En Syrie, l'éducation permet à Mohamed d'entamer un nouveau chapitre de sa vie
29 avril 2024 par Sandra Awad, UNICEF in Syria, et Rasha Alsabbagh, UNICEF in Syria |
Lecture : 3 minutes

Découvrez l'histoire de Mohamed, 17 ans, qui a perdu ses parents dans le conflit et été déplacé plusieurs fois. Avec le soutien de partenaires, dont le GPE, l'UNICEF aide les enfants non scolarisés comme lui à reprendre le chemin de l'école.

Cette histoire a été initialement publiée sur le site Internet de l’UNICEF.

Zone rurale de Damas, Syrie – « Un nouveau chapitre de ma vie s'est ouvert. En retournant à l'école, j'ai eu l'impression de retrouver une partie de ma vie que je pensais perdue », raconte Mohamed, 17 ans, originaire du village de Kasmieh dans la ville d'Alnashabiyah, dans la région rurale de Damas, en Syrie.

Mohamed a perdu ses deux parents dans le conflit et a connu de nombreux déplacements et épreuves.

Mohamad, 17
« Mes parents me manquent énormément. Ma vie aurait été différente s'ils étaient encore en vie, c'est certain. Mais, je sais maintenant qu'ils auraient tous deux été fiers de la personne que je suis en train de devenir. »
Mohamed, 17

« Lorsque j'avais 7 ans, un obus a frappé notre maison, tuant ma mère et blessant mes sœurs. Mon père a perdu sa jambe », ajoute-t-il. Plus tard, la famille a trouvé refuge pendant deux mois dans un centre d'hébergement, puis le père de Mohamed est décédé.

Mohamed a été contraint de partir une nouvelle fois avec ses jeunes sœurs et ses grands-parents et de s'installer à Altal, une ville voisine. C'est là qu'il a appris la menuiserie. « Mon père était menuisier et j'aimais le regarder fabriquer des meubles. Je suis donc allé dans un atelier de menuiserie du quartier et j'ai commencé à apprendre le métier », explique-t-il.

Mohamed, 17 ans, travaillait dans l'atelier de menuiserie de la ville d'Alnashabiyah, dans la région rurale de Damas, en Syrie. Crédit : UNICEF/UNI517405/Sandra Awad
Mohamed, 17 ans, travaillait dans l'atelier de menuiserie de la ville d'Alnashabiyah, dans la région rurale de Damas, en Syrie.
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UNICEF/UNI517405/Sandra Awad

Après deux ans passés à Altal, son grand-père n'avait plus les moyens de payer le loyer de la maison où la famille s'était réfugiée. Ils sont alors retournés dans leur village d'origine pour constater que leur maison était endommagée. Mais, n'ayant nulle part d’autre où aller, ils y sont restés.

Face à la dégradation de la situation économique du pays, Mohamad a décidé d'aider son grand-père à subvenir aux besoins de la famille. Il a commencé à travailler dans un atelier de menuiserie et a aidé à réparer certaines parties de la maison. « J'ai fabriqué de nouvelles portes pour la maison de mes grands-parents. Mon grand-père était très fier de moi », raconte-t-il en souriant.

Mohamed, 17 ans, participe à un cours de mathématiques dans le cadre d'un programme d'auto-apprentissage soutenu par l'UNICEF dans une école du village de Kasmieh, dans la région rurale de Damas, en Syrie. Crédit : UNICEF/UNI517404/Sandra Awad
Mohamed, 17 ans, participe à un cours de mathématiques dans le cadre d'un programme d'auto-apprentissage soutenu par l'UNICEF dans une école du village de Kasmieh, dans la région rurale de Damas, en Syrie.
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UNICEF/UNI517404/Sandra Awad

Mohamed est allé à l'école par intermittence au cours des années, mais il a complètement abandonné ses études lorsqu'il a commencé à travailler et est devenu le principal soutien de la famille.

En août 2023, un groupe de bénévoles a rencontré sa famille alors qu'ils faisaient du porte-à-porte dans le quartier pour encourager les enfants non scolarisés à retourner à l’école.

Ils ont présenté à Mohamed le programme d'« auto-apprentissage » soutenu par l'UNICEF. Ce programme est conçu pour aider les élèves qui ont dû interrompre leur scolarité, et il était disponible à l'école de son village.

Mohamed, 17
« Cette visite m’a bouleversé. Même si je faisais bien mon travail, je sentais que j'avais des lacunes en lecture, en écriture et en calcul. J'avais oublié les tables de multiplication, un outil essentiel en menuiserie. »
Mohamed, 17

Mohamed a convenu avec son patron de travailler le soir à l'atelier de menuiserie afin de pouvoir suivre les cours d'auto-apprentissage.

« Un nouveau chapitre de ma vie s'est ouvert », ajoute Mohamed. Il a rattrapé son retard non seulement en matière d'apprentissage, mais aussi dans sa vie en dehors du travail. « J'ai commencé à avoir une vie sociale en dehors du travail et j'ai participé à des activités divertissantes à l'école. »

Mohamed veut continuer à apprendre et rêve de diriger un jour son propre atelier de menuiserie.

Mohamed, 17 ans, fait ses devoirs chez lui dans le village de Kasmieh, dans la région rurale de Damas, en Syrie. Crédit : UNICEF/UNI517403/Sandra Awad
Mohamed, 17 ans, fait ses devoirs chez lui dans le village de Kasmieh, dans la région rurale de Damas, en Syrie.
Credit:
UNICEF/UNI517403/Sandra Awad

En 2023, plus de 131 200 enfants et responsables d'enfants ont bénéficié de visites en porte-à-porte de la part de l'UNICEF, dans le cadre d’un programme de soutien au retour à l'apprentissage en Syrie. Quelque 28 500 enfants ont bénéficié du programme d'auto-apprentissage mis en œuvre dans le pays.

Les activités ont été financées par L'Éducation sans délai ; l'Aide humanitaire de l'Union européenne ; l'Union européenne et le gouvernement norvégien dans le cadre du Programme conjoint des Nations Unies pour le renforcement de la résilience dans les zones urbaines et rurales de Syrie ; le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) par l'intermédiaire de la Banque de développement KFW ; le financement thématique humanitaire mondial ; le Partenariat mondial pour l'éducation ; les gouvernements de l'Australie, de la Finlande, du Japon, de la République de Corée et de la Norvège ; et le Comité national de l'UNICEF pour le Canada.

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