Lors de ma première visite au Malawi début septembre, j’ai immédiatement remarqué à la fois les défis auxquels le secteur éducatif est confronté et la promesse d'amélioration grâce aux efforts conjoints du gouvernement et des partenaires au développement, incluant un nouveau financement du GPE.
Le Président Mutharika et moi-même avons annoncé un financement de 44,9 millions de dollars US lors d’un événement public en présence des ministres de l'Éducation et des Finances, ainsi que des partenaires clés au développement.
La Banque mondiale agira en qualité d'agent partenaire, suivant de près la mise en œuvre du financement sur le terrain, et travaillant avec l'Allemagne et la Norvège en tant que présidents sortants et entrants des partenaires à l'éducation.
Le Président a déclaré que l'éducation était l'un des principaux piliers de son programme national. Son soutien, tant au niveau national qu’international - il est co-responsable de la Commission sur l’Éducation— est inestimable.
Accueillir tous les enfants à l’école
Charity Chizango écrit au tableau à l'école de Muzu au Malawi.
Crédit: GPE/GOVATI NYIRENDA
Le Malawi a adopté une loi courageuse en faveur de l'éducation universelle et gratuite en 1994, bien avant que les Objectifs du Millénaire pour le développement appellent à l’accès universel à l'école primaire en 2000.
L'afflux d'enfants dans le système signifiait cependant une surpopulation dans les écoles et une baisse de la qualité de l'apprentissage en raison d'un manque d'infrastructures, de manuels et d’enseignants.
Je me suis rendue dans les écoles primaires de Muzu et Mpingu dans l’ouest rural de Lilongwe, l'un des huit districts qui bénéficiera spécifiquement du nouveau financement. La première école accueille 3 500 élèves par jour, et la seconde plus de 2 000. Environ 60 % des élèves dans les écoles sont des filles.
Le nombre de salles de classe est insuffisant, et de nombreuses classes sont organisées en plein air « sous les arbres », avec très souvent un ratio de plus de 100 élèves par enseignant dans les petites classes.
J’ai tout de suite compati avec les enseignants, qui font de leur mieux dans des conditions très difficiles, et avec les enfants qui doivent patiemment rester assis par terre pendant des heures. Je me demandais : comment les élèves de la dernière rangée peuvent-ils voir ce que l'enseignant(e) écrit au tableau ou entendre ce qu'il ou elle dit ?
Un taux élevé de redoublement et d’abandons
Alice Albright s'adressant aux partenaires lors d'une séance avec le groupe de travail sur le secteur de l'éducation au Malawi, le 08 Septembre 2016.
Crédit: GPE/Chantal Rigaud
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le Malawi enregistre des taux élevés de redoublement (20 % en 2013, ISU) et de décrocheurs (51 % en 2011, ISU). Ces circonstances affectent davantage les filles que les garçons, comme cela est souvent le cas. Seulement 18 filles sur 100 terminent l'école primaire (au Malawi, le primaire se termine à la 8ème année).
Trop de filles abandonnent, se marient tôt et ne retournent jamais à l'école. On doit féliciter le gouvernement pour avoir adopté une politique permettant aux jeunes mères de retourner à l'école et terminer leurs études. C’est exactement le type de réformes qui font évoluer, non seulement au sein du système éducatif, mais le pays dans son ensemble.
Le Malawi a un taux élevé de VIH / sida (10 % des 15-49 ans en 2014, selon la Banque mondiale). Mon espoir est qu’en collaborant avec les partenaires du secteur de la santé et en montrant les répercussions positives de l'éducation et de la scolarisation des filles, nous allons démontrer d'une manière très concrète comment l'éducation est la clé au service de la réalisation des objectifs de développement dans de nombreux autres secteurs.
Miser sur l’éducation
En 2013, un scandale de fraude a secoué le Malawi et ébranlé la confiance des bailleurs de fonds qui, jusque-là, appuyaient le pays via un soutien budgétaire direct.
Goodall Gondwe, le ministre des Finances, m'a dit que son pays était en train mettre en place un nouveau système de reddition des comptes. Il comprend la nécessité de rétablir la confiance des bailleurs de fonds, non seulement parce que le Malawi a besoin de leur soutien – 40 % du budget du pays repose sur l’aide extérieure – mais aussi parce qu'il ne veut pas revenir à une multiplicité de projets isolés non alignés avec le budget et les priorités du pays.
Le financement du GPE aidera les partenaires à mettre en commun des fonds grâce à la mise en place d'un mécanisme de financement commun (CFM) pour soutenir le Malawi dans l’exécution de son plan de mise en œuvre du secteur de l'éducation II (ESIP II).
À cet égard, l'approche du GPE est exactement ce qu'il faut. Notre modèle rassemble tous les partenaires qui soutiennent le plan national d'éducation du pays. Notre objectif est de renforcer le système éducatif dans son ensemble pour le rendre plus efficace et durable.
La coordination des partenaires est la clé
Comme je tente de le faire dans tous les pays que je visite, je n’ai pas uniquement parlé avec les partenaires au développement et les fonctionnaires du ministère, mais aussi avec des membres de la société civile, des syndicats d'enseignants et des parlementaires chargés de la surveillance du secteur de l'éducation, afin d'obtenir un tableau complet de la situation.
Au Malawi, le processus d’élaboration d’une proposition de financement du GPE était long et complexe, et j'ai entendu plusieurs partenaires exprimer une certaine frustration à ce sujet.
Mais, ces efforts de coordination, bien que laborieux, ont valu la peine, car ils ont donné lieu à un programme répondant directement aux priorités du secteur de l'éducation du Malawi et à l'alignement de l'appui des partenaires.
Le financement du GPE cible 8 districts les plus défavorisés
Le financement du GPE répondra au manque d'infrastructures par la construction de 500 nouvelles salles de classe.
Il répondra également à la nécessité de maintenir les filles à l’école grâce à la construction de 300 blocs sanitaires et 150 stations de lavage des mains. Des subventions seront aussi allouées à 800 écoles pour les encourager à obtenir des résultats quant à la rétention des filles à l’école.
Il permettra d’améliorer la qualité de l'apprentissage par la formation des enseignants et des directeurs en matière de gestion des classes, tout en favorisant un meilleur déploiement des enseignants à travers le pays.
Plus important encore, il contribuera à poser les bases, afin que l'appui des bailleurs de fonds cadre à nouveau avec le budget du ministère de l'éducation d’une part, et à rétablir la confiance d’autre part. La part variable de 30 % du financement liée aux résultats en matière d'apprentissage, d'efficacité et d'inclusion sera étroitement surveillée.
Ensemble, faire face au défi
Tout cela me permet d’espérer que, grâce à une collaboration continue, un suivi minutieux, l’élaboration de rapports sur les résultats, et l'adoption des réformes nécessaires, le Malawi peut faire des progrès dans le secteur de l'éducation qui auront un impact positif sur l'ensemble du pays.
Le Président Mutharika a déclaré : « Le financement du GPE fera une grande différence dans le secteur de l'éducation au Malawi »
Je le crois.