régionales.

Je crois que lorsque les enfants, notamment ceux qui sont marginalisés, issus des pays à faible revenu, bénéficieront d’une éducation inclusive de qualité, le monde sera meilleur pour tous.

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