Inclusion des personnes en situation de handicap dans l’éducation : passer des intentions aux actions

Réflexions du GPE et Sightsavers sur la manière dont les agences internationales et les bailleurs de fonds peuvent prendre des mesures concrètes pour accélérer les progrès vers une éducation plus inclusive dans un monde en mutation.

21 avril 2025 par Mariana Rudge, Sightsavers, et Wenna Price, GPE Secretariat
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Jack, 6 ans, un enfant handicapé, peint des fleurs dans le cadre d'une activité scolaire à l'école de Suango à Port-Vila au Vanuatu. Crédit : UNICEF/UN0441179/Shing.

Jack, 6 ans, un enfant handicapé, peint des fleurs dans le cadre d'une activité scolaire à l'école de Suango à Port-Vila au Vanuatu.

Credit: UNICEF/UN0441179/Shing

À l’occasion du Sommet mondial sur le handicap de 2025, les partenaires de l'éducation ont réitéré leur engagement à garantir une éducation de qualité pour les filles et les garçons en situation de handicap.

Tous les participants étaient unanimes quant à la nécessité de mettre les enfants en situation de handicap au premier plan des politiques et des programmes d'éducation.

En suivant l'exemple de la Banque mondiale, le gouvernement britannique s'est engagé à rendre tous les programmes d'éducation inclusifs d'ici 2030.

Alors que les partenaires se préparent à honorer leurs engagements, le Partenariat mondial pour l'éducation et l’organisation internationale non gouvernementale Sightsavers réfléchissent à la manière dont les organismes internationaux et les bailleurs de fonds peuvent prendre des mesures concrètes pour accélérer les progrès réalisés en matière d’éducation inclusive dans un monde en constante évolution.

L’inclusion profite à tous

L'éducation est un droit humain fondamental. Cependant, 240 millions d'enfants se trouvent en situation de handicap dans le monde, et pour un grand nombre d’entre eux, l’éducation reste une réalité lointaine.

Les enfants en situation de handicap sont systématiquement laissés pour compte. En effet, ces derniers sont presque 50 % plus susceptibles de n’avoir jamais fréquenté l’école et sont 42 % moins susceptibles de disposer des compétences fondamentales en lecture et en calcul que leurs camarades non handicapés (UNICEF, 2021).

Lorsque les filles et les garçons en situation de handicap sont également victimes d’autre discrimination en raison de leur genre, leur situation socio-économique, leur statut de réfugié ou d'autres expériences personnelles, les obstacles qui les empêchent d’accéder à l'éducation peuvent être encore plus importants.

Les filles en situation de handicap font partie du groupe d'enfants le plus exclu de l'école primaire à l'enseignement supérieur (Women Enabled International).

L'éducation des enfants en situation de handicap permet aux filles et aux garçons d’acquérir les compétences et les aptitudes nécessaires pour améliorer leur bien-être, contribuer à la vie de leur communauté et accroître leurs revenus potentiels à l'âge adulte.

Par exemple, la mise à disposition de technologies d'assistance pour répondre aux besoins d'apprentissage des enfants en situation de handicap permet d’augmenter leurs revenus futurs perçus sur l’ensemble de leur carrière de plus de 100 000 dollars dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire (ATScale).

La diversité des classes permet d'enrichir l'expérience d’apprentissage, de favoriser le respect des différences et de bâtir des sociétés plus justes et plus solidaires.

Pour créer des environnements d'apprentissage inclusifs, les enseignants devraient être formés à utiliser des pédagogies inclusives et à enseigner à des élèves issus de diverses origines et ayant des aptitudes variées (UNESCO 2020).

Lorsque les enseignants sont formés pour répondre aux différents besoins d'apprentissage, la qualité de l'éducation est améliorée pour tous les élèves.

Comment les acteurs de l'éducation peuvent-ils rendre les systèmes plus inclusifs d'ici 2030 ?

L'éducation inclusive nécessite une collaboration entre les secteurs et entre les différentes parties prenantes. Il existe différents moyens d’intégrer les personnes en situation de handicap dans le programme d’éducation plus large en renforçant les systèmes.

Les acteurs de l'éducation, notamment les décideurs politiques, la société civile, les communautés, les familles, les personnes en situation de handicap et les organisations qui les représentent, ont tous un rôle à jouer.

À l'heure où les progrès réalisés en matière d'éducation inclusive risquent de s'inverser, tous les acteurs doivent prendre des mesures concrètes pour s'assurer que l'inclusion des personnes en situation de handicap reste au premier rang des priorités du programme d'éducation dans le monde.

Ils peuvent commencer par adopter certaines des recommandations formulées ci-dessous :

1. Intégrer l’inclusion dès le départ

L'inclusion doit être intentionnelle. Le développement inclusif mérite une réflexion à chaque étape pour intégrer les personnes en situation de handicap dans la planification, l'élaboration des politiques, le financement, la pratique et la communication des données. Lorsque l'inclusion est intégrée dans les stratégies et les programmes, les effets peuvent être considérables.

Dans le cadre de son plan stratégique GPE 2025, le GPE a aidé les pays partenaires à intégrer systématiquement l’égalité des genres. Par conséquent, 90 % des pactes de partenariat (les plans des pays pour transformer leurs systèmes éducatifs) prévoient une réforme prioritaire qui prend en compte l'égalité des genres (GPE, 2024).

Alors que les agences de développement mettent à jour leurs stratégies avant l'échéance du programme de développement durable à l’horizon 2030 (intitulé Agenda 2030), celles-ci devraient s’assurer que les approches qui incluent les enfants en situation de handicap soient expressément intégrées dans les objectifs stratégiques, les orientations pour les activités au niveau des pays, les cadres de résultats et les demandes adressées aux bailleurs de fonds.

2. Soutenir la collecte et l'utilisation des données et des éléments factuels

Les gouvernements ont besoin de données précises pour pouvoir identifier les inégalités en matière d'accès à l'éducation, de participation et d'apprentissage.

Les données sur les élèves en situation de handicap, qu'ils soient scolarisés ou non, doivent être recueillies systématiquement et ventilées en fonction de divers facteurs tels que le genre, le statut de déplacé/réfugié et l’emplacement géographique.

Cela permet de mieux comprendre les obstacles que rencontrent les différents groupes d’élèves et de mettre en place des interventions ciblées et fondées sur des données probantes.

Les systèmes d'information pour la gestion de l'éducation (SIGE) devraient être renforcés pour intégrer des données sur les enfants en situation de handicap. Ces données ventilées devraient être utilisées pour planifier les réformes d’éducation, orienter les plans d'enseignement individualisés et les initiatives en faveur des élèves en situation de handicap, ainsi que pour favoriser une allocation plus équitable des ressources.

Les organismes internationaux doivent soutenir les efforts déployés pour renforcer les systèmes de données sur l'éducation dans les pays partenaires. Ils devraient également utiliser les données ventilées pour orienter leurs propres programmes, intégrer les données sur les enfants en situation de handicap dans les cadres de résultats, prévoir des objectifs spécifiques au handicap, et générer la base de données probantes des méthodes éprouvées pour rendre les systèmes plus inclusifs.

3. Favoriser des allocations de ressources financières équitables

Compte tenu de l'énorme déficit de financement pour l'éducation, il est indispensable que les faibles ressources soient utilisées de manière stratégique et qu’elles parviennent aux élèves les plus marginalisés. Les écoles inclusives permettent d’améliorer l'efficacité et, à terme, la rentabilité de l'ensemble du système éducatif (UNESCO, 1994).

Les coûts associés à la mise en place de systèmes inclusifs sont souvent moins élevés que prévu, et une grande partie des dépenses profite à tous les élèves (GPE, 2024). Par exemple, des infrastructures accessibles et un programme scolaire inclusif profitent à tous les enfants.

Les décisions relatives à l'affectation des modestes ressources financières (qu'elles soient nationales ou internationales) doivent non seulement évaluer le coût de chaque intervention, mais aussi déterminer si les résultats sont répartis de manière équitable (DfID, ancien ministère britannique du Développement international, 2015).

Les organismes internationaux peuvent également aider les gouvernements à élaborer, mettre en œuvre et évaluer la budgétisation fondée sur l'équité, et veiller à ce que les données probantes et les enseignements tirés de ces expériences soient largement diffusés.

Les marqueurs relatifs au handicap, tels que celui du Comité d'aide au développement de l'Organisation de coopération et de développement économiques (CAD-OCDE), peuvent être utilisés pour déterminer dans quelle mesure l'aide est inclusive.

En adoptant un marqueur relatif au handicap, les organismes internationaux peuvent soutenir un système solide et transparent pour suivre et rendre compte des dépenses consacrées à l'éducation, et pour évaluer le degré d'équité de ces investissements (IETG-IDDC, le Groupe de travail sur l’éducation inclusive du Consortium international sur le handicap et le développement).

4. Faire entendre diverses voix pour promouvoir la responsabilité mutuelle et le suivi de l'éducation inclusive

Les gouvernements et les organisations internationales devraient adopter un état d'esprit d'apprentissage, en collaborant continuellement avec les organisations représentantes de personnes en situation de handicap (OPH) et d'autres organisations pour renforcer les stratégies d'inclusion.

Ils devraient encourager l'engagement dans les plateformes éducatives nationales et internationales, telles que les groupes locaux des partenaires de l’éducation, et prendre des mesures pour rendre les processus inclusifs pour les personnes en situation de handicap, qui sont souvent les mieux placées pour prodiguer des conseils sur les obstacles qu'elles rencontrent pour accéder à une éducation de qualité.

En Zambie, Sightsavers a travaillé de concert avec la ZAFOD (Zambia Federation of Disability Organisations) pour permettre aux enfants en situation de handicap d'accéder à l'éducation.

Grâce à l'engagement communautaire, Sightsavers a aidé les communautés de la ville de Chinsali à identifier les enfants en situation de handicap et à les encourager à s'inscrire dans leur école locale, ce qui a permis de dépasser l'objectif qui avait été fixé en matière de taux de scolarisation.

Le projet a également permis aux parties prenantes locales de développer des compétences pour défendre les droits des enfants en situation de handicap. Ainsi, le nombre d'organisations locales représentatives des personnes handicapées a augmenté et est passé de 3 à 23 organisations dans la province de Muchinga. Grâce à leurs activités de plaidoyer, ces organisations ont veillé à ce que les nouvelles salles de classe soient construites de manière à être accessibles aux élèves en situation de handicap.

Le chemin qui mène vers l'inclusion est différent pour chaque pays. Pour obtenir plus d'idées sur la manière de renforcer l'éducation inclusive dans tous les contextes, veuillez consulter les recommandations conjointes qui ont été formulées par plus de 20 organisations en amont du Sommet mondial sur le handicap de 2025.

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