Nous pouvons éduquer tous les enfants du monde – si nous le choisissons
La Commission sur l'éducation vient de lancer son nouveau rapport. Il présente de nouvelles recommandations pour faire de l'éducation pour tous, y compris son financement, une réalité. The report of the International Commission for Financing Global Education Opportunities is out – and it breaks important new ground at a critical moment.
18 septembre 2016 par Alice Albright, GPE Secretariat
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Lecture : 9 minutes
Elèves de l'école primaire de Mpingu au Malawi. Crédit: GPE/Chantal Rigaud

Le rapport de la Commission internationale pour le financement de l’éducation dans le monde (plus simplement Commission sur l'éducation) vient d’être publié - et ouvre de nouvelles voies à un moment crucial.

La Commission expose un diagnostic qui donne à réfléchir ainsi que des recommandations concrètes et audacieuses sur la façon dont le financement de l'éducation mondial devrait être accru et déployé. Ce rapport doit être traité comme une feuille de route, qui ne se présente qu’une fois par génération, pour établir la bonne voie vers l'éducation mondiale.

Le plus frappant est sans doute la question centrale qu'il provoque : la communauté internationale a-t-elle la volonté politique d'accorder une plus grande priorité à l'éducation de tous les enfants – et d'assurer le financement nécessaire à la réalisation en une génération de cet objectif fondamental ?

Bien qu'il y ait eu d’importants progrès au cours des 15 dernières années, un nombre encore bien trop grand d'enfants n’est pas scolarisé ou quitte l’école après quatre ans sans maîtriser les compétences attendues.

En outre, la trajectoire actuelle en termes de progrès est loin d'être suffisante pour sécuriser le nouvel objectif mondial de l'éducation. Au rythme actuel, nous dit la Commission, seulement quatre enfants sur 10 en âge d’aller à l’école dans les pays à revenu faible ou intermédiaire acquerront les compétences de base de niveau secondaire en 2030. Dans les pays à faible revenu, un enfant sur 10 seulement atteindra ce niveau.

Les membres de la Commission, une assemblée de quelques-uns des leaders mondiaux les plus influents dans les secteurs de l’action gouvernementale, des entreprises et du développement humain, nous disent en termes sans équivoque que nous devons faire beaucoup plus et mieux pour éduquer les enfants du monde et, plus important encore, que nous pouvons le faire. Mais seulement si nous le choisissons. Collectivement, nos choix de financement à ce jour ont failli. Le rapport souligne par exemple que la part de l'éducation dans l'aide au développement a chuté de 13 % à 10 % depuis 2002.

De plus, les pays à faible revenu, qui luttent le plus pour éduquer leurs enfants, reçoivent actuellement moins d'un quart de l'aide extérieure allouée à l'éducation.

Idéalement, la Commission dit que les pays à faible revenu devraient recevoir les deux tiers des fonds externes d’ici 2030.

Quatre transformations

La Commission prévoit également un ensemble clair et ambitieux de recommandations visant à surmonter les grands obstacles à la création d'une « génération d’apprenants ». Elle appelle à quatre « transformations » principales.

La première correspond à réformer et renforcer la performance des systèmes éducatifs des pays, en partie en investissant dans des approches qui ont fait leurs preuves pour améliorer l'apprentissage et en éliminant l'inefficacité et le gaspillage.

La deuxième transformation de la Commission, l'innovation, parle de la nécessité d'élargir et de mieux préparer les rangs des enseignants et administrateurs, de déployer la technologie qui peut soutenir un bon enseignement et un bon apprentissage, et de faire en sorte que les acteurs non étatiques (groupes de la société civile, en particulier) soient présents pour aider à planifier et à mener des améliorations éducatives.

La troisième transformation est de promouvoir l'inclusion. Autrement dit, faire des efforts particuliers pour briser les barrières à l’accès à l'éducation, qui peuvent être d’origines sociales, économiques, géographiques, et relatives à la santé, pour que de nombreux enfants soient confrontés à un « universalisme progressif », qui offre une éducation de qualité pour tous, tout en donnant la priorité aux pauvres et aux défavorisés.

Enfin, la Commission appelle à un financement de l’éducation accru et dépensé de manière plus efficace – de la part des pays en développement eux-mêmes, dont beaucoup ont besoin de dépenser davantage sur leurs budgets nationaux alloués à l'éducation, et de sources externes.

En somme, la Commission préconise d'augmenter les dépenses totales consacrées à l’éducation de 1,2 trillion de dollars US aujourd’hui à 3 trillions de dollars US chaque année d'ici 2030.

Cela se traduit par une augmentation du financement international pour l'éducation , passant de 16 milliards de dollars US par an aujourd’hui à 89 milliards de dollars US par an d'ici 2030.

Il ne fait aucun doute que l'éducation a besoin d’un financement accru et amélioré. Peu de gouvernements investissent suffisamment, et c’est de là que la grande majorité des ressources devrait provenir. L’aide extérieure est modeste en comparaison, mais si elle est investie de manière judicieuse, elle peut être un puissant vecteur de changement.

Un rôle indispensable

Le rapport de la Commission fait référence, de manière explicite à certains endroits et implicite à d'autres, au Partenariat mondial pour l'éducation comme une entité qui peut jouer un rôle indispensable à la réalisation de la « génération d’apprenants ».

Conformément aux recommandations de la Commission, le GPE a un modèle de financement qui récompense les pays démontrant des résultats concrets, et il les aide à établir des normes, suivre les progrès, ainsi que recueillir et analyser les données en matière d’éducation.

De même, lorsque les pays en développement deviennent des partenaires du GPE, ils augmentent souvent la part de leurs budgets nationaux consacrée à l'éducation. Le GPE donne également la priorité à un soutien pour les pays fragiles ou touchés par un conflit, l’égalité des genres, et l'éducation universelle de la petite enfance.

La Commission voit juste quand elle fait valoir que déployer une part plus importante des investissements de l'APD en faveur de l’éducation par le biais des institutions multilatérales comme le GPE apportera un financement plus efficace et efficient.

Le GPE est un modèle de prestation de l'aide qui a fait ses preuves et qui est bien équipé pour assumer et coordonner cet investissement supplémentaire.

Les recommandations de la Commission ne sont pas seulement visionnaires ; elles viennent à un moment où la communauté internationale peut – et sans doute doit - miser sur le succès et l'élan des 15 dernières années et faire ce qu'il faut pour créer une « génération d’apprenants ».

Mais ce faisant, cela nous met tous au défi – pays en développement, bailleurs de fonds, ONG et secteur privé – d’aller plus loin encore que nous pouvons l’imaginer, plus loin même que la volonté politique actuelle le permettrait.

Plutôt que d’abandonner vu l’ampleur du défi, nous devons l’assumer – la tête haute. Il faut nous pousser maintenant au-delà du confortable et comprendre que le coût du maintien du statu quo sera beaucoup plus élevé que le coût de l'action.

Nous savons ce qui doit être fait pour parvenir à une « génération d’apprenants » d’ici 2030. Le GPE est prêt à jouer un rôle central dans le soutien au renforcement et à la réforme des systèmes d'éducation nécessaires dans les pays, et dans la promotion de ces transformations à l’échelle mondiale.

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Commentaires

Ma préoccupation concerne la deuxième transformation de la Commission, l'innovation, qui soutient la nécessité de l'implication des acteurs non étatiques (groupes de la société civile, en particulier). Mon souhait est qu'une stratégie claire soit trouvée pour favoriser l'implication effective des acteurs non étatiques locaux dans la promotion de l'éducation. J'ai l'impression qu'on continue de douter de la capacité de ces ONG locales et les regards sont plutôt plus tournés vers les ONGs internationales qui ne maitrisent pas mieux que les ONGs locales, les réalités communautaires et les méthodes par lesquelles atteindre les meilleurs résultats

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