Santé mentale des enfants sourds : comment venir à bout des défis?

Découvrez comment Deaf Child Worldwide travaille pour offrir un soutien de meilleure qualité au bien-être émotionnel des enfants et des jeunes sourds dans les zones rurales pauvres d’Inde et du Bangladesh.

02 novembre 2022 par Joanna Clark, Deaf Child Worldwide
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Lecture : 4 minutes
Pradeep Sabat est un modèle pour beaucoup d’enfants sourds en Inde. Il travaille ici avec une adolescente pour développer ses compétences en langue des signes.
Pradeep Sabat est un modèle pour beaucoup d’enfants sourds en Inde. Il travaille ici avec une adolescente pour développer ses compétences en langue des signes.
Credit: Deaf Child Worldwide

À la suite de la Journée mondiale de la santé mentale célébrée le 10 octobre dernier, j'aimerais parler d'un projet que nous avons lancé avec nos partenaires en Inde et au Bangladesh pour mieux soutenir le bien-être émotionnel des enfants et des jeunes sourds. Dans les zones rurales pauvres où Deaf Child Worldwide (DCW) opère, les services de santé mentale sont pratiquement inexistants.

Notre projet est né lorsque nos organisations partenaires ont remarqué que les enfants et les jeunes sourds avec lesquels ils travaillaient semblaient souvent présenter des problèmes émotionnels, allant du retrait et de l'isolement à des passages à l'acte agressifs. Inutile de dire que ces comportements extrêmes ont eu un effet négatif sur leur éducation.

Les obstacles à la langue et à la communication

Ces comportements découlent des barrières linguistiques et de communication auxquelles les enfants et les jeunes sourds avec lesquels nous travaillons peuvent être confrontés.

Un diagnostic tardif et un non-accès aux appareils auditifs signifient qu'ils ont souvent des retards de langage importants. Et parce qu'ils ne reçoivent pas le soutien dont ils ont besoin, leurs familles, leurs écoles et leurs communautés ont du mal à communiquer avec eux. Plusieurs facteurs sont en jeu :

  • Ils doivent lutter quotidiennement pour se faire comprendre, même par leur propre famille. Cela peut naturellement faire naître des sentiments d'isolement, de solitude et de frustration ;
  • Souvent, l’enfant est la seule personne sourde de sa famille, de son école ou même de toute sa communauté. Il n'a donc personne avec qui partager ses sentiments ;
  • Les enfants sourds sont parfois victimes d'intimidation ou de stigmatisation, de discrimination ou d'inégalité en raison de leur surdité ;
  • Dans des situations stressantes, de nombreux enfants sourds restent anxieux parce que personne ne leur a expliqué de manière adéquate la situation génératrice de stress.

Les travailleurs en première ligne

En Asie du Sud, nos partenaires emploient des mentors sourds. Il s’agit d’adultes sourds qui soutiennent les enfants sourds pour les aider à développer des compétences linguistiques et de communication et à soutenir leur alphabétisation. Cela peut consister à donner des cours de langue des signes, rendre le travail scolaire plus accessible (grâce au matériel visuel développé par nos partenaires, par exemple) et les tenir informés des problèmes plus larges de la communauté.

Les enfants sourds expriment fréquemment des sentiments de colère, de frustration et de repli à leurs mentors. Dans de telles situations, ils peuvent développer des problèmes de santé mentale plus graves si leurs préoccupations ne sont pas traitées à un stade précoce. Cependant, ce type d’intervention nécessite un niveau de connaissances dont les mentors ne disposent pas encore.

Il faut plus de soutien, non seulement de la part des mentors, mais aussi de services susceptibles d’offrir un soutien en santé mentale, dont la plupart ne sont pas accessibles aux jeunes sourds.

Intervenir dès le bas-âge est la clé

C'est pourquoi DCW travaille avec Basic Needs India (BNI) depuis fin 2021, pour former les mentors à la sensibilisation à la santé mentale.

La formation adopte une approche axée sur les processus et commence par aborder les propres forces intérieures des mentors, déclenchant ainsi leur confiance en soi. Il explore ensuite le développement émotionnel et psychosocial des enfants et des jeunes.

Les mentors apprennent également comment les familles et la société influencent le comportement humain et comment aider les enfants sourds et leurs familles à mieux se comprendre.

Grâce au travail en cours avec BNI, les mentors seront bientôt en mesure de fournir un niveau de base de soutien au bien-être émotionnel aux enfants sourds et de reconnaître les symptômes suffisamment graves pour être référés à des services professionnels de santé mentale. La formation se poursuit jusqu'en 2022 et nous en évaluerons périodiquement les résultats avec BNI.

Un sentiment de sécurité émotionnelle

La formation permettra aux mentors de mieux comprendre les besoins émotionnels des enfants sourds avec lesquels ils travaillent, qui à leur tour bénéficieront du sentiment de sécurité émotionnelle apportée par une personne avec qui ils pourront communiquer leurs sentiments.

Dans le cadre de nos séances de sensibilisation à la surdité auprès des familles, nous expliquons les frustrations des enfants sourds, dont beaucoup sont liées à la communication. Cela leur donne un aperçu des raisons pour lesquelles leur enfant pourrait agir d’une certaine manière face à certaines situations.

La sensibilisation à la surdité est également abordée dans les groupes de parents, où les parents les plus expérimentés conseillent les autres. Le plan est d'étendre cela à la formation d'un groupe d'entendants, soit du personnel, soit des parents, qui deviendront des « conseillers non professionnels ».

Pour l'instant, en formant les mentors pour soutenir la santé mentale des enfants sourds, nous espérons que les enfants se sentiront plus en sécurité, avec des parents qui comprennent mieux leurs émotions.

Plus largement encore, on espère que le projet se traduira par une plus grande sensibilité et une meilleure compréhension de la part de la société entière des défis émotionnels auxquels sont confrontés les enfants sourds.

Une utopie ?

Des services de santé mentale accessibles et solides pour les enfants et les jeunes sourds dans les coins les plus reculés des pays où nous travaillons peuvent encore être un rêve réalisable. Mais, l'objectif de DCW, en collaboration avec BNI, est de fournir au moins un soutien de base en santé mentale.

Au fur et à mesure du déploiement du projet, DCW et BNI ont l'intention de former les enseignants à fournir un niveau de base de soutien au bien-être émotionnel à leurs élèves sourds, comme le font les mentors actuellement.

Les organisations sont également convaincues qu'avec le temps, l'approche communautaire qu'elles ont conçue pourra être étendue au niveau national.

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Commentaires

Merci pour cet article il est vraiment très intéressant et important

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