5 points à retenir du 12e Forum Asie-Pacifique pour le développement durable en matière de genre et d’éducation

Les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et les jeunes ont tous un rôle à jouer pour faire de l'éducation transformatrice de genre une réalité. Découvrez ce que les jeunes ont à dire sur l'égalité d'accès à l'éducation dans la région Asie-Pacifique.

29 avril 2025 par Christian Mortelliti, Laura Devos, UNICEF East Asia and Pacific Regional Office, et Deepali Gupta, GPE Secretariat
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Des élèves de première année de l'école élémentaire de Tunua dans leur salle de classe. Crédit : UNICEF/UN0735090/Ijazah

Des élèves de première année de l'école élémentaire de Tunua dans leur salle de classe.

Credit: UNICEF/UN0735090/Ijazah

Lors du 12e Forum Asie-Pacifique pour le développement durable qui s’est tenu à Bangkok, des représentants de gouvernements, d’organisations internationales et d’organisations de la société civile, ainsi que des jeunes, se sont réunis pour évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), particulièrement l’ODD 5 relatif à l’égalité des genres.

Bien que la région ait fait des avancées dans certains domaines, les normes sexistes préjudiciables, la discrimination et la violence sexiste continuent de priver les filles de leur droit à l’éducation, de l’acquisition de compétences et d’une participation équitable à la vie sociale.

L’événement spécial « Rise and Thrive: Empowering the Women and Girls of Tomorrow » (S’élever et s’épanouir : donner les moyens d’actions aux femmes et aux filles de demain) a mis en lumière le pouvoir de l’éducation transformatrice de genre. Cinq jeunes militantes ont ainsi souligné le rôle crucial de l’éducation dans leur parcours vers l’autonomisation, évoquant son impact déterminant sur leur évolution et leurs engagements professionnels actuels.

L’éducation transformatrice de genre garantit aux enfants et aux jeunes un accès équitable à l’éducation, leur offrant des opportunités égales pour construire leur avenir. Elle repose sur une approche systémique visant à lutter contre les disparités entre les genres à tous les niveaux, afin de démanteler les normes sexistes préjudiciables et de promouvoir un apprentissage à la fois sûr et inclusif.

L’approche entend également s’attaquer aux causes profondes de la violence basée sur le genre en milieu scolaire, en mobilisant les élèves, les enseignants, les parents, les communautés, ainsi que les responsables politiques et les leaders.

Cette vision globale de l’école vise à éradiquer les normes préjudiciables, tout en renforçant l’accès à l’éducation et en améliorant les résultats d’apprentissage.

Cinq points à retenir de l’événement :

  1. L’éducation ouvre des opportunités : Ain Husniza, militante malaisienne et fondatrice de Pocket of Pink, une initiative féministe combinant art, plaidoyer et éducation pour autonomiser les jeunes, s’est exprimée sur le fait de grandir en tant que fille dans une famille à faible revenu.

    « L’éducation était ma porte de sortie. C'est grâce à l’education que je peux m'exprimer devant vous aujourd'hui avec aisance en anglais. C'est également la raison de ma présence ici. Durant mes études, l'apparence de mes chaussures n'avait aucune importance. J'étais jugée sur mon mérite, et non sur ma tenue vestimentaire ou mon statut socio-économique. ».
  2. Le mentorat renforce la confiance et le leadership : militante pour la santé et les droits sexuels et reproductifs auprès des communautés marginalisées en Indonésie, Dina Chaerani a expliqué comment un programme de mentorat l’a profondément influencée.

    Conçu par Plan International, ce programme avait pour mission de prévenir la violence sexuelle au sein des écoles. « J’ai pu évoluer grâce à ce mentorat. »

    Forte de cette inspiration, elle a cocréé un conseil consultatif pour les jeunes en collaboration avec Plan International et lancé Lapor Yuk !, une plateforme en ligne qui sert à signaler les violences sexuelles contre les enfants. À ce jour, Lapor Yuk ! a touché 10 000 jeunes en Indonésie.
  3. Les solutions communautaires sont essentielles : Aneeshaa Kaviarasan, secrétaire générale de l’organe directeur national des bahaïs de Malaisie, a souligné que « l’autonomisation des femmes n’est pas seulement une question d’égalité. Comment espérer bâtir une société prospère si la moitié de ses membres est privée de la possibilité de contribuer à la transformation du monde ? » Elle a souligné que l’autonomisation des femmes renforçait la solidarité sociale et la prospérité.

    « Si le processus d’autonomisation des femmes n’inclut pas les hommes, alors ce sera une lutte de pouvoir constante. Lorsque nous parlons d’éducation ou d’autonomisation, nous devons le faire avec toute la communauté. C’est alors que chacun peut devenir un acteur de la transformation sociale. »

    En définitive, l’éducation transformatrice de genre reconnaît ce fait en collaborant avec les intervenants tant au niveau scolaire que communautaire afin de répondre aux besoins et de faire entendre toutes les voix.
  4. Savoir, c’est pouvoir, constituant ainsi un levier essentiel pour l’égalité des genres : Nidhi Tewari est une jeune leader engagée dans la recherche et le plaidoyer en faveur des femmes des zones rurales en Inde touchées par le changement climatique.

    Elle est l’aînée issue d’une famille vivant dans l’Inde rurale où la préférence pour les fils est prédominante et où l'autonomie des femmes est limitée. « J’ai trouvé beaucoup de réconfort dans les livres, même s’il était interdit de lire en dehors de l’école. Je cachais des romans derrière mon manuel de physique et je me réfugiais dans la littérature. »

    Elle a puisé son inspiration auprès des femmes rencontrées sur le terrain, déterminées à accomplir davantage malgré le peu de ressources. « Tout le monde a droit de s’exprimer et d’agir en toute autonomie. » L’existence de normes restrictives empêche les filles d’accéder au savoir.

    L’éducation transformatrice de genre vise à briser ces obstacles, en veillant à ce que les filles développent les compétences et la confiance nécessaires pour façonner leur avenir.
  5. Appartenir à un mouvement amplifie la voix des filles : Shayal Nand est une jeune leader féministe dont le travail porte sur la santé des femmes, le leadership, la planification et la budgétisation tenant compte de la dimension de genre dans le Pacifique.

    Elle est revenue sur son parcours au cours duquel elle a appris à prendre la parole.

    « Soumise en permanence à des injonctions sur ma manière de m’habiller et de me comporter, et moquée pour la couleur de ma peau, j’ai longtemps choisi de garder mes pensées pour moi. »

    Shayal a trouvé sa voie dans la lutte pour l’égalité des genres et la justice – l’espace qu’elle cherchait pour apporter un changement et se sentir incluse.

    Shayal œuvre désormais dans le plaidoyer politique, s’attaquant aux obstacles systémiques qui entravent l’engagement des femmes dans la prise de décision et le leadership.

Le dialogue et la solidarité au service du changement

Ces militantes inspirantes ont mis en lumière le lien intrinsèque entre l’éducation et l’égalité des genres, soulignant l'importance de la collaboration pour créer des environnements d’apprentissage à la fois sûrs et inclusifs.

Leurs témoignages rappellent que le dialogue intergénérationnel et la solidarité donnent aux jeunes les moyens de susciter le changement – et qu’investir dans l’éducation est crucial pour réaliser l’ODD 5 et bâtir un avenir plus juste et plus équitable, pour tous.

L’éducation transformatrice de genre offre aux enfants et aux jeunes – en particulier aux filles et aux jeunes issus de communautés marginalisées – les moyens de contester les normes préjudiciables, tout en acquérant les compétences, la confiance et le leadership nécessaires pour conduire le changement, construire la paix et créer des communautés plus connectées et plus résilientes.

Au-delà d’un meilleur accès à l’éducation, elle vise à équiper et à autonomiser toutes les parties prenantes – élèves, enseignants, communautés et décideurs – afin de remettre en question et de corriger les normes préjudiciables en matière de genre et les déséquilibres de pouvoir.

L’éducation transformatrice de genre rétablit l’équité. Elle offre des choix de vie et des possibilités au profit de tous les enfants et les jeunes, favorisant ainsi la santé, la participation sociale et politique, ainsi que l’accès à des opportunités professionnelles et à l’emploi.

Parmi les autres auteures :

  • Susmita Choudhury, conseillère senior, activités de plaidoyer et campagnes pour la région Asie (ChildFund)
  • Florence May Cortina, coordonnatrice régionale pour L’éducation à voix haute, le Bureau Asie-Pacifique Sud pour l’éducation de base et des adultes, (ASPBAE)
  • Sai Jyothirmai Racherla, directrice générale adjointe, Asian-Pacific Resource & Research Centre for Women (ARROW)
  • Desytia Nawris, représentante, Bahá'í International Community (BIC), Jakarta.

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