3 raisons pour lesquelles l’impulsion donnée aux technologies éducatives durant la pandémie de COVID-19 pourrait être de courte durée

Alors que la pandémie de COVID-19 aurait pu permettre aux enfants de tirer parti des technologies éducatives et leur épargner les problèmes liés à l'interruption de leur scolarité, l’engouement suscité par les technologies éducatives durant cette crise sanitaire pourrait être de courte durée. Voic pourquoi.

01 mai 2022 par Dr Ronda Železný-Green
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 due to the COVID-19 pandemic in RwandYvette Marie, 18 ans, étudie en ligne depuis chez elle pendant la période de fermeture des écoles en raison de la pandémie de COVID-19 au Rwanda. Crédit : UNICEF Rwanda/2020/Saleh
Yvette Marie, 18 ans, étudie en ligne depuis chez elle pendant la période de fermeture des écoles en raison de la pandémie de COVID-19 au Rwanda.
Credit: UNICEF Rwanda/2020/Saleh

Voilà plus d’une décennie que je m’intéresse (en anglais) de près au rôle que peut jouer la technologie pour relever les défis de l’éducation, qu’il s’agisse des réussites, des dérives, des échecs ou des évolutions.

J’ai tout de suite compris que l’émergence de la pandémie de COVID-19 était un événement unique qui pouvait servir de catalyseur au recours à la technologie pour les enfants, afin de leur éviter les problèmes courants liés à l’interruption de la scolarité.

Les technologies utilisées pour faciliter l’éducation sont en plein essor, et l’intérêt qu’elles ont suscité durant la pandémie de COVID-19 a fait apparaître de nombreuses nouvelles expressions interchangeables. Je fais ici largement référence au concept d’« EdTech » qui désigne l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans les systèmes éducatifs. Il peut s’agir de solutions dites « low-tech », comme la radio et la télévision dans les zones souffrant d’une mauvaise connectivité, ou de solutions en ligne de haute technologie.

Les retards d’apprentissage, le décrochage scolaire, les problèmes de santé mentale, les grandes disparités entre les sexes et les inégalités dans l’accès aux ressources et l’aggravation des violences sexistes (y compris dans les espaces numériques) sont quelques-uns des problèmes qui peuvent survenir pendant les périodes d’interruption de la scolarité.

En théorie, les technologies peuvent contribuer à atténuer et à éliminer ces problèmes si — et seulement si — elles sont correctement mises en œuvre, dotées de ressources suffisantes et suivent les recommandations tirées de la recherche universitaire et des spécialistes, ainsi que des cadres généraux liés au devoir de diligence, comme les Principes pour le développement numérique de Digital Impact Alliance.

Pendant quelques mois, les interventions EdTech adaptées aux besoins locaux semblaient fleurir — et étaient généralement bien accueillies par les parents qui se sont transformés en enseignants du jour au lendemain — grâce au soutien d’organisations multilatérales opérant dans la sphère des Nations Unies. Les pouvoirs publics et le secteur privé se sont associés pour tenter de remédier à l’interruption de l’enseignement.

Les observations faites pendant la pandémie de COVID-19, en particulier au cours des premiers mois, m’ont toutefois montré que l’on était loin de l’utopie EdTech envisagée.

Mes observations et mes recherches depuis le début de la pandémie m’ont permis d’identifier trois raisons pour lesquelles l’impulsion donnée à l’EdTech par la pandémie pourrait être de courte durée.

1. La reprise des cours en présentiel dans le cadre de la « nouvelle normalité » peut, à mon avis, reléguer l’EdTech au second plan. Nous risquons alors de laisser passer l’occasion de tirer parti de tous les avantages que peuvent offrir ces technologies lorsqu’elles sont intégrées et qu’elles soutiennent des systèmes éducatifs plus résilients.

Au début de la pandémie, les pouvoirs publics ont rapidement cherché à mettre en place des solutions multimodales (autrement dit, des approches EdTech associant plusieurs formes de technologies numériques et/ou analogiques pour assurer la continuité de l’apprentissage face à la fermeture prolongée des écoles.

Les solutions technologiques étaient flexibles et proposaient des stratégies claires pour atteindre les apprenants les plus défavorisés ou les plus vulnérables d’un pays.

La pandémie de COVID-19 a permis à beaucoup de personnes de prendre conscience que les technologies éducatives pouvaient être une solution efficace et adaptée à toute forme d’interruption de scolarité (catastrophes naturelles, déplacements forcés, précarité menstruelle et autres).

L’importance accordée à la technologie pour soutenir les systèmes éducatifs risque toutefois de diminuer à mesure que l’enseignement en présentiel redevient la norme.

Si nous ne poursuivons pas de manière proactive la mise en place d’un écosystème EdTech qui puisse amortir les effets de l’interruption de la scolarité pour une partie ou la totalité des apprenants, ces derniers n’y seront pas préparés à l’avenir. Les conséquences sur le potentiel de la population sont incalculables.

2. Les enseignants (et les parents) ne disposent toujours pas du soutien, des ressources et des conseils nécessaires pour acquérir et utiliser les compétences qui leur permettraient de faciliter efficacement l’utilisation du numérique.

Les enseignants, peut-être plus que tout autre groupe durant la pandémie, ont dû relever un défi de taille : assurer la continuité de l’apprentissage à distance avec seulement quelques jours ou quelques heures pour y parvenir.

Le passage soudain à la facilitation numérique et/ou à l’apprentissage à distance a nécessité l’adoption d’une nouvelle approche et d’un nouveau répertoire pédagogiques, souvent mis en œuvre dans un environnement (dispositifs numériques) complètement inédit pour les enseignants.

Les fortes contraintes rencontrées, conjuguées à l’attrition malheureuse et inattendue d’enseignants eux-mêmes touchés par le coronavirus, ont fait baisser les performances et le moral des enseignants comme jamais auparavant.

Alors que la nouvelle normalité se précise, les revendications des enseignants, qui souhaitent être efficacement formés, dotés des ressources nécessaires et guidés sur la manière d’améliorer en permanence leur pédagogie numérique et à distance, ne peuvent rester lettre morte.

La résilience de notre écosystème éducatif dépend en grande partie de la capacité des enseignants à faciliter l’apprentissage numérique/à distance. Nous ne pouvons pas négliger les besoins des enseignants, car cela menacerait l’ensemble de l’écosystème.

3. Le secteur privé doit jouer un rôle plus important, tout particulièrement en ce qui concerne la fourniture d’une connectivité significative.

L’apparition de la pandémie a bouleversé tout le monde et tous les secteurs, et le secteur des télécommunications en général a également dû faire face à l’explosion de la demande de services.

Jamais auparavant le besoin d’une connectivité significative n’avait été aussi fort. Pourtant, des millions de personnes n’avaient toujours pas la possibilité de se connecter rapidement et à moindre coût à Internet sur un appareil permettant d’acquérir le savoir-faire nécessaire pour tirer parti des technologies éducatives.

Cet échec est non seulement celui des pouvoirs publics, mais aussi celui du secteur privé, qui n’a pas su répondre aux attentes suscitées par le boom des télécommunications engendré par le confinement.

Il convient de renforcer l’alignement et la coopération entre les pouvoirs publics et le secteur privé.

Le secteur privé peut apporter des ressources financières/en nature, comme des sites web éducatifs à taux nul, des interventions EdTech à petite échelle et des appareils gratuits. Il peut également apporter l’expertise et le savoir-faire technique permettant de soutenir la fourniture d’une connectivité significative, ce qui montre que le rôle du secteur privé, ne se réduit pas à une simple question d’argent, mais qu’il peut et doit être renforcé.

La pandémie a toutefois montré que les besoins des pouvoirs publics, des écoles, des enseignants et des apprenants vont bien au-delà. Les possibilités d’apprentissage numérique dépendent de la connectivité et de l’infrastructure dont disposent les apprenants, où qu’ils se trouvent.

Nous avons assisté aux ravages infligés au secteur de l’éducation en 2020, et cette situation pourrait facilement se reproduire si aucune mesure concrète n’est prise dès à présent pour réduire la fracture numérique.

Cela étant, je continue à croire que nous pouvons tirer les leçons des erreurs qui ont été commises pendant la pandémie et qui ont bridé le potentiel des technologies éducatives à un moment où il était cruellement nécessaire.

Le retour à la nouvelle normalité n’est pas acquis (Shanghai vient de fermer ses écoles à nouveau en mars 2022 en raison d’une nouvelle vague du coronavirus). Il est donc essentiel de poursuivre les échanges et d’élaborer des plans d’action pour prolonger l’impulsion donnée par la pandémie à l’EdTech, de manière à renforcer la mobilisation des pouvoirs publics dans ce domaine, à fournir un soutien plus important et de meilleure qualité aux enseignants pour qu’ils puissent utiliser ces outils de manière stratégique.

Il est également important d'encourager le secteur privé à prendre des mesures plus cohérentes et plus concrètes pour mettre en place et pérenniser l’utilisation de ces technologies sur le long terme.

  1. L'A4AI (Alliance for Affordable Internet) estime qu'une connectivité est significative lorsque nous pouvons utiliser Internet tous les jours à partir d'un appareil approprié avec suffisamment de données et une connexion rapide.

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Commentaires

صباح الخير شكرا جزيلا على هذه المعلومات.
صحيح ما طرح في هذه الدراسة او المقالة فنحن نخشى ان تراجع الى الخلف او الوراء بعد التعافي من الجائحة و العوداة الى المدارس من جديد و اعتماد التعليم الحضوري وجها لوجه لان الرقمنة في التعليم تعامل معها على اساس حلا لمواجهة الجاائحة في حين انها تمثل استراتيجية للتعليم خيار لابد من اعتماده لضمان جودة التعليم و الرقي بالممارسات التعليمية و المقاربات البيداغوجية و لكن هذا لم يتم اذ تم العودة الى المدارس على الوضع الذي كان سائدا قبل الجائحة.اذن الامر يتعلق بمدى القدرة على ترسيخ ثقافة رقمية في المجتمع كسلوك لا يمس التعليم وحده بل يمس جميع مجالات الحياة لتصبح ممارسات مجتمعية رائجة و منتشرة اذ لا يمكن اعتماد الرقمنة في التعليم في ظل محتويات و مقرارات غير مدعمة بل بعيدة كل البعد عن التوجه الرقمي على الرغم من توفر البنية التحتية الداعمة.ان الاشكالية هي عدم اعتماد الرقمنة كخيار للتطوير و التحسين خيار مستقبلي لاعلاقة له بالجائحة او التعافي منها .الجائحة عجلت من تبني هذا الخيار الذي تراجع للاسففي مقابل عجز الابحاث الاكاديمية عن مرافقة اعتماد تكنولوجيا التعليم لان معظم الابحاث تقدم تصورات نظرية و طروحات اكاديمية تعزز الادبيات التربوية كما انها تغرق كثيرا في التساؤلات التي تبقى مفتوحة على الكثير من الاحتمالات لم تستطع الابحاث عرض اطار مرجعي لتوظيف التقنيةفي التعليم و تحديد التقنيات البيداغوجية الملائمة و المتعددة في الوقت نفسه كمصفوفة عملية تسمح باختيارات وفق مؤهلات البنية التحتية المتاحة كما اننا نتساءل عن مجال هذه البحوث الاكاديمية التي يجب ان تمس المجال التقني وما يتعلق به من منصات و برمجيات و المجال التربوي و ما يتعلق به من مقاربات و ممارسات تعليمية توظف و تثمن الرقمنة كاستراتيجية فعالة لضمان جودة التعليم.
مع خالص التقدير و الاحترام

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