Le manque de données exactes et ponctuelles est un problème dans nombre des pays soutenus par le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE). Recueillir ces données est un processus complexe, qui nécessite d’importantes ressources, mais sans lequel les autorités éducatives et leurs partenaires ont bien du mal à concevoir, mettre en œuvre et effectuer le suivi des interventions ciblées nécessaires pour obtenir des résultats.

Sans données exactes produites régulièrement, la mise en œuvre d’un plan sectoriel de l’éducation peut se résumer à un tâtonnement dans l’espoir d’agir là où c’est nécessaire.

Le GPE reconnaît que nous devons agir de façon délibérée si nous voulons que les efforts de nos pays partenaires, et le soutien que nous leur apportons, produisent de réels effets.

Les données cruciales qu’il nous faut connaître sont non seulement combien d’enfants vont à l’école, combien n’y vont pas et pourquoi, mais également combien d’enseignants sont disponibles et de combien d’heures d’enseignement bénéficient les enfants ; les résultats aux tests doivent être recueillis et corrélés aux pratiques pédagogiques ; la variété et la quantité de données nécessaires sont énormes.

De plus, les données ne sont pas simplement nécessaires au niveau opérationnel, mais aussi pour éclairer les interventions et réformes futures, ainsi que pour renforcer les systèmes éducatifs.

Un engagement sérieux de la part des partenaires du secteur privé

En février, le GPE a lancé la « Table ronde sur les solutions relatives aux données de l’éducation » pour rassembler des pays partenaires (Libéria, Éthiopie, Gambie, Népal, RDC et Cambodge), des organisations multilatérales, des fondations caritatives, la société civile du nord et du sud, ainsi que le monde des affaires, notamment des représentants des plus grandes entreprises informatiques et de services financiers au monde.

Ce groupe s'est réuni à nouveau à New York le mois dernier, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, pour étudier de plus près le défi des données et voir comment coopter l’expertise du secteur privé.

Pourquoi le secteur privé ? De nombreux pays partenaires du GPE s’efforcent avec énergie d’attirer une participation accrue du secteur privé dans le développement social et économique afin que ces efforts bénéficient de l’efficacité, l’expertise et l’innovation technologique que peuvent apporter les acteurs du secteur privé. Ces qualités sont celles qui sont nécessaires pour surmonter les obstacles en matière de données.

La réponse des membres du monde des affaires au défi des données de l’éducation est très encourageante. À New York, six sociétés ayant une grande expérience de la collecte et du traitement des données (Econet, HP Inc., Intel, Mastercard, Microsoft et Tableau) ont pris cet engagement :

La technologie numérique contient la promesse de solutions au défi des données

À New York, Gus Schmedlen, Vice-président, Éducation internationale chez HP Inc., a déclaré apprécier le « grand pouvoir rassembleur des Nations unies et du GPE » et a remercié ce dernier d’avoir réuni les plus grands esprits du monde des affaires et des Etats.

HP Inc. s'est engagé il y a plusieurs années à permettre de meilleurs résultats d’apprentissage pour 100 millions de personnes d’ici 2025, et a déjà eu un impact sur 14 millions, notamment 3 500 réfugiés syriens qui iront à l’école pour la première fois depuis un an au Liban.

Brian Gonzalez, Responsable mondial Éducation à Intel, a expliqué que l’entreprise, qui célèbre ses 50 ans, reconnaissait depuis le début l’importance de l’éducation et qu’elle avait un rôle à jouer dans le secteur.

« Nous sommes parvenus à un stade où nous pouvons passer à l’étape suivante en rassemblant nos réflexions collectives pour agir sur la façon dont la technologie peut aider enseignants et administrateurs à saisir et convertir des données dans le but d'améliorer la prise de décisions au bénéfice de toutes les parties prenantes. »

Nikolai Astrup, Ministre norvégien du Développement international, a remarqué que le secteur de la santé avait déjà relevé son défi des données. Selon lui, l’utilisation des systèmes d’information et de gestion de la santé a permis d’augmenter le nombre de partenaires du secteur, au niveau local et national, et a contribué à l’émergence de centres régionaux, nationaux et mondiaux d’expertise en matière de systèmes d’information.

M. Astrup est convaincu, tout comme moi, que les technologies numériques peuvent faire une énorme différence dans la vie des populations les plus pauvres au monde.

Ciarán Cannon, Ministre de l’État, de la Diaspora et du Développement international d’Irlande a expliqué comment il a fondé Excited en 2012, le mouvement d’apprentissage numérique de son pays. Il a parlé de sa passion pour le rôle de la technologie dans l’éducation.

Ce centre de recherches et d'innovation vise à améliorer l’utilisation de la technologie dans l'enseignement pour l’ensemble du programme et cherche à émanciper les jeunes afin que ceux-ci deviennent les créateurs numériques de leur propre technologie.

Le lancement de solutions innovantes en 2019

Les membres de la table ronde sur les solutions relatives aux données de l’éducation poursuivront leurs efforts au cours des prochains mois et iront directement constater les difficultés en matière de données en Éthiopie et en Gambie. Ce travail sera étroitement aligné avec le programme thématique du GPE en matière de données au moyen du nouveau mécanisme d’Échange de connaissances et d’innovations du partenariat.

Au GPE, nous croyons que nous pouvons contribuer à l’amélioration de la collecte de données de l’éducation exactes et ponctuelles avec l’aide du secteur privé et utiliser son pouvoir rassembleur pour réunir les partenaires dans le but de trouver des solutions à l’un des problèmes les plus pressants en matière d’éducation.

C’est une situation où tous les partenaires sont gagnants : les enfants des pays partenaires, qui bénéficieront d’une éducation de meilleure qualité et auront ainsi de meilleures perspectives d’avenir ; les pays partenaires, qui pourront utiliser les données afin de mieux cibler les ressources et les programmes pour produire des résultats et améliorer le sort de leur population et de leur économie ; les bailleurs de fonds, qui verront que leurs ressources souvent maigres peuvent être utilisées plus efficacement ; et enfin le secteur privé : peser afin d’aider à régler le problème de la pénurie de données de l’éducation représenterait une contribution de haut niveau au bien commun mondial. Et l’amélioration des systèmes éducatifs sera bénéfique pour les économies, ce qui est bon pour les affaires.