Porter la lutte à de nouveaux sommets : la place de l’éducation durant les forums ministériels du G7
Lors de ses interventions durant les principaux forums du G7, Alice Albright, Directrice générale du Partenariat mondial pour l'éducation, a particulièrement insisté sur le rôle urgent de l'éducation dans la réalisation d'un avenir égal et prospère pour tous.
16 juillet 2019 par Sinead Andersen, Global Partnership for Education Secretariat, et Karen Schroh, Global Partnership for Education Secretariat
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Alice Albright pendant l'un des forums des Ministres du G7. Crédit: Sinead Andersen
Alice Albright pendant l'un des forums des Ministres du G7.

On peut dire de ces deux dernières semaines à Paris qu’elles représentent pour le moins un moment crucial dans les efforts pour une éducation de qualité pour tous. Alice Albright, Directrice générale du Partenariat mondial pour l’éducation, s’est exprimée lors des principaux forums du G7 en attirant notamment l’attention sur le rôle urgent de l’éducation pour assurer à tous et de manière égale, un avenir pacifique, stable et prospère.

« Bien que compliquée à mettre en œuvre, les choses sont aussi simples que ceci : c’est la qualité actuelle de nos systèmes éducatifs et leur capacité à permettre l’épanouissement de chaque individu qui feront de notre avenir une réussite ou un échec » a déclaré Alice Albright. « Que je rencontre les représentants de la société civile ou les ministres en charge des questions de développement des pays du G7, mon message est le même : il nous faut davantage d’enseignants des deux sexes à tous les niveaux d’enseignement. Nous devons nous concentrer sur l’apprentissage, et non seulement la scolarisation, et sur le fait que les filles puissent accéder à des études et les poursuivre uniquement si elles sont en sécurité – qu’il s’agisse de les protéger des conflits, des violences sexuelles, du mariage d’enfants ou des pratiques traditionnelles préjudiciables. »

Lors de la réunion des ministres en charge des questions de développement des pays du G7, présidée par le ministre français des Affaires étrangères ce 4 juillet, Alice Albright s’est adressée à l’assemblée en tant que membre du Conseil consultatif sur l’égalité des sexes du G7. En présence des Ministres du Niger, du Mali, de Mauritanie, du Tchad, du Burkina Faso, de l’Alliance du G5 Sahel et d’organisations internationales, dont des agences des nations unies et de la Banque mondiale, elle a souligné le fait que l’inégalité entre les sexes constituait une cause fondamentale de la fragilité et des cycles de pauvreté. Les filles sont en effet touchées de façon disproportionnée par la violence sexiste et sexuelle et les pratiques traditionnelles préjudiciables telles que le mariage d’enfants.

Que ce soit au Mali, au Burkina Faso, au Niger ou au Yémen, l’insécurité touche de nombreuses zones de la région du Sahel. Nous y observons en effet la fermeture d’écoles, l’absence d’enseignants et l’interruption de l’apprentissage des élèves. Pourtant, ironie du sort, l’éducation n’est jamais tant nécessaire qu’en temps de crise. En outre, les investissements dans l’éducation peuvent réduire les risques de conflit futurs.

Rencontre avec les ministres de l’éducation et du développement des pays du G7

Le lendemain, occasion unique pour l’agenda mondial de l’éducation, Alice Albright s’est adressée aux ministres du développement et de l’éducation des pays du G7. Elle a demandé au groupe de traiter en urgence la crise de l’apprentissage que subit le Sahel, en alertant sur le risque d’interventions ad hoc et en insistant sur l’importance du leadership au niveau national, afin de bâtir des systèmes éducatifs solides intégrant la notion de genre.

Les ministres de l’éducation des pays du Sahel et du Sénégal se sont joints aux débats, et chacun a pu rendre compte des graves difficultés rencontrées pour tenter de proposer une éducation de qualité, en particulier aux filles. Certaines de ces difficultés sont partagées, notamment le manque d’un corps enseignant efficace, une insécurité persistante, de forts taux de mariages et grossesses précoces forcés, ainsi que d’autres pratiques traditionnelles préjudiciables.

Les ministres ont souligné les circonstances particulièrement difficiles pour les filles vivant dans les zones rurales sans installations sanitaires et hygiéniques à l’école permettant de satisfaire leurs besoins élémentaires. Le PME œuvre aux côtés de ces pays à résoudre ces problèmes en créant des systèmes éducatifs plus solides prenant particulièrement en compte les besoins des filles.

Innover pour les femmes et les filles

Plus tard ce jour, l’UNESCO et le gouvernement français ont animé la Conférence internationale « Innover pour émanciper les femmes et les filles par l’éducation », qui a rassemblé des dirigeants de tous les secteurs pour soutenir une ambition et une action renforcées autour de l’Objectif mondial en matière d’éducation (ODD 4).

Suite aux discours d’Alice Albright portant sur la façon dont l’éducation peut contribuer à traiter les stéréotypes liés aux genres, le Président Macron et Malala Yusufzai sont tous deux intervenu pour défendre le pouvoir de l’éducation dans la transformation de notre monde.

Le Président Macron a parlé du soutien de la France au Partenariat mondial pour l’éducation et a reçu de vifs encouragements de l’assemblée lorsqu’il a déclaré : « …ce que nous nous devons à nous-mêmes, ce que nous devons à notre jeunesse et à nos enfants, c’est que tous les enfants du monde, filles et garçons, soient scolarisés. Et si sur le chemin de l’école se dressent des obstacles, nous devons les abattre. Si on nous explique que c’est le manque de moyens de transport, on doit les créer. Si on nous explique que c’est l’insécurité, on doit lutter contre cela. Si on nous explique que c’est le manque de moyens, on doit les apporter. Si on nous explique que c’est le manque de professeurs formés, nous devons y pourvoir. »

Un lieu de discussion, mais pas que

Cette semaine des ministres du G7 est un moment charnière dans l’engagement des bailleurs tout comme des gouvernements des pays en développement pour la réalisation de l’ODD 4 d’ici 2030. Quelles sont ainsi certaines des principales annonces ?

  • L’adoption de l’Initiative Priorité à l’égalité, de la France, développée par le PME et l’UNGEI, qui sera soutenue financièrement par le Canada, l’Union européenne, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni et contribuera au développement durable par des plans d’éducation répondant aux besoins et dynamiques propres à chaque sexe.
  • Un communiqué ministériel conjoint présentant un soutien approfondi à l’éducation, en particulier pour les filles et les élèves à la traîne, notamment par un engagement dans des actions concrètes dans le but de faire de l’égalité une réalité.
  • Un fonds d’entreprenariat pour les femmes qui sera lancé par le gouvernement français aux côtés de la Banque africaine de développement lors du Sommet des dirigeants du G7, le mois prochain.
  • La création d’un fonds spécial de 120 millions d’euros pour améliorer le statut et les droits des femmes partout dans le monde, en particulier dans le domaine de l’éducation.
  • Un appel direct du Président Macron pour que le G7 double les fonds destinés à l’éducation dans le Sahel, en particulier pour les jeunes filles.
  • Le tout premier communiqué conjoint G7/G5 Sahel pour promouvoir l’importance vitale d’une approche fondée sur le capital humain et dont l’éducation est la pierre angulaire.

Une perspective prenant en compte la notion de genre au G7

Notre séjour à Paris s’est achevé par une réunion du Conseil consultatif sur l’égalité des sexes du G7, un groupe de féministes fascinantes mandaté par le Président Macron pour veiller à ce que toutes les négociations du G7 prennent en compte la notion de genre. Le Conseil travaille actuellement à la finalisation du rapport qu’il publiera parallèlement à un appel à l’action à destination de tous les pays pour que ceux-ci appliquent et mettent en œuvre des cadres juridiques favorables à l’égalité des sexes. D’autres choses viendront dans les prochaines semaines, que nous espérons annoncer au Sommet des dirigeants du G7 qui se tiendra à Biarritz au mois d’août.

Il ressort clairement des réunions auxquelles nous avons participé à Paris ces deux dernières semaines qu’aucun pays au monde n’est à l’abri de l’inégalité entre les sexes et que l’impact de celle-ci est mondial. La quête d’un monde où l’égalité des sexes est la règle doit tous nous rassembler.

Le pouvoir de l’éducation est véritablement transformateur, et nous devons faire davantage pour que filles et garçons de tous les pays du monde puissent être inspirés et équipés pour bâtir un avenir meilleur en ayant accès à une éducation de qualité.

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