Réduire les écarts dus à l’inégalité des sexes dans les STEM pour transformer l’Afrique
Zoom sur l'éducation des filles et l'égalité des sexes
Nous célébrons et reconnaissons aujourd’hui toutes les femmes pour leur accomplissement, sans se soucier des divisions, et étudions pourquoi l’investissement dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques doit aller de pair avec la lutte contre les inégalités entre les sexes. Joyeuse Journée internationale de la femme !
08 mars 2019 par Juliet Kimotho, Forum for Africa Women Educationalists Regional Secretariat
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Lecture : 5 minutes
Thandiwe, 10 ans, élève en 4e année, utilise un ordinateur à l'école primaire Avondale à Harare au Zimbabwe.
Thandiwe, 10 ans, élève en 4e année, utilise un ordinateur à l'école primaire Avondale à Harare au Zimbabwe.

Ceci est le 3ème post publié en 2019 dans le cadre d’une collaboration lancée entre l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) et le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE).

La Journée internationale de la femme est l’occasion de réfléchir aux avancées déjà réalisées, d’appeler au changement et de célébrer les actes de courage et de détermination de femmes ordinaires ayant joué un rôle extraordinaire dans l’histoire de leur communauté et de leur pays.

Le thème de cette année, « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement » est axé sur les moyens innovants qui peuvent nous permettre de faire progresser l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes, en particulier dans les domaines des systèmes de protection sociale, d’accès aux services publics et à des infrastructures durables.

Bien sûr, ce jour est également l’occasion de réfléchir au moyen d’accélérer l’Agenda 2030, de créer l’élan pour une mise en œuvre efficace des Objectifs de développement durable (ODD), et en particulier des Objectifs 5 (parvenir à l’égalité des sexes et émanciper toutes les femmes et les filles) et 4 (garantir une éducation inclusive de qualité pour tous et promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie).

L’investissement dans les STEM doit aller de pair avec la lutte contre les inégalités entre les sexes

Au cours des trois dernières décennies, la vague mondiale de libéralisation du marché a produit une économie mondiale interconnectée, causant des modifications structurelles sans précédent : la capacité des nations à maîtriser la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM) est désormais un facteur clé de la croissance économique, du développement et de la sécurité.

En Afrique, le domaine des STEM est considéré un facteur de développement.

L’Union africaine (UA), par sa décision portant sur la Science, la Technologie et l’Innovation (STI) intégrée dans le Plan d’action consolidé (PAC), encourage ses membres à dépenser 1 % de leur produit intérieur brut (PIB) dans le domaine de la recherche et du développement, afin de favoriser les innovations en STEM.

Par ailleurs, l’UA a également développé la Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique 2016-2025 (CESA 16-25), et le FAWE/AUCIEFFA a commandé une Stratégie en faveur de l’égalité des sexes pour la CESA 16-25 et une Stratégie en Science, Technologie et Innovation pour l’Afrique (STISA 2014–2024), chacune venant renforcer l’approche selon laquelle la science, la technologie et l’innovation sont des outils multifonction facilitateurs sur la voie des objectifs de développement du continent.

Si les dirigeants politiques d’Afrique tiennent sérieusement à se saisir des STEM pour transformer la société, ils doivent remédier aux fâcheux écarts qui persistent entre les sexes pour une participation équitable de la population.

La réserve actuelle de diplômés possédant des compétences au niveau des cycles secondaire ou supérieur est encore largement biaisée en faveur des sciences humaines et sociales, tandis que la proportion d’étudiants en STEM est en moyenne inférieure à 25 %.

Selon le Rapport 2016 sur les inégalités hommes-femmes publié par le Forum économique mondial (FEM), les femmes continuent d’être sous-représentées parmi les diplômés en STEM, avec un écart hommes-femmes de 47 % à l’échelle mondiale ; et 30 % d’étudiants diplômés en STEM contre seulement 16 % d’étudiantes.

Cet écart est généralement attribué à des stéréotypes négatifs et un manque de modèles d’inspiration, qui contribuent à limiter la performance et les aspirations des filles dans les domaines de la science et de la technologie. Cet écart constitue un problème émergeant crucial pour la parité entre les sexes, puisque les carrières dans le domaine des STEM devraient, selon les prévisions, être les plus recherchées dans le contexte de la quatrième révolution industrielle.

Le modèle de STEM du FAWE et le programme DigiGirlz de Microsoft

Dans le but d’y remédier, plusieurs approches innovantes ont vu le jour en Afrique et sont appliquées tant par les gouvernements que par les organisations de la société civile. C’est le cas du modèle STEM conçu par le Forum des éducatrices africaines (FAWE), qui bénéficie de l’approbation et d’un soutien technique grâce à des partenariats avec les acteurs nationaux, régionaux et internationaux, notamment les ministères de l’éducation, les entreprises et les agences des Nations unies.

Le modèle STEM du FAWE est axé sur l’augmentation de la participation des filles dans ces matières, à l’amélioration de leurs scores aux examens, à l’amélioration des matériels pédagogiques destinés aux STEM afin qu’ils prennent en compte la notion d’égalité des sexes et encouragent les filles à cultiver une attitude positive envers les STEM et à embrasser des carrières dans des domaines scientifiques.

Ce modèle, développé en 2005, renforce les capacités des enseignants à favoriser l’égalité des sexes et leur attitude positive envers les capacités et la participation des filles aux STEM. Il est mis en œuvre dans 13 pays d’Afrique (Burkina Faso, Cameroun, Kenya, Malawi, Mali, Mozambique, Rwanda, Swaziland, Tanzanie, Ouganda, Zambie, Zanzibar et Zimbabwe) par les antennes nationales du FAWE. Ce modèle implique, entre autres, la création de camps et clubs scientifiques, l’organisation de voyages d’études, le profilage de femmes ayant un parcours de réussite dans des domaines scientifiques, l’exposition des filles à des modèles féminins et la récompense de femmes talentueuses dans le domaine des STEM.

Depuis 2015, les géants de la technologie tels que Microsoft Afrique ont établi des partenariats avec le FAWE pour déployer la Série DigiGirlz, un programme de renforcement des capacités des filles dans les technologies du codage de pointe. Ce programme a permis à plus de 300 filles au Kenya, en Ouganda, en Éthiopie et en Zambie de développer des jeux sur ordinateur et de s’inscrire en ligne pour bénéficier d’un mentorat en technologies de codage.

Si ces audacieuses innovations ont pu toucher un important nombre de jeunes femmes et de filles, il est impératif que les États investissent massivement pour réduire l’écart entre les sexes dans les STEM et veiller à ce que toutes les femmes, jeunes ou plus âgées, participent pleinement à la révolution scientifique et technologique.

Comment les États africains peuvent-il réduire cet écart ?

La Stratégie en faveur de l’égalité des sexes pour la CESA 16-25 présente un plan détaillé des moyens qui permettraient aux États africains de réduire cet écart. De plus, cette stratégie a été adoptée par les Ministres africains de l’Éducation lors de la Conférence panafricaine sur l’Éducation en avril 2018 à Nairobi, au Kenya, et est consignée dans La Déclaration de Nairobi.

Cette stratégie encourage, entre autres perspectives, les acteurs publics et non publics à créer un contexte favorable à la promotion des innovations pour les filles et les jeunes femmes et à revoir les réglementations et autres exigences scolaires liées au temps de travail, au ratio enseignant/élèves, à la conception et la taille de la classe. La stratégie nécessite de créer et de favoriser, pour les filles comme pour les garçons, une attitude de confiance dans la technologie grâce à l’éducation et la formation.

L’une des façons de stimuler la confiance des filles dans la technologie est de veiller à ce qu’elles soient en lien avec des mentors femmes dans l’industrie, ce qui vaut également pour les garçons et les jeunes en général. Il importe également d’encourager filles et garçons à pouvoir coopérer et à se consulter pour trouver des solutions bien qu’ils œuvrent à leurs aspirations individuelles. Il sera également essentiel de consulter les utilisateurs des technologies, en particulier les jeunes, sur leurs besoins et leur perception quant à l’avenir de leur propre pays et du continent africain en matière d’apprentissage assisté par les technologies.

La Stratégie en faveur de l’égalité des sexes pour la CESA 16-25 nécessite également la création d’interfaces adéquates entre les organismes publics qui font les politiques, la communauté universitaire qui forme la main d’œuvre et le monde de l’entreprise qui absorbe les diplômés universitaires et fait en sorte que la recherche contribue à l’amélioration des secteurs économiques et sociaux.

Réunir les partenaires des STEM et les parties prenantes afin de partager leur expérience et leurs bonnes pratiques lors de forums régionaux, notamment pour les filles et les femmes, favorisera la reproduction du modèle dans les pays africains, tous à différents niveaux de développement dans le domaine des STEM.

Nous devons donc créer des espaces pour les enseignants et les élèves, en particulier les filles et les jeunes femmes, afin qu’ils deviennent créateurs d’information, de bonnes pratiques et de ressources pédagogiques pouvant être partagées entre Africains, voire avec le reste du monde.

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