La journée mondiale de l’enfant africain: susciter l’action pour l’éducation
Cette dernière décennie a vu de remarquables progrès partout sur le continent, motivés en grande partie par l’élan du mouvement de l’Éducation pour tous et des Objectifs du millénaire pour le développement.
16 juin 2015 par Karen Mundy, UNESCO Institute of Educational Planning
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Lecture : 9 minutes
Deux garçons à l'école en Sierra Leone (c) GPE/Stephan

Le 16 juin 1976, près de 20 000 élèves noirs d'Afrique du Sud ont quitté leur école de Soweto et marché ensemble sur le Stade Orlando au centre du township. C’était une manifestation pacifique, mais la police a répondu en lâchant les chiens et tirant sur les élèves, tuant tragiquement certains enfants, en blessant plus d’un millier. Le principal but de la marche était de faire pression sur le gouvernement sud-africain pour améliorer les écoles largement sous-financées et permettre aux élèves d’apprendre dans leur langue natale.

Depuis 1991, tous les 16 juin, le monde commémore ce tragique jour de défiance avec la journée mondiale de l’enfant africain. Près de quatre décennies après la manifestation de Soweto, cette tradition nous rappelle que bien trop d’enfants en Afrique continuent à ne pas recevoir l’éducation qu’ils méritent.

Cette dernière décennie a vu de remarquables progrès partout sur le continent, motivés en grande partie par l’élan du mouvement de l’Éducation pour tous et des Objectifs du millénaire pour le développement, dont l'échéance est cette année. Mais d’énormes défis demeurent.

Les défis de l’accès, de la qualité et de l'équité

Les enfants africains sont de loin les plus défavorisés au monde en matière d'accès à l'éducation, de qualité de l'éducation et d'équité.

En ce qui concerne l'accès à l’éducation, l’Afrique est loin derrière les autres régions du monde. En 2012, il y avait dans le monde près de 58 millions d’enfants en âge d’être scolarisés dans le primaire non scolarisés. Sur ce nombre, 32,7 millions, soit 56 %, vivaient en Afrique subsaharienne, selon l’Institut de statistique de l’UNESCO

Toutefois, pour un trop grand nombre d’enfants africains scolarisés, la qualité de l’apprentissage n’est pas à la hauteur des besoins pour acquérir mêmes les bases les plus fondamentales de la littératie et de la numératie. Ceci est dû à toute une série de facteurs, notamment : de nombreux systèmes scolaires et établissements individuels peinent encore à fournir des installations sécurisées et bien équipées à proximité des élèves et de leur famille, ce qui complique davantage la bonne performance des filles et des enfants des zones rurales.

De même, de nombreux systèmes scolaires et écoles en Afrique n’ont pas d’enseignants suffisamment expérimentés, préparés professionnellement et correctement rémunérés, éléments essentiels pour un apprentissage véritable et durable. Il manque également à de nombreux enfants le matériel d’apprentissage de base : difficile d’apprendre à lire sans livre.

De plus, dans de nombreuses régions d’Afrique, l’éducation n’est pas également proposée parmi les nombreuses communautés et populations. Malgré les progrès en termes de réduction du nombre de filles africaines non scolarisées, ce nombre continue d’excéder en 2012 celui des garçons africains : 18,2 millions de filles non scolarisées contre 14,5 millions de garçons. Les enfants des communautés défavorisées, pauvres ou géographiquement isolées, ainsi que les enfants handicapés et ceux vivant dans les pays fragiles et touchés par les conflits sont représentés de façon disproportionnée dans l'ensemble des enfants non scolarisés. C’est donc la raison pour laquelle, dans le cadre des Objectifs de développement durable dont le lancement approche, l’accent est mis sur une distribution plus équitable de l’éducation, c’est-à-dire la dépense de davantage de ressources, d’énergie et de créativité dans l’éducation des enfants les plus difficiles à atteindre.

Une priorité pour le Partenariat mondial pour l’éducation

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, l’Afrique constitue une grande priorité du Partenariat mondial. Ce n’est pas un hasard si la plupart des pays en développement partenaires sont situés en Afrique, et si le Partenariat mondial est la plus grande source de financement de l’éducation de base dans les pays  partenaires africains du GPE.

En République démocratique du Congo, par exemple, le Partenariat mondial soutient les efforts du gouvernement pour offrir une éducation gratuite de qualité à tous les enfants avec un financement de 100 millions $US couvrant la rénovation et la construction d’écoles dans les provinces les plus démunies, la distribution de 20 millions de manuels scolaires dans le pays et des améliorations en matière de gestion sectorielle. Pour l’instant, même dans un contexte fragile, des progrès sont constatés dans le pays : le taux d’élèves qui redoublent leur année, un indicateur de la faible qualité de l’éducation, a diminué, passant de 14 % en 2010 à 11,4 % en 2013. Il y a également en moyenne deux élèves en moins par classe aujourd’hui (37 contre 39), ce qui contribue à un meilleur apprentissage. Il reste bien sûr encore beaucoup à faire.

Le Rwanda a bénéficié de deux financements du Partenariat mondial pour l’éducation pour un montant total de 175 millions $US. Les résultats de ces investissements sont encourageants et tangibles. Le nombre d'enfants en âge d'être scolarisés dans le primaire et non scolarisés a chuté, de 15 % en 2002 à 1,3 % en 2012 ; le taux de scolarisation nette a augmenté, passant de 85 % en 2002 à 99 % en 2012. L’introduction d’un cycle d’éducation de base de neuf ans et l’élimination des frais de scolarité pour le premier cycle du secondaire en 2006 a stimulé la hausse du nombre d'élèves du secondaire de 25 % en un an. Le gouvernement œuvre à présent à une offre d’enseignement gratuit pour tous sur douze ans.

Grâce à un axe clairement fixé sur les améliorations du cycle de politique et de planification du gouvernement, le Zimbabwe, également pays en développement partenaire du GPE, a pu élaborer un plan sectoriel crédible entièrement chiffré et comprenant un cadre de suivi et évaluation. Le soutien du Partenariat mondial a contribué à de meilleurs cohérence et alignement entre l'état et ses partenaires de développement.

De telles avancées rappellent au monde qu'éduquer les millions d'enfants africains est un objectif réaliste. Cela commence par un engagement clair des pays en développement à faire de l’éducation une priorité, comme l’ont déjà fait de nombreux pays en développement partenaires du GPE.

Une aide internationale accrue pour l’éducation, fournie dans le cadre d'un plan national pour l'éducation, peut avoir un énorme impact.

La journée mondiale de l’enfant africain est un rappel des milliers d’enfants sud-africains qui ont courageusement fait entendre leur voix pour leur droit à l'éducation il y a près de 40 ans. Que leur souvenir soit une source d’inspiration pour que les leaders d’aujourd’hui fassent le nécessaire afin de garantir le même droit à des millions d’autres enfants africains aujourd’hui et dans les années à venir.

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Commentaires

Je remercie très sincèrement toutes les autorités du monde qui pensent à l'avenir de tous les enfants sans distinction de sexe ni de la couleur de la peau. Je suis un artisan de la catégorie fabrication de machines agroalimentaires et constructions des arts métalliques. Je suis donc un admirateurs des initiatives de formations des jeunes en âge de travailler. Sur ce, je fait appel à tout partenariat pour pouvoir créer un centre de formation en fabrication de machines agroalimentaires à Parakou en République du Bénin.
Pour finir, je souhaite un avenir radieux à tous les enfants du monde.

Bonjour
Félicitations et courage pour vos efforts.
Cordiales

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