Papouasie-Nouvelle-Guinée : de nouvelles formations pour relever les exigences pédagogiques en mathématiques et en sciences
21 octobre 2020 par Lillian S. Keneqa, Save the Children Papua New Guinea, et Rachel Tarsan, Save the Children Papua New Guinea |
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En Papouasie–Nouvelle-Guinée, le GPE œuvre aux côtés du gouvernement et de Save the Children pour former les enseignants et leur permettre d’améliorer à leur tour les compétences des élèves en mathématiques et en sciences.

En 2021, une série de formations destinée à 827 enseignants a été organisée dans 28 localités de six provinces où le programme « BEST » est mis en œuvre avec l’appui financier du GPE dans le but de relever les exigences éducatives.

Les formations ont porté sur l’amélioration de l’apprentissage des élèves en mathématiques et en sciences, en lien avec les manuels du programme d’études fondé sur des normes (SBC) pour les 3e à 5e années de scolarité.

Sur la base des rapports d’évaluation des compétences en lecture, écriture et calcul dans les îles du Pacifique (PILNA) de 2015, cette initiative a ciblé les six provinces les plus défavorisées présentant de faibles taux de performance, à savoir les provinces du Gulf, d’Oro, de Milne Bay, de Nouvelle-Bretagne occidentale, de Sepik ouest et de Western.

Ces formations pour enseignants ont été organisées dans le souci d’améliorer les exigences pédagogiques dans ces provinces. En 2021, par exemple, 29 enseignants de 32 écoles primaires du district de Biala (Nouvelle-Bretagne occidentale) et 31 enseignants de 31 écoles des collectivités locales de Yeleyamba et des Louisiades (districts de Samarai Murua) ont suivi une formation d’une semaine à Misima (Milne Bay) consacrée à l’enseignement des mathématiques au 1er cycle du primaire.

Le département national de l’Éducation a animé cette semaine de formation avec le concours de Save the Children et la division provinciale pour l’Éducation des deux provinces concernées.

Parmi les sujets abordés figuraient l’organisation du tableau noir, la planification des cours à l’aide des nouveaux manuels de mathématiques et la sécurité des enfants. L’objectif ? Passer d’une approche axée sur les résultats à une approche tournée vers les processus, ce qui suppose de centrer les cours sur l’enfant.

Enseignements tirés des formations

Deux enseignants de Nouvelle-Bretagne occidentale et deux autres en provenance de Milne Bay nous ont confié ce qu’ils avaient retiré de cette semaine et ce que cette pratique pourrait apporter à leurs élèves.

Hildagard Mondo
Hildagard Mondo
Credit:
Lillian Keneqa & Rachel Tarsan

Hildagard Kua Mondo est une enseignante chevronnée qui encadre les enseignants chargés des 3e et 4e années de scolarité à l’école primaire de Kapiura en Nouvelle-Bretagne occidentale.

La formation a eu un impact important sur ses méthodes pédagogiques.

« J’ai, entre autres, appris à utiliser plus efficacement le tableau en classe. Avant, le tableau était divisé par matière. Aujourd’hui, lorsque nous faisons des mathématiques, par exemple, nous utilisons tout le tableau », explique avec enthousiasme Mme Mondo, comme l’appellent ses élèves.

« Mon objectif est d’aider les enseignants à améliorer leur pratique », ajoute-t-elle. « Avec tout ce que nous faisons pour la province, nous devrions au minimum dépasser la huitième place. »

Travail en groupe sur l’enseignement du calcul à Misima (Milne Bay). Crédit : Lillian Keneqa & Rachel Tarsan
Travail en groupe sur l’enseignement du calcul à Misima (Milne Bay).
Credit:
Lillian Keneqa & Rachel Tarsan

Orim Palangat, directeur de l’école primaire Lolobau, a sous sa responsabilité 196 élèves et six enseignants.

Il explique qu’il a relevé de nombreuses faiblesses lors de la mise en œuvre du programme fondé sur les résultats, notamment en matière de programmation et de planification.

« Mais grâce à la formation dispensée dans le cadre du programme BEST, je suis mieux outillé : tous les supports sont fournis, la programmation et la planification des cours pour le programme d'études, tout y est », explique-t-il.

M. Palangat ajoute qu’il se heurte au manque de matériel (rapporteurs, compas…).

« En attendant, je vais devoir utiliser le peu d’équipement dont je dispose pour mettre en pratique le programme. Dès que nous serons en possession de tout le matériel, mes enseignants et moi pourrons faire encore plus pour avancer dans la mise en place de ce nouveau programme. »

Une fois les formations suivies, les enseignants forment leurs collègues dans leur école respective.

Virginia Bwamede
Virginia Bwamede
Credit:
Lillian Keneqa & Rachel Tarsan

Virginia Bwamede enseigne depuis 35 ans ; elle est professeure principale à l’école primaire de Maho, dans l’une des régions reculées de la province maritime. Avec d’autres collègues, elle a participé à la formation qui s’est tenue à l’école primaire de Bagauya, sur l’île de Misima.

Elle concède sa difficulté à enseigner le programme d'études fondé sur les résultats (OBC), trouvant plus facile l’application du programme SBC qui s’appuie sur des manuels.

« Avec l’OBC, chacun enseignait à sa manière, selon ce qu’il pensait le plus judicieux pour les enfants. Nous devions chercher divers moyens et approches d’enseignement, compte tenu de l’isolement de l’école et de son manque de moyens. Avec le programme SBC, c’est différent : tout ce dont on a besoin pour enseigner se trouve dans les manuels », indique-t-elle.

Le programme SBC lui semple plus simple parce qu’il s’organise en séquences d’une année à l’autre, et les cours sont plus intéressants et plus cohérents. « Le programme OBC possède certaines lacunes que nous avons comblées du mieux possible. »

Alphonsus Michael Belio
Alphonsus Michael Belio
Credit:
Lillian Keneqa & Rachel Tarsan

Alphonsus Michael Belio est enseignant à l’école primaire de Jaru sur l’île de Rossel, à Milne Bay. Pendant plus de neuf ans, il a enseigné avec le programme OBC. Il estime que cette méthode n’est pas assez détaillée parce qu’elle vise essentiellement les acquis. En revanche, il souligne la transversalité du programme SBC.

Il ajoute qu’il s’est ouvert à l’éducation inclusive et qu’il a hâte de la mettre en pratique.

« Certains enfants ont des besoins particuliers dans mon école. Cette formation m’a ouvert les yeux sur la manière dont je peux mieux les accompagner dans leur apprentissage. »

Cette semaine de formation des enseignants a reçu le soutien du programme BEST pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle a vu a le jour grâce au département national de l’Éducation et aux financements de Save the Children en tant qu’agent partenaire dans les provinces d’Oro, de Milne Bay, du Gulf, de Western, de la Nouvelle-Bretagne occidentale et de Sepik ouest.

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