Seule l’éducation donnera aux filles le pouvoir de changer le monde
Nous savons qu’investir dans l’éducation des filles est à la fois moralement juste et intelligent. Les pays du G7 doivent faire davantage pour assurer une éducation de qualité aux femmes et aux filles des pays en développement.
04 juillet 2019 par Anne-Birgitte Albrectsen, Plan International
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Lecture : 5 minutes
Des élèves de l'école publique de Klessoum dans la région du Chari-Baguirmi au Tchad.
Des élèves de l'école publique de Klessoum dans la région du Chari-Baguirmi au Tchad.

De retour de la Conférence Women Deliver qui s’est tenue à Vancouver en présence de près de 8 000 personnes venant d’horizon divers (ONG, entreprises et responsables politiques entre autres), toutes militant en faveur du mouvement pour l’égalité des sexes, je suis particulièrement ravie d’avoir vu l’accent mis sur l’éducation.

Présenter l’éducation comme outil en faveur de l’égalité des sexes était l’un des thèmes les plus débattus lors de cette conférence. Une résultante des efforts substantiels de lobbying entrepris par les ONGI auprès du gouvernement canadien, en vue de faire de l’égalité des sexes et l’éducation, l’une des grandes priorités du G7 de l’an dernier au Québec.

Des militants conscients du pouvoir inhérent à l’éducation des filles

Il est vital que nous gardions cet élan en faveur du potentiel transformateur de l’éducation comme facteur d’égalité des sexes lors du sommet du G7 de cette année en France. C’est l’argument que je développerai cette semaine lors de la conférence G7 France-UNESCO à Paris sur l’émancipation des filles et des femmes par l’éducation, aux côtés de jeunes délégués passionnés de Plan International, en provenance du Sénégal et d’autres pays du Sahel.

Ce n’est un secret pour personne. L’éducation est le meilleur outil pour s’attaquer aux stéréotypes liés au genre préjudiciables, renforcer l’assurance des filles et des jeunes femmes et les doter des compétences nécessaires pour devenir des leaders.

Greta Thunberg, Emma Gonzalez et Malala Yousafzai sont trois jeunes femmes qui, à travers le monde, se servent de leur voix pour exiger un monde plus égalitaire, plus durable et plus juste.

Le pouvoir transformateur de l'éducation pour les filles et leurs alliées ne peut être surestimé. C’est une occasion en or de s’attaquer aux stéréotypes liés au genre qui entravent l’éducation des filles, et doter les enfants des deux sexes des connaissances nécessaires pour prendre des décisions éclairées et sans risques sur leur propre corps et de leur avenir.

Au-delà de l’amélioration de la qualité de la vie, l’éducation inclusive donne aux jeunes les outils pouvant faire d’eux des citoyens actifs et des promoteurs de l’égalité des sexes. Nous devons veiller à ce que nos systèmes éducatifs ne renforcent pas les stéréotypes liés au genre – des manuels scolaires qui ne montrent que des hommes dans des carrières à responsabilités et des femmes dans des fonctions liées aux soins, par exemple – mais qu’ils les éliminent plutôt. L’école devrait être un lieu dans lequel les filles peuvent exercer leur propre autonomie, faire entendre leur voix et découvrir leur propre pouvoir de leader.

En août, les dirigeants du G7 auront l’opportunité de transformer la vie de filles et de femmes du monde grâce à leur engagement en faveur d’une éducation inclusive de qualité d’une durée de 12 ans pour tous les enfants. Il s’agira de proposer à des millions de filles du monde entier un apprentissage dans des cadres sécurisés et favorables à l’égalité des sexes, afin que celles-ci puissent trouver leur voix et relever les nombreux défis auxquels nous faisons face dans le monde aujourd’hui.

C’est un fait avéré : l’éducation des filles, ça marche !

Les objectifs mondiaux adopté par la communauté internationale ont été une ambition audacieuse : assurer une éducation inclusive et de qualité pour tous d'ici 2030. L'ODD 4 nous engage spécifiquement à aborder l'égalité des sexes par l'éducation et à éliminer les obstacles auxquels les filles sont confrontées à l'école.

Au cours de la dernière décennie, nous avons pu constater des progrès majeurs en termes de scolarisation dans le primaire et d’accès des filles à l’éducation. Mais, nous devons être encore plus audacieux. Malgré ces progrès, plus de 260 millions d’enfants restent non scolarisés dans le monde, dont 130 millions de filles. Moins d’une fille sur trois en Afrique subsaharienne et moins d’une sur deux en Asie du Sud est scolarisée dans le secondaire. Quinze millions de filles en âge de fréquenter le primaire n’apprendront jamais à lire et écrire 1 - et même parmi celles qui bénéficient de cet apprentissage, la réussite demeure un véritable défi dans un monde dans lequel l’ambition des filles est généralement ignorée ou diminuée.

Si nous n’agissons pas pour financer l’éducation et cibler les fonds pour éliminer les obstacles auxquels les adolescentes sont confrontées, plus de 400 millions de filles n’auront pas acquis les compétences enseignées dans le secondaire d’ici 2030.

Le pouvoir et le potentiel des filles et des femmes est en jeu.

À Plan International, nous savons qu’investir dans l’éducation des filles est à la fois juste sur le plan éthique et sage. On estime que chaque année d’école supplémentaire pour une fille augmente son revenu futur de 10 à 20 %, et en Afrique occidentale et centrale, l’impact direct d’une augmentation d’1 % du taux de scolarisation des filles dans le secondaire entraîne une hausse de la croissance économique de 0,3 %. Là où les filles sont éduquées et émancipées, où elles apprennent, dirigent, décident et s’épanouissent, ce sont des nations entières qui en récoltent les fruits.

Des élèves dans leur salle de classe dans une école à Katmandou au Népal.
Des élèves dans leur salle de classe dans une école à Katmandou au Népal.

Un appel à l’action à l’intention des pays du G7

L’an dernier, nous avons demandé aux dirigeants du G7 de garantir une éducation de qualité aux femmes et aux filles des pays en développement. Nos efforts ont abouti à la Déclaration de Whistler reconnaissant « les femmes et les adolescentes [comme] de puissants agents de changement » pour le développement durable et la Déclaration de Charlevoix, qui comprend un engagement historique de 2,9 milliards de dollars en faveur de l’éducation des filles et des femmes en situation de crise.

Sur la base de ces engagements, nous appelons les pays du G7 à s’engager publiquement à consacrer 15 % du total de leur Aide publique au développement (APD) à l’éducation de base, et au moins 4 % de leur aide humanitaire au secteur de l’éducation.

Cependant, une hausse seule ne suffira pas. Il faut en effet que les États consacrent ces fonds aux populations les plus vulnérables et exclues : les filles, notamment celles qui vivent dans des situations de crise, et dans les régions les plus défavorisées. Les gouvernements des pays du G7 doivent adopter des budgets intégrant la notion de genre et augmenter le financement en faveur de l’égalité des sexes à travers leurs programmes d’aide, avec au moins 85 % de l’APD affichant l’égalité des sexes comme principe ou objectif majeur.

Les investissements multilatéraux dans le Partenariat mondial pour l’éducation et Education Cannot Wait garantissent une réponse coordonnée pour un renforcement de l’égalité des sexes dans et par l’éducation.

Nous avons également besoin de voir s’accomplir un changement systémique grâce à une planification sectorielle de l’éducation intégrant la notion de genre, qui place les considérations portant sur l’égalité des sexes au cœur des initiatives nationales de planification et d’élaboration des politiques. Les gouvernements des pays du G7 doivent ouvrir la voie en veillant à ce que les plans, budgets et systèmes de responsabilisation prennent en compte les besoins de tous les enfants, et s’attaquent aux politiques scolaires, aux pratiques pédagogiques et aux programmes discriminatoires.

Qu’est-ce qu’une éducation transformatrice en faveur de l’égalité des sexes ?

Une éducation transformatrice en faveur de l’égalité des sexes cherche à remettre en cause de façon explicite et à éliminer les stéréotypes liés au genre et la discrimination, non seulement dans la salle de classe, mais également dans la société au sens large. Elle cherche à identifier les inégalités critiques entre les sexes et traite les facteurs sous-jacents qui y contribuent, qu’ils soient liés à l’éducation ou non. Une éducation transformatrice en faveur de l’égalité des sexes prend en considération les besoins, intérêts et vécus spécifiques des filles et des garçons, et œuvre à des résultats égaux pour les filles et les garçons en matière d’éducation, notamment en termes d’accès, de participation en classe, de réussite scolaire et d’achèvement.

Au-delà de l’éducation de base, des investissements ciblés sont nécessaires, afin d’améliorer la qualité et l’efficacité de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP) pour les adolescentes et les jeunes femmes. Des programmes transformateurs en faveur de l’égalité des sexes et de la jeunesse dotent les filles des compétences et capacités nécessaires pour obtenir un emploi décent et contribuent ainsi à une transition aisée vers l’emploi et l’entreprenariat.

Les dirigeants du G7 doivent répondre à l’engagement de la Présidence française envers la lutte contre les inégalités en faisant une priorité d’investissements forts et durables dans les filles à tous les niveaux du système éducatif. Nous savons qu’une éducation sécurisée, inclusive et intégrant la notion de genre, tout comme la promotion de l’application des droits des filles, sont essentielles à la prospérité et à l’égalité des sexes, ainsi qu’à l’élimination du cycle intergénérationnel de la pauvreté.

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