En Éthiopie, l'éducation reste une priorité en dépit des crises et du conflit

Des membres du parlement japonais et des partenaires de développement ont visité des écoles et des communautés en Éthiopie, dans le but de mieux comprendre comment promouvoir l'éducation et renforcer la coopération internationale dans ce domaine. Ceci aidera le Japon à remodeler sa politique d'aide à l'éducation alors qu’il se prépare à réviser sa charte de l'APD et à accueillir le sommet du G7 cette année.

07 février 2023 par Norikazu Suzuki, Liberal Democratic Party, Japan, Suzuki Takako, Liberal Democratic Party, Japan, et Yoko Ono, Save the Children Japan
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Un élève lisant à la bibliothèque de l'école élémentaire de Meskerem, à Bahar Dar en Éthiopie. Crédit : GPE/Kelley Lynch
Un élève lisant à la bibliothèque de l'école élémentaire de Meskerem, à Bahar Dar en Éthiopie.
Credit: GPE/Kelley Lynch

Le mois dernier, nous avons visité des écoles et des communautés qui bénéficient du soutien du Partenariat mondial pour l'éducation (GPE) et d’Éducation sans délai (Education Cannot Wait, en anglais) en Éthiopie.

Alors que le Japon se prépare à accueillir le sommet du G7 à Hiroshima cette année, le pays révise actuellement sa charte de l'aide publique au développement (APD). Cette visite arrivait donc à point nommé pour le pays pour repenser sa politique d'aide en matière d'éducation.

Les bureaux-pays de la Banque mondiale, de l'UNICEF et de Save the Children en Éthiopie ont coorganisé et participé à la mission.

Les investissements du GPE en Éthiopie

Selon les estimations, plus de 3 millions d'enfants ne sont pas scolarisés en Éthiopie à l’heure actuelle. Le pays est un partenaire du GPE depuis 2004 et s’est vu octroyer le plus gros montant de financements de la part du GPE au fil des ans, s’élevant à plus de 558 millions de dollars américains au total.

Le GPE a travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement éthiopien et les partenaires de développement, afin de renforcer le système d’éducation du pays et d’améliorer l'accès à une éducation de qualité pour tous les enfants.

Save the Children met actuellement en place un programme d'alimentation scolaire, tandis que le ministère de l'Éducation met en œuvre d'autres financements avec le soutien de la Banque mondiale comme agent partenaire.

Rencontrer des enfants et des adolescents touchés par les crises actuelles

Nous avons visité quatre écoles primaires dans les régions de Somali et d'Oromia, situées à environ 600 km à l'est de la capitale, Addis-Abeba. Ces écoles ont bénéficié ou bénéficient actuellement du soutien du Programme d'amélioration de la qualité de l'enseignement général pour l'équité (GEQIP-E), le programme phare du gouvernement éthiopien qui vise à améliorer l'efficacité interne, l'accès équitable et la qualité de l'enseignement général.

Parmi les écoles primaires visitées, deux se trouvaient dans des zones rurales, à environ une heure de route de Djidjiga, la capitale de la région Somali. Sur le trajet, nous avons pu constater que les vastes terres étaient complètement sèches et que de nombreuses cultures dépérissaient en raison de la forte sécheresse. Certaines écoles ont même été détruites à cause du conflit qui a surgi à la frontière de la région jusqu'en 2019 environ.

Le GPE a soutenu les écoles primaires, et Save the Children et l'UNICEF mettent désormais en œuvre leurs projets dans les écoles, avec l’aide de l’Éducation sans délai. Les enfants des déplacés internes et des communautés d'accueil fréquentent les écoles.

Les députés Norikazu Suzuki et Takako Suzuki entourés d’enfants dans une classe de l'école primaire de Tuliguled (Haji-Yonis). Crédit : GPE/Hiba Mohamed
Les députés Norikazu Suzuki et Takako Suzuki entourés d’enfants dans une classe de l'école primaire de Tuliguled (Haji-Yonis).
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GPE/Hiba Mohamed

L'éducation est le fondement de la paix

Nous sommes également allés à la rencontre des parents des enfants. La plupart d'entre eux ont vécu le conflit et ont déclaré qu'ils n'avaient pas été en mesure d’envoyer leurs enfants à l'école. Néanmoins, ils ont évoqué à quel point l'éducation était importante pour leurs enfants.

Leurs paroles étaient précieuses et lourdes de sens dès lors qu’ils ont vécu le conflit et aspirent à la paix. Elles nous ont rappelé à quel point l'éducation était même l’essence de la vie.

En réponse à notre question « Pensez-vous que l'éducation favorise la paix ? », ils ont répondu : « Il va sans dire qu'il y a beaucoup de problèmes qui auraient pu être résolus avec les connaissances et la sagesse plutôt qu'avec des armes » et « Vous êtes ici parce que vous avez été éduqués, n'est-ce pas là la réponse ? ».

Le programme d'alimentation scolaire est essentiel

Des repas scolaires sont servis chaque jour aux enfants issus des zones défavorisées qui ne peuvent pas s’alimenter suffisamment à la maison. Les repas scolaires représentent une source importante de nutrition. Ils incitent non seulement les enfants à aller à l'école et à apprendre, mais aussi les parents à mettre leurs enfants à l'école.

Dans les régions où le mariage précoce est encore profondément ancré dans les pratiques culturelles, il est important que les parents aient une bonne raison pour envoyer leurs enfants à l’école et veiller à leur assiduité.

Le programme d'alimentation scolaire est mis en œuvre avec le soutien de la communauté locale, en tenant compte des besoins nutritionnels. Des points d’approvisionnement en eau et d’assainissement ont également été mis en place : des toilettes sûres et propres sont nécessaires, en particulier pour que les filles se sentent en sécurité à l'école.

La mise en œuvre du programme d'alimentation scolaire contribue également à améliorer la fréquentation scolaire des enfants.

Une membre de la communauté participant à la préparation des repas scolaires à l'école primaire de Tuliguled (Haji-Yonis). Crédit : GPE/Hiba Mohamed
Une membre de la communauté participant à la préparation des repas scolaires à l'école primaire de Tuliguled (Haji-Yonis).
Credit:
GPE/Hiba Mohamed

Depuis 2020, Save the Children International travaille en collaboration avec le ministère de l'Éducation pour mettre en œuvre des programmes d'alimentation scolaire dans plusieurs régions et districts du pays, avec l’appui du GPE.

Les programmes globaux visent à fournir des repas scolaires, tout en accordant une attention particulière aux points d'approvisionnement en eau et d'assainissement, à la cuisson d’aliments avec des méthodes à faible consommation énergétique, à l'engagement communautaire, à la participation et au soutien psychologique des enfants, ainsi qu’à l'amélioration des institutions et au renforcement des capacités.

En 2022, les programmes ont commencé à se focaliser sur les enfants affectés par des situations d'urgence, telles que les conflits et la sécheresse. Les programmes d'alimentation scolaire visent à accroître le taux de scolarisation et à réduire les taux d’abandons scolaires.

Éducation inclusive

Les deux autres écoles primaires que nous avons visitées se trouvent dans la ville de Djidjiga, la capitale de la région Somali. Celles-ci bénéficient du soutien du GPE ainsi que du programme GEQIP-E et sont gérées par le Bureau régional de l'éducation du ministère de l'Éducation.

Nous avons participé à des cours inclusifs et un cours spécialement conçu pour les enfants sourds a été donné en langue des signes.

Les membres du Bureau régional de l'éducation qui comprend des participants de diverses organisations. Crédit : UNICEF/Mulugeta Ayene
Les membres du Bureau régional de l'éducation qui comprend des participants de diverses organisations.
Credit:
UNICEF/Mulugeta Ayene

Discussions avec le ministre de l'Éducation et le commissaire de l'Union africaine

À Addis-Abeba, au ministère éthiopien de l'Éducation, nous avons rencontré le professeur Berhanu Nega, ministre de l'Éducation, accompagnés de Mme Ito, ambassadrice du Japon en Éthiopie.

Le ministre nous a exposé la situation actuelle ainsi que les défis auxquels le pays était actuellement confronté et a mentionné les besoins suivants qui bénéficieraient de l’appui du Japon :

  • Reconstruire les écoles détruites par le conflit ;
  • Continuer à fournir des repas scolaires ; et
  • Promouvoir l’enseignement préscolaire.

Nous avons convenu que l’enseignement préscolaire et primaire étaient très importants, en s’appuyant sur l'expérience du Japon qui détient un taux d'alphabétisation de presque 100 %.

Le ministre éthiopien de l'Éducation, professeur Berhanu Nega, et l'ambassadrice du Japon, Mme Ito, ici avec les membres de la mission. Crédit : Save the Children/Yoko Ono
Le ministre éthiopien de l'Éducation, professeur Berhanu Nega, et l'ambassadrice du Japon, Mme Ito, ici avec les membres de la mission.
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Save the Children/Yoko Ono

Accompagnés de M. Horiuchi, ambassadeur du Japon auprès de l'Union africaine (UA), nous avons également rendu visite à S.E. le professeur Mohamed Belhocine, commissaire de l'UA en charge de l'éducation, la science, la technologie et l'innovation, dont le mandat couvre l'ensemble du continent. Il a expliqué que les situations d'urgence, telles que les conflits et le changement climatique, les effets de la pandémie de COVID-19 et la crise de la dette constituaient des défis de taille pour l'éducation en Afrique, tout comme le manque de financement consacré à l'éducation.

Lorsque nous lui avons demandé comment promouvoir l'importance de l'éducation pour que le public japonais comprenne la nécessité de coopérer à l’échelle internationale, il a répondu que « L'éducation constitue l'atout le plus important pour la paix ». M. Belhocine a beaucoup insisté pour que l'éducation devienne le thème principal de la prochaine Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD), ce qui n'a jamais été le cas auparavant.

Accroître l’efficacité de l’aide du Japon en faveur de l’éducation

Sur l’ensemble du territoire éthiopien, un grand nombre d'écoles et d'enfants sont encore dans le besoin. Pour tirer le meilleur parti de l'APD limitée du Japon et en accroître l'efficacité, les acteurs issus de l’ensemble du secteur de l'éducation (le ministère de l'Éducation, les bailleurs de fonds, les organisations internationales, les ONG, etc.) devraient renforcer les mécanismes de coordination, afin de s’assurer que des plans sectoriels de qualité soient élaborés et mis en œuvre, plutôt que plusieurs bailleurs de fonds offrent de manière distincte une aide ponctuelle sous forme de projet.

Comme indiqué dans l'évaluation indépendante des politiques d'aide à l'éducation du Japon, le gouvernement japonais devrait promouvoir les partenariats multipartites et mettre en œuvre une aide à l'éducation plus efficace sur le terrain.

La réalité dont nous avons été témoins en Éthiopie est déchirante. De simples mesures pourraient grandement contribuer à lutter contre la pauvreté et à bâtir des sociétés plus justes, à commencer par un régime alimentaire sain, de l'eau potable, ainsi que la possibilité pour chacun d'apprendre à lire et à compter, y compris les filles et les femmes.

Les personnes que nous avons rencontrées en Éthiopie ont réitéré l'importance, la nécessité et le potentiel de l'éducation, et nous ont fait part de leur gratitude envers la communauté internationale pour son soutien à l'éducation. C'est un message que nous avons rapporté à nos collègues au Japon.

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