Voilà plus d’une décennie que je m’intéresse (en anglais) de près au rôle que peut jouer la technologie pour relever les défis de l’éducation, qu’il s’agisse des réussites, des dérives, des échecs ou des évolutions.
J’ai tout de suite compris que l’émergence de la pandémie de COVID-19 était un événement unique qui pouvait servir de catalyseur au recours à la technologie pour les enfants, afin de leur éviter les problèmes courants liés à l’interruption de la scolarité.
Les technologies utilisées pour faciliter l’éducation sont en plein essor, et l’intérêt qu’elles ont suscité durant la pandémie de COVID-19 a fait apparaître de nombreuses nouvelles expressions interchangeables. Je fais ici largement référence au concept d’« EdTech » qui désigne l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans les systèmes éducatifs. Il peut s’agir de solutions dites « low-tech », comme la radio et la télévision dans les zones souffrant d’une mauvaise connectivité, ou de solutions en ligne de haute technologie.
Les retards d’apprentissage, le décrochage scolaire, les problèmes de santé mentale, les grandes disparités entre les sexes et les inégalités dans l’accès aux ressources et l’aggravation des violences sexistes (y compris dans les espaces numériques) sont quelques-uns des problèmes qui peuvent survenir pendant les périodes d’interruption de la scolarité.
En théorie, les technologies peuvent contribuer à atténuer et à éliminer ces problèmes si — et seulement si — elles sont correctement mises en œuvre, dotées de ressources suffisantes et suivent les recommandations tirées de la recherche universitaire et des spécialistes, ainsi que des cadres généraux liés au devoir de diligence, comme les Principes pour le développement numérique de Digital Impact Alliance.
Pendant quelques mois, les interventions EdTech adaptées aux besoins locaux semblaient fleurir — et étaient généralement bien accueillies par les parents qui se sont transformés en enseignants du jour au lendemain — grâce au soutien d’organisations multilatérales opérant dans la sphère des Nations Unies. Les pouvoirs publics et le secteur privé se sont associés pour tenter de remédier à l’interruption de l’enseignement.
Les observations faites pendant la pandémie de COVID-19, en particulier au cours des premiers mois, m’ont toutefois montré que l’on était loin de l’utopie EdTech envisagée.
Mes observations et mes recherches depuis le début de la pandémie m’ont permis d’identifier trois raisons pour lesquelles l’impulsion donnée à l’EdTech par la pandémie pourrait être de courte durée.
1. La reprise des cours en présentiel dans le cadre de la « nouvelle normalité » peut, à mon avis, reléguer l’EdTech au second plan. Nous risquons alors de laisser passer l’occasion de tirer parti de tous les avantages que peuvent offrir ces technologies lorsqu’elles sont intégrées et qu’elles soutiennent des systèmes éducatifs plus résilients.
Au début de la pandémie, les pouvoirs publics ont rapidement cherché à mettre en place des solutions multimodales (autrement dit, des approches EdTech associant plusieurs formes de technologies numériques et/ou analogiques pour assurer la continuité de l’apprentissage face à la fermeture prolongée des écoles.
Les solutions technologiques étaient flexibles et proposaient des stratégies claires pour atteindre les apprenants les plus défavorisés ou les plus vulnérables d’un pays.