L’éducation au service d’un avenir durable grâce à l’égalité des genres et à la santé publique : perspectives des jeunes

Face à la recrudescence des crises climatiques, l’éducation apparaît comme une solution qui donne l'espoir d'un avenir durable. De jeunes leaders nous font ici part de leurs réflexions, soulignant le rôle primordial de l’éducation dans la lutte contre le changement climatique en abordant la question sous l’angle de l’égalité des genres et de la santé publique.

06 mai 2024 par Secrétariat du GPE
|
Lecture : 5 minutes
De jeunes garçons collectent de l'eau potable depuis le principal point d'approvisionnement en eau potable sous les eaux de crue dans le district d'Umerkot, dans la province du Sindh, au Pakistan. Crédit : UNICEF/UN0701706/Zaidi
De jeunes garçons collectent de l'eau potable depuis le principal point d'approvisionnement en eau potable sous les eaux de crue dans le district d'Umerkot, dans la province du Sindh, au Pakistan.
Credit: UNICEF/UN0701706/Zaidi

L’éducation au changement climatique et des solutions pour l’égalité des genres

Envisager l’intersection entre l’éducation et le changement climatique sous l’angle de l’égalité des genres révèle les impacts disproportionnés de la dégradation de l’environnement sur les filles et les femmes dans le monde. Il en ressort également le rôle essentiel que celles-ci peuvent jouer dans l’élaboration et la mise en œuvre de solutions innovantes contre le changement climatique.

    Wadi, jeune leader du GPE, Nigéria

    Dans le Nord du Nigéria, alors que les sécheresses s’aggravent et que les moyens de subsistance agricoles s’amenuisent, les familles subissent un fardeau économique de plus en plus lourd qui les contraint à privilégier la scolarisation des garçons plutôt que celle des filles. La fréquence accrue des événements météorologiques extrêmes ne fait que perturber encore plus la scolarité, les infrastructures scolaires devenant peu fiables et inadéquates à cause des inondations et des vagues de chaleur.

    En matière d’accès à l’éducation, les filles rencontrent des obstacles disproportionnellement élevés qui s’expliquent par les obligations familiales et les responsabilités domestiques auxquelles elles doivent répondre, mais aussi par des préoccupations sur le plan sécuritaire et les attentes sociétales.

    Dans des États comme ceux de Kano et de Sokoto où le changement climatique ne fait qu’exacerber la pauvreté et l’insécurité alimentaire, les filles doivent souvent quitter l’école pour aider aux tâches ménagères ou contribuer au revenu du foyer. Très peu y retournent pour terminer leurs études.

    Au Nigéria, investir dans l’éducation représente un moyen important d’atténuer les effets du changement climatique. L’éducation dote les filles des connaissances et des compétences dont elles ont besoin pour s’adapter aux changements environnementaux et renforcer leur résilience personnelle et celle de leur communauté.

    En favorisant la culture environnementale et en faisant la promotion de pratiques durables, l’éducation prépare les filles à appréhender l’évolution des conditions climatiques, tout en défendant des initiatives en faveur du développement durable.

    Grâce à l'éducation, les filles sont également mieux placées pour influer sur les processus décisionnels qui sont susceptibles de déboucher sur des réformes politiques sensibles aux questions climatiques.

    Investir dans l’éducation des filles, ce n’est pas seulement favoriser leur bien-être. C’est aussi former une génération de leaders et de spécialistes de l’environnement capables de placer le Nigéria sur la voie d’un avenir durable.

Une élève de l'école maternelle et primaire Al-Yaqeen, dans le village de Suleja, dans l’État du Niger, au Nigeria. Crédit : Arne Hoel/Banque mondiale
Une élève de l'école maternelle et primaire Al-Yaqeen, dans le village de Suleja, dans l’État du Niger, au Nigeria.
Credit:
Arne Hoel/Banque mondiale

    Nada, ambassadrice du climat dans le cadre du programme Max Thabiso Edkins (MTE), Égypte

    L’éducation au changement climatique peut aider les femmes, tous rôles sociaux et tous milieux socioéconomiques confondus, à jouer un rôle important dans les efforts déployés par les pays en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Elle permettrait notamment de :

    • Stimuler un consumérisme conscient : le pouvoir des femmes dans la crise climatique commence par des gestes individuels et domestiques. L’éducation peut faire jaillir des attitudes et des comportements sensibles aux questions climatiques, comme une prise de conscience des dangers du consumérisme.
    • Développer des compétences éco-responsables pour entrer dans l’économie verte : à l’heure actuelle, les efforts visant à développer les compétences des femmes pour leur permettre d’accéder à des emplois verts interviennent très tardivement dans la vie d’une fille. Personnellement, en tant que femme égyptienne, c’est à 19 ans seulement que j’ai été sensibilisée à la question de la crise climatique. L’éducation au changement climatique est déterminante pour que les filles puissent acquérir les compétences vertes dont elles ont besoin pour accéder aux marchés des emplois verts, lesquels ne cessent d’évoluer.
    • Accroître la créativité et les efforts des filles en faveur de solutions inédites dans la lutte contre le changement climatique : l’éducation au changement climatique est essentielle pour que les filles et les femmes aient les moyens de réaliser des innovations et des percées majeures dans la lutte contre la crise climatique, au-delà des frontières.
    • Renforcer la résilience communautaire face au changement climatique : chaque année supplémentaire de scolarité dans la vie d’une fille augmente la résilience d’un pays face au changement climatique, selon l'Indice de changement environnemental de Notre Dame. Malgré son potentiel, l’éducation des filles demeure un volet négligé dans les contributions déterminées au niveau national. En 2021, 4 pays seulement intégraient les filles dans leur lutte contre le changement climatique.
Haya (8 ans) et Haneem (10 ans) portant une œuvre d'art sur la conservation de l'eau à l'école primaire Gamal Abd El-Nasser dans le gouvernorat du Fayoum en Haute-Égypte. Crédit : UNICEF/UN0726815/Mostafa
Haya (8 ans) et Haneem (10 ans) portant une œuvre d'art sur la conservation de l'eau. Elles l'ont réalisée dans le cadre d'une activité de sensibilisation au changement climatique à l'école primaire Gamal Abd El-Nasser dans le gouvernorat du Fayoum en Haute-Égypte.
Credit:
UNICEF/UN0726815/Mostafa

L’éducation au changement climatique pour des communautés plus résilientes et en meilleure santé

L'analyse du lien entre l’éducation et le changement climatique sous l’angle de la santé publique fait ressortir les effets profonds de la dégradation de l'environnement sur la santé et le bien-être des êtres humains. Investir dans l’éducation au changement climatique, c'est accroître la résilience et la santé des communautés.

    Anzal, jeune leader du GPE, Pakistan

    Au Pakistan, une grande partie de la population n’a pas accès à de l’eau potable propre, à des installations élémentaires d’hygiène et à une alimentation de bonne qualité. En outre, le Pakistan est très vulnérable aux changements climatiques. Les inondations de 2022 ont causé des dommages irrémédiables pour les populations qui vivent dans les provinces du Sindh, du Baloutchistan et du Pendjab.

    Avec mon entreprise sociale Bagh-e-Sakina, nous avons mis sur pied un programme de formation et de participation citoyenne, intitulé « Empowering Young Minds », grâce auquel nous avons pu former plus de 500 élèves issus d’écoles à faible revenu de Karachi.

    Le programme est soutenu par l'organisme Young Cities and Hive Pakistan. Nous avons adopté le modèle « former le formateur » pour permettre à plus de 15 animateurs de se familiariser avec des approches pédagogiques respectueuses des droits des enfants.

Anzal faisant des formations dans le cadre du programme Empowering Young Minds. Crédit : Anzal Abbas
Anzal faisant des formations dans le cadre du programme Empowering Young Minds.
Credit:
Anzal Abbas

    Les enfants se voient également remettre des livres d’activités non scolaires élaborés par l’équipe « Play, Learn and Act » de Bagh-e-Sakina. Faisant appel à l’apprentissage par le jeu, nos livres d’activités et nos ateliers enseignent l’empathie et la tolérance, tout en apportant un éclairage sur la lutte contre le changement climatique et l’engagement civique.

    Le programme de formation Empowering Young Minds a également pour but d’aider les élèves à comprendre à quel point nous sommes vulnérables aux changements climatiques. Ils sont ainsi amenés à réfléchir à des solutions novatrices propices à un mode de vie durable, qui découragent les pratiques préjudiciables pour leurs environnements respectifs.

    L’éducation sur le changement climatique favorise un sentiment de communauté et de responsabilité partagée chez les jeunes, ce qui est essentiel si l'on veut trouver des solutions adéquates pour atténuer les effets du changement climatique sur le long terme.

    Jevanic, membre du Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques

    Des pays comme Sainte-Lucie et d’autres petits États insulaires en développement (PEID) continuent de subir, bien malgré eux, les innombrables effets négatifs des changements climatiques. Cela a graves conséquences sur la santé publique, lesquelles compromettent les conditions de vie et les moyens de subsistance de la population, tout en dictant les programmes de développement des pays.

    Avec la hausse des températures, nous assistons désormais à une augmentation des épidémies de maladies à transmission vectorielle et de maladies liées à la chaleur, telles que les coups de chaleur, dans la région des Caraïbes, ce qui met à rude épreuve un système de santé déjà assez fragile.

    La multiplication des ouragans, des sécheresses et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes met également en péril la sécurité hydrique et alimentaire, obligeant les citoyens à adopter des options de survie moins saines pendant et après ces catastrophes.

    Investir dans l’éducation est essentiel pour renforcer la résilience. L'éducation permet de former des citoyens plus conscients des effets inattendus du changement climatique, et donc d’être mieux à même de s’y adapter.

    Grâce à un plus grand investissement en éducation, nous pouvons favoriser des pratiques comportementales plus durables qui aident à réduire la vulnérabilité des populations face aux effets du changement climatique, que ce soient des inondations ou d’autres événements météorologiques extrêmes.

    L’éducation doit être perçue comme un outil utile pour catalyser la croissance de communautés plus résilientes.

Comme le décrivent ces jeunes leaders, investir dans l’éducation apparaît comme une solution multiforme à la crise climatique. Capable aussi bien d’émanciper des communautés marginalisées que de faire naître un leadership conscient des enjeux climatiques, l’éducation a un rôle fondamental à jouer dans l’avènement d’un monde à la fois plus résilient et plus durable.

La Journée internationale de la Terre nourricière est pour nous l’occasion d’appeler les gouvernements, les organisations et les citoyens à donner la priorité à l’éducation, véritable pierre angulaire de l’action climatique, afin de préserver la planète pour les générations futures.

--------

En savoir plus sur le travail des jeunes leaders du GPE.

Lire aussi

Commentaires

Bonjour à tout lecteur de ce message

Nous sommes au Burundi où les inondations sont devenues un lot quotidien. La nappe phréatique aurait monté, les rivières qui naturellement se déversaient dans le Lac Tanganyika n'y arrivent plus comme avant car ce dernier à beaucoup monté de niveau et se dirige plutôt vers les hauteurs pour désorienter et dérouter les cours d'eau.
Les rivières se déversent dans les champs arables, dans des terrains des jeux, sur leur passage, elles détruisent les écoles et les maisons d'habitation et, ces deniers jours, les glissements de terrains sont devenues monnaie courante.
Les écoliers et élèves sont devenus des nomades instables craignant les lendemains qui déchantent.

Il faut que les humanitaires et les environnementalistes fassent quelque chose pour préserver les vies humaines.
Certes nous avons des stratégies à adopter pour ériger des barrières contre le changement climatique mais les préalables sont nécessaires.

Théodore MUREKE
Président de l'Association Boussole pour le Développement Communautaire Inclusif, B.D.C.I en sigle.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas divulguée. Tous les champs sont requis

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Texte brut

  • Global and entity tokens are replaced with their values. Explorer les jetons disponibles.
  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.