Mener les campagnes des OSC vers de nouveaux sommets : le droit à l’éducation enseigné à la télévision nationale au Zimbabwe

Au Zimbabwe, la nouvelle législation portant modification de la loi sur l'éducation a garanti les droits et l'intégration des enfants marginalisés dans les écoles. Cependant, comment s'assurer que les élèves ont conscience de leurs droits et que les écoles savent comment mettre en œuvre ces changements, dans un contexte où les informations de ce type ne sont pas facile à trouver ? C'est pour répondre à cette question qu'ECOZI, la Coalition Nationale pour l’Education au Zimbabwe, a décidé de sensibiliser la population à travers une émission diffusée en direct à la télévision nationale.

24 février 2021 par Clara Lindhard Neltoft, Education Out Loud
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Lecture : 5 minutes
Clemence Nhliziyo (à gauche), responsable des programmes, anime le talk-show sur la nouvelle législation portant modification de la loi sur l'éducation. Chaque de l'émission aborde un aspect spécifique de la loi. Crédit photo : ECOZI
Clemence Nhliziyo (à gauche), responsable des programmes, anime le talk-show sur la nouvelle législation portant modification de la loi sur l'éducation. Chaque de l'émission aborde un aspect spécifique de la loi.
Credit: Crédit photo : ECOZI

Ce blog a été précédemment publié sur le site de l'Éducation à voix haute.

En 2020, la nouvelle législation portant modification de la loi sur l'éducation est entrée en vigueur au Zimbabwe. Cette nouvelle loi prend en considération des aspects importants qui ne figuraient pas dans les lois antérieures, telles que les châtiments corporels, le handicap et l’éducation des filles après une grossesse.

ECOZI, la Coalition Nationale pour l’Education au Zimbabwe, financée par l'Éducation à Voix Haute, a été l’une des principales organisations à s’engager aux côtés du gouvernement et à proposer des amendements à ladite loi sur l’éducation - en s’assurant que la nouvelle loi soit inclusive et prennent en compte les droits des enfants marginalisés.

Ce fut une victoire pour ECOZI et le Zimbabwe lorsque la nouvelle loi a été adoptée. Toutefois, un problème subsistait. Responsable du plaidoyer et de la communication chez ECOZI, Mercy Mangwana Mubayiwa, explique :

« Elle n’était pas bien connue de la plupart des Zimbabwéens - ils n’avaient aucune idée de ce que signifiait ce nouvel amendement. Quels avaient été les changements apportés ? Quels droits étaient désormais garantis ? Nous voulions donc nous assurer qu’ils soient informés de tout cela ».

Au Zimbabwe, il faut beaucoup de temps pour que les informations sur les changements de politiques soient connues des populations des régions éloignées. Ces changements sont généralement publiés dans des communiqués de presse par les autorités, suscitant ainsi peu ou pas du tout l’intérêt des personnes concernées. C'est ce problème qu'ECOZI a voulu résoudre à travers son programme télévisé :

« Nous nous sommes dit que nous devions populariser la nouvelle loi sur l'éducation ; que nous devions l'analyser. La meilleure façon de le faire était de s’engager avec les gens par l’intermédiaire des médias de masse. Nous avons alors décidé de créer un talk-show » a confié Mercy Mubayiwa.

Diffusion à la télévision nationale

Chaque dimanche et chaque lundi, le talk-show « Education 15 » est diffusé sur la chaîne Zimbabwe Broadcasting Cooperation. Grâce au soutien financier de l’Éducation à Voix Haute, ECOZI a conçu 13 épisodes de cette émission qui permet à différents groupes de représentants d'OSC, du gouvernement et d'experts de discuter de sujets liés à la nouvelle loi.

« Nous nous sommes assis et avons examiné les principaux groupes touchés par la nouvelle loi. Nous avons décidé quels groupes avaient besoin de plaidoyer en leur faveur et lesquels de ses aspects méritaient d'être mieux connus. Puis, nous avons mis sur pied un calendrier d’entrevues pour les différents épisodes - chacun abordant un aspect spécifique de la loi » explique Mercy Mubayiwa.

Il était important pour ECOZI d’atteindre les populations de tous les coins du pays et d’impliquer des organisations de toutes les régions dans le processus de création du talk-show.

« Nous avons réussi à tourner chaque épisode dans une province différente. À Harare, par exemple, nous avons filmé un épisode sur l’éducation et le handicap. Nous avons eu des représentants d’organisations militant pour les droits des personnes handicapées qui se sont adressées directement aux élèves handicapés et à leurs familles à la télévision nationale. Nous avons discuté de la façon de nous assurer que toutes les écoles du Zimbabwe disposent des installations nécessaires pour accueillir les élèves handicapés, d'assez de salles de classe et d'assez d’enseignants », se souvient Mercy Mubayiwa.

Comment planifiez-vous une émission de télévision ?

Il était clair pour ECOZI que, pour que la nouvelle loi soit réellement efficace, il fallait toucher un large éventail de parties prenantes : des décideurs politiques et autres organisations, aux parents et aux apprenants.

La planification d'une vaste campagne médiatique et le tournage d'une émission de télévision nécessitent une coordination poussée. La coordination avec des organisations partenaires basées dans des régions éloignées peut être un défi supplémentaire, explique Mercy Muawiya :

« La coordination a été un peu mouvementée. Mais nous avons utilisé notre réseau, nos organisations membres et bénéficié de notre collaboration avec la Zimbabwe Child Rights Coalition qui nous a aidé à coordonner et à communiquer avec de nouvelles organisations ».

L’un des objectifs les plus importants de la campagne était d’impliquer le gouvernement dans le projet et de sensibiliser les fonctionnaires sur leur responsabilité dans la mise en œuvre de la nouvelle loi.

« Il est assez difficile de faire participer des entités gouvernementales dans des activités dans lesquelles elles devraient s'exprimer directement au public à travers des enregistrements vidéo. Nous avons réussi à faire participer des membres du gouvernement à l’émission grâce à nos contacts avec les ministères et au fait que nous travaillions déjà avec eux sur divers autres projets. Nous avons réussi à les impliquer dans le projet », souligne fièrement Mercy Mubaryiwa.

L’éducation pour tous les enfants au Zimbabwe

Depuis le premier épisode télévisé diffusé en décembre 2020, le bouche à oreille a contribué à diffuser l’actualité autour de la loi : « Nous avons reçu des premiers commentaires très positifs de nos organisations membres et du grand public. À mesure que les épisodes sont diffusés, nous avons des gens qui viennent vers nous et nous disent : "Hé, je t’ai vu à la télévision !" », explique en souriant Clémence Nhliziyo, directeur des programmes.

L'objectif est maintenant d’élargir la portée de la campagne en collaborant avec d’autres chaînes de télévision et en tendant la main aux parties prenantes à travers des plateformes tels que YouTube et les médias sociaux - le but étant de nous assurer que tout le monde soit informé de ces nouveaux changements.

« Nous voulons créer une plateforme pour le plaidoyer et nous assurer que tout le monde a connaissance de la loi, et que les choses commencent à changer réellement sur le terrain. Notre objectif est qu'à terme lorsque vous entrez dans une école et que vous posez des questions sur les châtiments corporels, les droits des personnes handicapées ou l’éducation des filles après la grossesse, les élèves aient connaissance de leurs droits et les enseignants sachent comment mettre en œuvre les derniers changements ».

À propos de la nouvelle législation portant modification de la loi sur l'éducation au Zimbabwe

Elle est entrée en vigueur en mai 2020.

Durant le processus d’identification des lacunes de la loi précédente sur l’éducation, ECOZI a été l’une des principales organisations représentant la société civile. Elle a d'ailleurs proposé des modifications pertinentes à la loi précédente.

Elle garantit une longue liste de droits pour les élèves et protège les groupes marginalisés du système éducatif qui n’étaient pas inclus dans la loi précédente sur l’éducation. Il s’agit notamment de protéger les enfants contre l’exclusion, l’expulsion ou la discrimination des enfants en raison de leur grossesse, de leur race, de leur sexe, de leur religion et de nombreuses autres circonstances qui créent la marginalisation.

Elle inclut désormais des mesures sur l’éducation des adultes qui garantissent à ceux n'ayant pas terminé leurs études de base le droit d’accéder gratuitement à l’éducation.

Elle aborde la question des châtiments corporels dans les écoles et interdit aux enseignants de punir et de maltraiter les élèves physiquement et psychologiquement.

Elle stipule que chaque établissement scolaire doit fournir des infrastructures et des ressources adaptées aux élèves handicapés.

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