On peut compter sur les filles!
À mesure qu’approche l’année 2015, célébrons les avancées réalisées : il y a des millions d’enfants supplémentaires à l’école, comparé à l’année 2000. Mais nous n’atteindrons pas notre but si nous ne nous focalisons pas davantage sur une plus grande équité et plus de ressources pour les enfants les plus défavorisés. Il nous faut également compter les filles et compter sur les filles.
23 septembre 2014 par Julia Gillard, Global Partnership for Education
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Lecture : 9 minutes
Credit: GPE

Ce blog a été publié en premier lieu dans l'Huffington Post.

Tandis que s’ouvre l’Assemblée générale des Nations unies à New York, il est encourageant de réfléchir à l’une des priorités de développement les plus importantes ayant émergé ces 15 dernières années, l'éducation des filles.

Il est désormais amplement reconnu que l’éducation des enfants, et particulièrement celle des filles, constitue un élément central du développement économique, social et politique d'un pays. Le lien entre l’augmentation de l’accès à une éducation de base de qualité et l’amélioration de la mortalité maternelle et infantile, l’alimentation et la sécurité alimentaire, la croissance économique, la durabilité et la stabilité sociale est à présent évident aux yeux de la plupart des leaders.

Des progrès ont été réalisés, mais il reste encore tant à faire

Cette connaissance est maintenant si centrale dans la planification du développement que dans la plupart des pays, il y a aujourd’hui plus de filles scolarisées que jamais. Le nombre de filles non scolarisées a diminué de 47 % au cours de la décennie passée.

Cependant, malgré les avancées, des millions de filles demeurent exclues.

Près de 31 millions d’entre elles ne fréquentent pas l’école primaire, représentant plus de la moitié des 58 millions d'enfants non scolarisés dans le monde. Ces filles sont parmi les enfants les plus difficiles à atteindre : elles vivent souvent dans des communautés extrêmement pauvres et isolées ou bien dans des régions touchées par la guerre et l'instabilité.

En approfondissant davantage, on s’aperçoit que l’inégalité et la discrimination sont également des causes majeures de la situation défavorisée des filles en termes d’éducation – non seulement dans l’accès à l’école, mais également dans les résultats de l’apprentissage.

Faire des politiques d'égalité une réalité n'est pas chose facile

Malgré un taux de scolarisation des filles en augmentation, le nombre de filles à achever le cycle primaire est bien inférieur à celui des garçons, et les filles sont également moins susceptibles de faire la transition du cycle primaire vers le cycle secondaire.

En Tanzanie, par exemple, 85 % des filles et 77 % des garçons achèvent le cycle primaire, et pourtant, il y a moins de filles que de garçons à terminer le cycle secondaire : seulement 22,5 % des filles y parviennent, pour 28 % des garçons. Au Pakistan, seules 42 % des femmes savent lire et écrire, contre 67 % des hommes. Au cours de leur scolarité, les filles sont plus susceptibles que les garçons de faire l’objet de discrimination et de violences, avec des taux d’abandon plus élevés.

Dans de nombreux pays, les comportements relatifs à l’éducation des filles évoluent et les politiques gouvernementales soutiennent activement la parité. Mais transformer des politiques en réalité s'avère difficile et nécessite aussi bien des évolutions sociales que politiques. N’oublions pas les centaines de jeunes écolières enlevées, toujours portées disparues dans le Nord du Nigéria. Comme nous le rappelle Malala Yousafzai avec son éloquence et sa détermination, aller à l’école est un choix à haut risque pour des millions de filles du monde entier.

L’équité, c’est être juste et impartial

Un important enseignement des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) est que la promesse de l’éducation ne peut être tenue sans équité. Nous savons déjà que nous n’atteindrons pas les OMD 2 – l’enseignement primaire universel – d’ici 2015. Non seulement parce que les politiques et les esprits doivent encore évoluer, mais aussi parce que les ressources ne sont pas toujours affectées à ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire l’éducation des filles, les enfants handicapés, ceux qui vivent dans des zones touchées par les conflits, dans des communautés isolées et marginalisées ou qui se situent simplement au bas de l’échelle sociale.

Ce sont ces enfants, les plus difficiles à atteindre, que le Partenariat mondial pour l'éducation cherche à toucher. Nous pensons que c’est le seul moyen de parvenir un jour à nos objectifs de développement au niveau mondial, et de bâtir un monde plus juste, stable, sain et durable pour nous tous.

Tandis que les États membres des Nations unies lancent la prochaine série de négociations sur le cadre de développement post-2015, il est nécessaire qu’un objectif autonome d’éducation en constitue un pilier central – et je suis sûre que ce sera le cas. Mais cela ne suffit pas. Il sera essentiel pour cet objectif d’être axé sur l’équité, c’est-à-dire un accès juste et impartial à l’école pour tous les enfants, ainsi que des ressources adéquates pour y parvenir.

Pas de progrès sans financement suffisant

La récente reconstitution des ressources du Partenariat mondial pour l’éducation a sécurisé des financements essentiels – 28,5 milliards $US pour 2015 - 2018. Après des années de diminution de l’aide destinée à l’éducation, les bailleurs répondent à nouveau présent, mais ce qui est d’autant plus important, c’est le fait que nos pays en développement partenaires aient pris l’engagement exceptionnel d'augmenter leur financement intérieur pour l’éducation. De nombreux pays en développement ont en effet promis d’augmenter leurs dépenses en matière d’éducation pour que celles-ci représentent 20 % de leur budget national dans les quatre prochaines années. Cette promesse constitue une grande avancée et montre l'importance que revêt l'éducation pour un si grand nombre de pays.

Une meilleure planification nécessite de meilleures données

L’accès aux données sera critique pour effectuer un suivi des progrès de l'éducation, et c'est un des défis les plus difficiles que nous ayons à relever. Les données de l’éducation manquent cruellement dans les pays en développement, rendant impossible une prise de décision basée sur les faits. Il est ainsi parfois difficile d’identifier les besoins des plus défavorisés.

Les filles constituant un élément crucial des bons résultats en matière d’éducation, il est particulièrement nécessaire de recueillir des données tenant compte du genre et ventilées par sexe. L’accès des filles à la scolarisation, leur progression scolaire et les résultats de leur apprentissage nous informeront grandement sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Les facteurs familiaux et sociaux devant également informer l’élaboration des politiques, il nous faut de meilleures données sur les taux de mariage précoce, l’âge de la première grossesse, l’alimentation des filles et la distance entre domicile et établissement scolaire.

Avec ces informations, les gouvernements pourront prendre de bonnes décisions, comme le recrutement d’un plus grand nombre d’enseignantes et la réduction du temps de déplacement pour les filles grâce à la construction d'écoles à proximité des besoins. C'est ce qui a permis d'améliorer le taux de scolarisation des filles au Yémen et en Afghanistan, deux pays partenaires du Partenariat mondial pour l’éducation. En Afrique, le fait de garantir aux filles l’accès à des toilettes adéquates, ainsi qu’une protection contre violences et harcèlement sexuel, a permis l’augmentation de la présence des filles et des résultats de l’apprentissage.

À mesure qu’approche l’année 2015, célébrons les avancées réalisées : il y a des millions d’enfants supplémentaires à l’école, comparé à l’année 2000. Mais nous n’atteindrons pas notre but si nous ne nous focalisons pas davantage sur une plus grande équité et plus de ressources pour les enfants les plus défavorisés. Il nous faut également compter les filles et compter sur les filles.

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