Reconstruire en mieux : notre riposte à la pandémie doit donner la priorité à l'éducation des filles

L'urgence éducative sans précédent provoquée par la COVID-19 aggrave les égalités des sexes dans le secteur de l'éducation. Voici les principaux enseignements tirés d'un webinaire qui a examiné les impacts sexospécifiques des fermetures d'écoles et l'effet de la COVID-19 sur l'éducation des filles en Asie de l'Est et dans le Pacifique.

14 janvier 2021 par Julie-Ann Guivarra, DFAT, et Jo Bourne, GPE Secretariat
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Une élève de CE 2 dans sa salle de classe à l'école de Phonsivilay, dans le district de Meun, en République démocratique populaire lao. Crédit : GPE/Kelley Lynch
Une élève de CE 2 dans sa salle de classe à l'école de Phonsivilay, dans le district de Meun, en République démocratique populaire lao.
Credit: Crédit : GPE/Kelley Lynch

La situation d'urgence sans précédent face à laquelle le monde de l'éducation est confronté à cause de la pandémie de COVID-19 préfigure une crise de l'égalité des sexes dans le domaine de l'éducation. Dans la région Asie-Pacifique, elle devrait entraîner une forte augmentation du nombre de filles qui risquent de ne pas retourner à l'école. Avant la pandémie, 15 millions de filles n'étaient pas scolarisées en Asie de l'Est et dans le Pacifique. À cause de la COVID-19, plus de 1,2 million de filles (en anglais) (du préscolaire au second cycle du secondaire) risquent d'abandonner leur scolarité et pourraient ne jamais retourner à l’école.

Le 10 décembre 2020, nous avons eu le plaisir de participer au webinaire intitulé « Reconstruire en mieux l’éducation des filles ». Ce webinaire a coïncidé avec la Journée internationale des droits de l'homme et la fin de la campagne de « 16 jours d'activisme pour mettre fin à la violence faite aux femmes ».

Organisé par le ministère australien des affaires étrangères et du commerce (DFAT) (en anglais), en partenariat avec le Partenariat mondial pour l'éducation (GPE) et Plan International, (en anglais), le webinaire a passé en revue les impacts sexospécifiques de la fermeture des écoles liées à la pandémie et, plus largement, l'effet de la COVID-19 sur l'éducation des filles en Asie de l'Est et dans le Pacifique.

Le webinaire a réuni la ministre australienne des Affaires étrangères et de la Condition féminine, l'honorable Marise Payne, et des femmes remarquables, notamment de jeunes militantes pour le droit à l'éducation des régions d'Asie de l'Est et du Pacifique, Putri Naila Dira (Indonésie), Phuong Anh (Vietnam) et Marlene Delis (Papouasie-Nouvelle-Guinée).

Quels sont les impacts sexospécifiques des perturbations de l'éducation liées à la pandémie de COVID-19 en Asie et dans le Pacifique ?

Bien avant la pandémie de COVID-19, les systèmes éducatifs n’exploitaient pas leur plein potentiel pour offrir une éducation de bonne qualité à toutes les filles et jeunes femmes. Malgré les progrès réalisés au cours des 25 dernières années pour réduire les écarts entre les sexes dans l'éducation de base, avant la pandémie, on estimait déjà à 130 millions, le nombre de filles qui ne fréquentaient ni l'école primaire et ni le secondaire dans le monde.

Presqu’immédiatement après le début de la pandémie, des rapports ont fait état d’une « pandémie fantôme » de violence à l’égard des femmes et des jeunes filles et des inquiétudes quant au fait que des filles pourraient ne jamais retourner à l'école. Cette situation résulte de l'interaction entre la pauvreté croissante, les grossesses d'adolescentes, les mariages forcés et les responsabilités accrues relatives aux soins des enfants. Plan International prévoit qu’en Asie de l'Est et dans le Pacifique, 118 000 filles supplémentaires risquent de tomber enceintes à l'adolescence et que 61 000 filles risquent de se marier à cause des perturbations liées à la pandémie.

Marlene Delis, l’une de nos panélistes qui défend l'éducation des filles en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a fait part de ses observations sur les impacts sexospécifiques sur le terrain : « À leur à l'école, les filles ont peur. En tant que parent, j'avais peur de laisser ma fille marcher de la maison à l'école. Je n'arrivais pas à dormir »..

Ces propos témoignent d'une vérité gênante, celle selon laquelle l'apprentissage - que ce soit à l'école ou à la maison - n'est pas toujours sûr, ni inclusif. Cela illustre également la manière dont la violence à la maison, dans la communauté et à l'école aggrave les nombreuses injustices auxquelles les filles peuvent être confrontées sur leur chemin vers l'instruction.

L'un des effets de l'inégalité entre les sexes a été particulièrement visible lors de la transition vers l'apprentissage en ligne pendant la pandémie. L'UNICEF a estimé que jusqu'à 40 millions de filles (en anglais) en Asie de l'Est et dans le Pacifique n'avaient pas accès à l'enseignement à distance.

Phuong Anh, jeune militante de Plan International au Vietnam et une autre de nos panélistes ont déclaré : « Nous n'avons pas de connexion Internet à l'échelle nationale, donc les élèves des régions éloignées et ceux des régions montagneuses n'ont pas accès à Internet... Beaucoup de filles, lorsqu'elles prennent du retard, abandonnent l'école et sont exposées au risque de se marier »..

Quelles mesures les gouvernements, les bailleurs de fonds et la société civile peuvent-ils prendre pour protéger le droit des filles à l'éducation ?

Pour nous, il est évident qu'investir dans l'éducation des filles est essentiel et a d'énormes effets multiplicateurs. Les expériences des filles doivent éclairer les politiques et les programmes. Nous devons veiller à ce que l'égalité des genres soit un élément clé de nos efforts en matière d'éducation.

Putri Naila Dira, jeune militante de Plan International en Indonésie, a souligné la manière dont les désavantages peuvent se multiplier : « Nous devons nous concentrer sur les filles issues de foyers à faibles revenus. Nous avons besoin d'une campagne de réengagement, et d'un accès aux installations et aux infrastructures. Nous devons proposer des possibilités pour les filles qui présentent un potentiel. Les filles peuvent être de véritables agents du changement... nous avons besoin d'un investissement à long terme ».

L'importance de l'éducation pour la reprise économique, la résilience et la sécurité est une des pierres angulaires de la politique de développement du gouvernement australien, baptisée, Partnership for Recovery - Australia's COVID-19 Development Response (en anglais). L'Australie œuvre dans la région indo-pacifique, et dans le monde entier, pour contenir la pandémie et s'assurer que son impact ne menace pas les acquis du développement humain.

Une éducation de qualité pour tous est essentielle à la prospérité et à la stabilité de la région indo-pacifique et du monde. La ministre des Affaires étrangères et ministre de la Condition féminine, Marise Payne, s'est fait l'écho de ce sentiment lors du webinaire lorsqu'elle a parlé du droit des filles et des jeunes femmes de la région à retourner à l'école et à y rester, et à accéder à une éducation inclusive, dans un environnement sûr et épanouissant.

En étroite collaboration avec l'Australie, le GPE a mobilisé des ressources et des partenariats pour y parvenir. L'approche du GPE, qui consiste à réunir les dirigeants des pays, à susciter des changements significatifs et à fournir une assistance technique innovante, a permis de scolariser 160 millions d'enfants supplémentaires et de doubler le nombre de filles allant à l’école dans les pays partenaires.

Le travail du GPE pour que les enfants continuent d'apprendre malgré les obstacles a montré ce que nous sommes capables de réaliser si nous choisissons de transformer l'éducation à grande échelle.

Nous ne pourrons réaliser l'avenir que nous souhaitons, c’est-à-dire un avenir plus sain, plus sûr, plus équitable et plus stable, qu'en investissant dans la génération qui le construira.

Ce panel nous a donné l'occasion d'entendre directement des filles et des jeunes femmes sur le sujet, et a mis en évidence le dynamisme et les idées dont les jeunes femmes sont dotées pour faire de l'égalité des genres dans l'éducation une réalité.

Regarder l’enregistrement de l’événement.

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