Tout savoir sur l’ODD 4 : mesurer les compétences en lecture et calcul des jeunes et des adultes
L’indicateur 4.6.1 de l’ODD 4 montre la proportion de jeunes et d’adultes ayant des compétences effectives en littératie et numératie.
30 août 2018 par Silvia Montoya, UNESCO Institute for Statistics
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Lecture : 6 minutes
Des élèves lisant à la bibliothèque de l'école de Billy Town, au Libéria. Crédit: GPE/Kelley Lynch
Des élèves lisant à la bibliothèque de l'école de Billy Town, au Libéria.

Ce blog a également été publié par l’Institut de la Statistique de l’UNESCO (ISU)

Réunis, les Objectifs de développement durable proposent la « recette » pour que les pays soient productifs et prospères, avec des populations éduquées et bien préparées au marché de l’emploi du 21ème siècle.

Nous avons déjà discuté des défis que pose une telle vision dans cette série de blogs sur les données de l’Objectif de développement durable N°4 (ODD 4) pour une éducation de qualité et des opportunités d’apprentissage pour tous tout au long de la vie. Notre blog sur l’indicateur 4.4.1 de l’ODD 4, en particulier, souligne l’importance des compétences liées aux technologies de l’information et de la communications (TIC) dans un monde de plus en plus numérique. Mais nous avons par-dessus tout besoin de savoir lire, écrire et faire les calculs de base.

Or, nous sommes présentement face à une crise de l’apprentissage qui menace la réalisation non seulement de l’ODD 4, mais également de tous les autres objectifs, de la lutte contre la pauvreté à l'amélioration des partenariats de développement.

L’Institut de la Statistique de l’UNESCO (ISU) a tiré la sonnette d’alarme en septembre dernier avec les données sur l’apprentissage, les plus récentes en révélant que 617 millions d’enfants et d’adolescents dans le monde – soit six sur dix – n’atteignaient pas le niveau minimal d’aptitude en lecture et en mathématiques.

Des millions de jeunes et d’adultes sont incapables de prendre pleinement part à la vie économique et sociale de leur communauté et de leur nation, car ils n'ont pas les compétences requises pour lire ou écrire une phrase simple ou faire un calcul élémentaire.

Ce blog examine la cible 4.6 de l’ODD 4 : D’ici à 2030, veiller à ce que tous les jeunes et une proportion considérable d’adultes, hommes et femmes, sachent lire, écrire et compter, et l’indicateur 4.6.1 : Proportion de la population d'un groupe d’âge donné ayant les compétences voulues à au moins un niveau d’aptitude fixé a) en alphabétisme et b) arithmétique fonctionnels, par sexe.

Définir ce que nous entendons par alphabétisme

C’est en examinant les deux concepts clés à mesurer dans l’indicateur 4.6.1 – les compétences en alphabétisme et arithmétique – que nous rencontrons également des difficultés d’ordre méthodologique. Pour des raisons pratiques, la définition de l’alphabétisme dans le monde est souvent limitée à la capacité à lire et à écrire une phrase simple, et s’étend aux compétences de base en arithmétique (calcul). Cette définition est cependant beaucoup trop simpliste pour saisir la complexité de ces concepts ou la façon dont les personnes utilisent leurs compétences dans la vie quotidienne.

L’UNESCO propose une nouvelle définition de l’alphabétisme qui va au-delà de la capacité à lire et écrire une phrase simple, et qui rend compte de la « capacité à identifier, comprendre, interpréter, créer, communiquer et calculer à l'aide de matériel imprimé et écrit associés à des contextes variables. » L’UNESCO souligne la valeur de la compétence, ainsi que la compétence elle-même, en avançant que : « L’alphabétisme suppose une continuité de l’apprentissage pour permettre aux individus d'atteindre leurs objectifs, de développer leurs connaissances et potentiel, et de participer pleinement à la vie de leur communauté et de la société tout entière. »

Le mot clé est « fonctionnels » : les compétences alphabétiques et arithmétiques associées dont les individus ont besoin pour un apprentissage tout au long de la vie. Si l’alphabétisme et l’arithmétique fonctionnels signifient différentes choses dans différents pays et pour différentes organisations, nous sommes d’avis qu’ils impliquent tous deux une continuité dans le développement de compétences au fil du temps.

S’accorder sur un seuil commun pour l’alphabétisme

L’indicateur 4.6.1 est défini comme le pourcentage de jeunes (de 15 à 24 ans) et d’adultes (de 15 ans et plus) qui ont atteint ou dépassé un niveau d'aptitude fixé en alphabétisme et arithmétique. Le niveau minimal d’aptitude sera mesuré par rapport aux nouvelles échelles en cours de développement.

Nous voici face à des défis méthodologiques supplémentaires. L’indicateur peut être calculé comme pourcentage de jeunes et d’adultes ayant atteint le seuil minimal d'aptitude tel que défini pour les évaluations à grande échelle (pour un échantillon représentatif) en alphabétisme et arithmétique. Il peut également être interprété comme utilisation d'un seuil classant les jeunes et les adultes en-dessous, au-dessus ou exactement à niveau par rapport à un niveau minimal d’aptitude.

Il n’existe cependant à ce jour aucune norme commune pour un tel seuil qui soit validée par la communauté internationale. Les données actuelles sont issues d’agences et d’organisations spécialisées dans les enquêtes transnationales auprès des ménages ciblant les populations de jeunes et d'adultes. C’est un problème que l’ISU a soulevé à maintes reprises.

Les sources actuelles des données sur l'alphabétisme

Pour communiquer sur l’indicateur 4.6.1, une possibilité comprend l’utilisation des enquêtes portant sur l’évaluation des compétences de la population adulte, tel que le Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC), le programme de mesure des Compétences pour l’emploi et la productivité (STEP) et les enquêtes nationales en matière d’alphabétisme et d’arithmétique des adultes.

Seul le PIAAC mesure les deux types de compétences, bien que le STEP, qui mesure l’alphabétisme, comprenne une autoévaluation en mathématiques. Les deux enquêtes utilisent le même cadre d’évaluation, ce qui rend possible l’utilisation d’une échelle commune en vue de communiquer les données. Il est toutefois important de noter que le PIAAC a été initialement conçu pour satisfaire les besoins des pays développés et peut donc s’avérer compliqué à mettre en œuvre.    

En tant qu’agence dépositaire pour l’indicateur 4.6.1, l’ISU collabore avec des partenaires à travers l’Alliance mondiale pour la mesure de l’apprentissage (GAML) pour développer les possibilités de communication des données des pays. Comme le montre notre récent article, une option serait d’élargir le cadre du PIAAC et de générer un ensemble d’outils afin de mieux refléter la situation et les besoins des pays ayant un plus faible niveau en alphabétisme et arithmétique.

Pourtant, compte tenu des coûts et de la complexité de l’administration de ces évaluations, certains pays auraient davantage intérêt à utiliser une version adaptée du Programme d'évaluation et de suivi de l'alphabétisation (LAMP), initialement développé par l’ISU pour les pays à faible revenu et de la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire. Avec le Mini-LAMP, les pays pourront utiliser une version simplifiée d’un ensemble d’outils déjà testés sur le terrain dans 10 pays. Ils auront également plus de possibilités et de flexibilité dans la mise en œuvre de l’évaluation pour répondre à leurs besoins spécifiques.

Enfin, nous devons également prendre en compte le cas des pays en développement qui manquent de ressources financières pour un tel suivi. Ces pays pourraient produire des estimations annuelles basées sur un modèle de la distribution nationale des compétences en alphabétisme sur la base des données disponibles fournies par les enquêtes sur les compétences et les différents paramètres liés à la répartition de la population.

Toutes ces options, ainsi que d’autres, feront l’objet de discussions par les pays et les partenaires lors de la prochaine réunion de la GAML en octobre. En attendant, l’ISU continuera de développer les outils et stratégies nécessaires pour produire des données de qualité tout en réduisant la charge technique et financière relative à la communication de celles-ci.

Comment et où trouver les données pour l’ODD 4

  • Le Petit Guide des indicateurs de l’éducation pour l’ODD 4 décrit le processus de développement et de production des indicateurs mondiaux de suivi tout en expliquant comment les interpréter et les utiliser. Il s’agit d’un guide pratique, étape par étape pour toute personne travaillant à la collecte et à l’analyse des données de l’éducation.
  • Le Livre des données de l’ODD 4 : indicateurs mondiaux de l’éducation 2018 veille à ce que le lecteur ait accès aux données les plus récentes disponibles pour les indicateurs mondiaux de suivi, qui seront mises à jour régulièrement.
  • L'Explorateur des données de l’ODD 4 affiche des données par pays, région ou année ; par source de données ; et par sexe, lieu et richesse. Il permet aux usagers d’explorer les mesures de l’égalité essentielles à la réussite de l’ODD 4.
  • Les profils pays présentent les tout derniers indicateurs mondiaux de l’ODD 4 disponibles dans des tableaux et des graphiques faciles à comprendre. Pour ceux qui ont rapidement besoin de données sur des pays précis, c’est une source idéale.

Ceci est le 7ème de notre série de blogs sur les indicateurs de l’ODD 4.

Également disponibles dans cette série :

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