Ouzbékistan : un apprentissage de qualité dès le bas-âge assure aux enfants un avenir meilleur
Points clés
- L'éducation de la petite enfance (EPE) est l'un des meilleurs investissements qu'un pays puisse faire pour préparer les enfants à l'apprentissage.
- Il y a dix ans, malgré d'importants investissements dans l'éducation de la petite enfance (EPE), le gouvernement d'Ouzbékistan était toujours confronté à plusieurs défis en matière de scolarisation.
- Grâce aux efforts conjoints du gouvernement et du GPE, l'accès à l'EPE dans les zones rurales est passé de 8,5 % en 2013 à plus de 28 % en 2019. Le gouvernement prend des mesures décisives pour garantir la scolarisation de plus de 80 % des enfants dans les écoles maternelles du pays d'ici 2030.
Le gouvernement ouzbek reconnaît l'importance de l'éducation de la petite enfance (EPE), comme en témoignent ses investissements importants dans ce domaine ces dernières années.
Cependant, malgré le niveau élevé des dépenses effectuées et l'impact positif avéré de l'éducation de la petite enfance, en 2012, seuls près de 23 % des enfants en bas-âge fréquentaient l'école maternelle en Ouzbékistan, ce qui est inférieur aux taux observés dans les autres pays de la région.
Les statistiques étaient encore moins bonnes dans les zones rurales où à peine 8,5 % des enfants étaient inscrits en maternelle.
Les problèmes liés à l’accès, aux faibles capacités d’accueil des écoles et à la qualité de l’éducation, entre autres, étaient à l’origine de ces faibles taux de scolarisation dans le pays. La majorité des enfants fréquentant les centres d'EPE, par exemple, étaient inscrits dans des jardins d'enfants à temps plein ou d’autres établissements similaires axés davantage sur la garde d'enfants que sur l’éducation et la préparation à la scolarisation.
Comme pour aggraver les choses, le modèle d'EPE à temps plein était difficile à mettre en œuvre et à maintenir en raison de son coût élevé.
De plus, les enseignants les plus qualifiés étaient plus susceptibles d'être affectés dans les zones urbaines, et seulement 14 % des établissements des zones rurales étaient considérés comme « entièrement équipés », ce qui avait un impact négatif sur les demandes des parents d’inscrire leurs enfants dans le préscolaire.
Des preuves montrent d’ailleurs une forte corrélation entre des taux de scolarisation élevés et des écoles disposant d’infrastructures bien entretenues et d’enseignants mieux formés.
Soutenir les jeunes élèves les plus vulnérables
En 2014, le GPE a alloué un financement de 49,3 millions de dollars à l'Ouzbékistan pour soutenir les efforts du gouvernement à faire progresser l'éducation des jeunes enfants vivant dans les régions les plus reculées du pays.
Ces zones étaient considérées comme particulièrement adéquates pour obtenir le plus grand impact à la fois sur la préparation à l'apprentissage et sur l'équité.
Le programme soutenu par le GPE portait sur plusieurs interventions et visait notamment deux objectifs : accroître l'accès et améliorer les conditions d’éducation de la petite enfance.
Le projet a financé la conception du programme de préparation à la scolarité, qui consiste en une prise en charge de 100 000 enfants en bas-âge pendant une demi-journée chaque jour tout au long de l'année.
La structure de réduction des coûts de ce modèle a permis d’augmenter le budget dont dispose le gouvernement pour continuer à élargir l'accès à un apprentissage préscolaire de qualité.
Pour créer de meilleures conditions d'apprentissage, des mini bibliothèques ont été créées dans les 2 420 centres ruraux d’éducation préscolaire et approvisionnées en livres d'histoires et jeux éducatifs. Ces ressources ont joué un rôle clé dans la promotion de la qualité et de la créativité de l'apprentissage tout en soutenant les leçons, les activités artistiques et d'autres activités éducatives.
Ces centres d’éducation préscolaire ont été dotés de meubles, de matériels colorés et adaptés aux enfants et d’équipements de jeux à utiliser tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, créant ainsi un environnement approprié pour l'apprentissage des enfants.
Le programme soutenu par le GPE a également financé une formation des enseignants axée sur l'EPE, afin d’améliorer la qualité de l'enseignement. Plus de 4 000 enseignants du préscolaire – toutes des femmes – ont été formés sur le modèle d'une demi-journée d'EPE, un accent particulier étant mis sur la pédagogie centrée sur l'enfant et le mentorat dans l'apprentissage par le jeu.
Les livres de contes améliorent la qualité de l’apprentissage des enfants en bas-âge
Pour atteindre les familles qui ne pouvaient pas inscrire leurs enfants dans des centres d’éducation préscolaire, un programme d’apprentissage précoce de la lecture à domicile a été conçu. Il a permis à plus de 658 000 enfants de recevoir des livres de contes en ouzbek, en russe et en karakalpak (une langue turque).
Les familles vivant dans les régions les plus reculées du pays et celles avec le plus grand nombre d’enfants en bas-âge étaient prioritaires, dans un effort d’amélioration de l'équité.
Une campagne de sensibilisation a été lancée en parallèle pour souligner le rôle essentiel que les parents, en tant que premiers éducateurs de leurs enfants, jouent dans la promotion de l’éducation de la petite enfance.
Les résultats montrent que le programme de lecture et la campagne de sensibilisation qui l’a accompagné ont contribué à accroître l'accès à un apprentissage de qualité dans les établissements préscolaires en milieu rural.
Une fois que les parents ont pris conscience de l'importance d'un tel programme, la demande d'approches plus structurées de l'apprentissage préscolaire à l'extérieur du foyer a augmenté.
Ces initiatives ont eu l'avantage supplémentaire de promouvoir les efforts visant à renforcer l'égalité des genres dans les activités d'apprentissage précoce à la maison, tout en réduisant les stéréotypes liés au genre.
Étant donné que le programme impliquait à la fois les deux parents dans les activités de lecture à domicile, les papas pouvaient être davantage impliqués dans le processus. Cela contribuait ainsi à lutter contre les stéréotypes et les normes néfastes à l’égalité de genre qui existent encore.
Ces résultats positifs peuvent être renforcés à mesure que les parents s'impliquent dans l'enseignement à domicile en raison du confinement imposé par la pandémie de COVID-19.
Un effet d'entraînement
Les retombées du programme soutenu par le GPE sont allées au-delà des interventions ciblées et ont pu être démontrées de manière très claire. Cela a d’ailleurs encouragé le gouvernement à continuer de donner la priorité aux élèves les plus jeunes.
En 2016, un décret présidentiel a été publié pour élargir l'accès et améliorer la qualité de l'éducation des jeunes enfants. Un an plus tard, le premier ministère de l'Éducation préscolaire a été créé pour soutenir la démocratisation de l'éducation de la petite enfance.
La manière dont l'augmentation des inscriptions dans l'EPE a élargi les possibilités pour les mères de participer à des activités informelles de subsistance tout en gérant les tâches ménagères, est tout aussi importante.
Les enfants plus âgés ont également pu être dispensés de la responsabilité de surveiller leurs frères et sœurs cadets, et peuvent désormais mieux poursuivre leur propre scolarité.
Les frais d’abonnement mensuels par enfant inscrit dans ces programmes à mi-temps dans les zones rurales n'ont pas beaucoup changé depuis la fin du programme soutenu par le GPE en 2019. En août 2021, ils s’élevaient à 26 000 UZS (Sum ouzbek) par enfant (environ 2,50 $).
Si plus d’un enfant au sein d’un ménage est inscrit au programme, les frais sont réduits à 18 000 UZS (environ 1,70 $) par enfant. Grâce au faible coût, les programmes d’éducation d'une demi-journée dans les centres préprimaires restent une option attrayante pour les parents.
En 2019, à la clôture du programme soutenu par le GPE, l'accès à l'éducation préscolaire dans les zones rurales était passé de 8,5 % en 2013 à plus de 28 %.
Cette amélioration significative prouve que le programme s'attaque aux principales contraintes liées à l'offre et à la demande identifiées par les parents que sont : les coût élevé des programmes d'EPE à temps plein, l’éloignement des écoles dans les zones rurales, la perception selon laquelle l’éducation de la petite enfance est de mauvaise qualité et de faible valeur.
Il ne s'agissait que de la phase initiale du soutien du GPE à l'Ouzbékistan. En 2019, le GPE a alloué 10 millions de dollars, complétés par près de 60 millions de dollars de cofinancement supplémentaire de l'IDA et du Partenariat mondial pour l’aide basée sur les résultats, pour continuer à aider le gouvernement à élargir l'accès à l’éducation de la petite enfance.
Ces efforts visent à améliorer davantage l'apprentissage et à mieux préparer les jeunes ouzbeks à l'école primaire.