Au début du mois, je me suis rendue au Malawi dans le cadre d’une délégation de partenaires de la santé et de l’éducation engagés dans le soutien aux efforts de développement du pays.

Cette délégation comprenait les directeurs de GAVI, Girls Not Brides, du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, du Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) et du Bureau des enjeux mondiaux relatifs aux femmes.

Cette visite a été l’occasion de poursuivre le dialogue sur le renforcement de la coordination trans-sectorielle et d’étudier les possibilités de collaboration pour répondre aux besoins des adolescentes.

Nous sommes motivés par notre engagement commun au Programme de développement durable 2030 et la reconnaissance de points communs essentiels entre les différents Objectifs mondiaux, notamment en matière de santé et d’éducation.

En ce qui concerne le GPE, cet engagement se réflète dans notre plan stratégique GPE 2020 et dans notre document de politique et stratégie sur l’égalité entre les sexes.

Un engagement à soutenir le développement du Malawi

J’avais fait une première visite au Malawi il y a trois mois, en septembre, pour l’annonce par le Président Mutharika et moi-même d’un nouveau financement du GPE pour un montant total de 44,9 millions de dollars. Ce nouveau financement du GPE a porté l’investissement total du Partenariat dans le secteur éducatif du Malawi à 134,9 millions depuis 2010, année d’intégration du Malawi dans le GPE.

Ce nouveau financement est axé sur la qualité de l’éducation des jeunes enfants et la prévention du décrochage des filles et s’appuie sur la reconnaissance que le maintien des filles à l’école est essentiel pour leur plein épanouissement.

Au cours de cette visite, le Président Mutharika et moi-même avons amorcé un dialogue sur l’importance de la coordination trans-sectorielle entre la santé et l’éducation, afin de surmonter les obstacles auxquels sont confrontées les adolescentes.

L’adolescence est une période cruciale pour les filles du monde entier, mais elle l’est d'autant plus dans un pays tel que le Malawi. Il s’agit en effet d’une période de grande vulnérabilité pour les filles, mais aussi le moment idéal pour accélérer l’impact des efforts en matière de développement.

C’est cette préoccupation, ainsi que mon engagement auprès du Président à trouver le moyen d’apporter un soutien mieux coordonné aux adolescentes, qui sont à l’origine de cette deuxième visite.

Au Malawi, la prévalence du VIH chez les filles est trop élevée

Il y a deux semaines, j’ai eu l’occasion de rencontrer des jeunes travailleuses du sexe, dont bon nombre d’entre elles séropositives, des professionnels de la santé, des groupes de mères, des enseignants, des directeurs d’école et des chefs de communauté. Tous ont évoqué les nombreux obstacles auxquels les adolescentes et les jeunes femmes sont confrontées.

De nombreuses filles sont forcées à décrocher de l'école primaire à cause de changements dans leurs conditions de vie, tels que la perte d’un parent, qui les laisse sans aucun moyen de subsistance ou de soutien des autres membres de la famille.

En fait, au Malawi, seules 29 % des filles inscrites dans le primaire achève ce cycle. Pour celles qui peuvent continuer en primaire, la grande majorité décroche entre la 6^e et la 8^e année.

Les données nationales indiquent des taux de décrochage supérieurs pour les filles au début de l’adolescence, que ce soit pour cause de mariage ou de grossesse précoce, de frais de scolarité, d’absence d’installations sanitaires, de distance importante entre le domicile et l’école et de charges familiales.

Dans les districts que nous avons visités, le taux de séropositivité dans certains groupes ciblés avoisine les 75 %, et les adolescentes et jeunes femmes sont de plus en plus susceptibles de développer des cancers de l'utérus qui pourraient être évités par la vaccination. Selon les statistiques des pouvoirs publics, la moitié des filles du Malawi sont déjà mariées à l’âge de 18 ans, certaines étant forcées de se marier dès l'âge de 9 ou 10 ans.

Des approches intégrées peuvent permettre de surmonter les multiples obstacles auxquels sont confrontées les filles

Ces problèmes sont interconnectés et se cumulent souvent. Par exemple, les filles qui sont mariées à un âge précoce ont plus de risques de décrocher de l’école et d’être contaminées par le VIH.

L’école constitue également un facteur de prévention : les filles qui restent à l’école ont moins de risques d’être contaminées par le VIH et de se marier jeune. Les filles victimes de violence sexuelle sont également plus souvent non scolarisées, ce qui les rend encore davantage vulnérables à la contamination par le VIH et au mariage précoce.

Des approches globales et intégrées sont nécessaires pour traiter les problèmes auxquels sont confrontées les adolescentes et les jeunes femmes.

Réussir à fournir les outils et services dont les filles ont besoin nécessite des actions qui recoupent plusieurs ministères et de multiples secteurs, ainsi qu’un leadership politique à tous les niveaux dans le but de briser les cloisonnements existants.

Le Président Mutharika a pris la courageuse décision de créer une équipe de travail, afin de promouvoir les liens entre la santé et l’éducation et renforcer la coordination et la collaboration dans le but d’émanciper les adolescentes et les jeunes femmes.

Il s’agit là d'une première étape essentielle, et je félicite le Président pour son leadership sur la question et son engagement pour l'émancipation des filles, afin que celles-ci puissent pleinement s'épanouir.

Les partenaires ont également convenu de soutenir une aide intégrée aux adolescentes et jeunes femmes dans les processus de planification sectorielle et d’identifier des indicateurs communs afin de mesurer l’impact dans ce domaine prioritaire.

Maintenir les filles à l'école et en bonne santé, c’est investir dans le développement du Malawi

Le rapport de la Commission internationale pour le financement des possibilités d’éducation dans le monde souligne le fait que l’éducation, en particulier celle des filles, constitue le « vaccin » qui permettra aux populations d’être en meilleure santé. Ce rapport remarque que le maintien des filles à l’école est l’une des interventions les plus efficaces pour diminuer le taux de contamination par le VIH.

Une des recommandations clés de la Commission est d’investir davantage dans la planification conjointe, l’investissement et la mise en œuvre trans-sectorielle afin de s’attaquer aux multiples entraves à la scolarisation des enfants et à leur apprentissage, notamment le VIH / SIDA et le mariage des enfants.

En tant que Commissaire et ambassadeur de l’éducation, l’engagement du Président dans la coordination des actions aidera à déterminer ce qu’il sera nécessaire de faire pour venir à bout des obstacles complexes et multiples auxquels sont confrontées les adolescentes, et, espérons-le, encouragera d’autres à agir.

Garantir l’éducation, la santé, l’émancipation économique et sociale des adolescentes constitue une condition essentielle pour briser le cycle de la pauvreté d'une génération à l'autre et assurer la prospérité du Malawi.