Pour les filles, un conflit peut signifier la fin de l’école
Avec la grande importance accordée à l'éducation des filles par le G7, le GPE s’engage plus que jamais à soutenir les pays partenaires pour garantir aux filles aient un accès à l’éducation, même dans les contextes de crise.
02 juillet 2018 par Jane Davies, Global Partnership for Education Secretariat
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Lecture : 11 minutes
Rumana, une jeune maman soudanaise de 26 ans, est retournée à l'école pour pouvoir aider ses propres enfants à apprendre. Crédit: GPE/Kelley Lynch
Rumana, une jeune maman soudanaise de 26 ans, est retournée à l'école pour pouvoir aider ses propres enfants à apprendre.

Sous le leadership du Canada, le sommet du G7, qui s’est tenu ce mois-ci à Charlevoix, a donné lieu à une importante déclaration en soutien à « une éducation de qualité pour les filles, les adolescentes et les femmes dans les pays en développement, y compris dans les États en situation d’urgence, en proie à des conflits et fragilisés ».

C’est une excellente initiative de la part des sept premières économies mondiales, car nous savons à quel point l’éducation peut changer la vie des filles et des femmes, et combien les bénéfices de l’éducation ne les concernent pas exclusivement, mais affectent la vie de leurs proches, et par conséquent, de leur pays.

Pour atteindre les objectifs de développement que le monde s’est fixé pour 2030, il est clair que les filles et les femmes devront faire partie de la solution dans tous les secteurs, notamment dans l’éducation (ODD 4). Tels les maillons d’une chaîne, l’ensemble des 17 ODD sont interconnectés et nécessitent des efforts trans-sectoriels afin d’optimiser les résultats, en particulier dans les contextes de crise.

Les filles sont affectées de façon disproportionnée par les crises

Dans les pays touchés par le conflit, la situation est extrêmement difficile pour tous les enfants, mais pour les filles, vivre dans ce type de pays constitue une entrave supplémentaire : elles ont 2,5 fois plus de chance d’être non scolarisées que les garçons. Selon le Rapport mondial de suivi sur l’éducation, les jeunes femmes ont 90 % de risques en plus de ne pas suivre de cours dans le cycle secondaire que leurs homologues dans les pays sans conflit.

Le Rapport sur les résultats de 20018 du GPE montre que les filles vivant dans les contextes de fragilité et de conflits sont particulièrement défavorisées en termes d’achèvement du primaire et du premier cycle du secondaire. En 2015, le taux d’achèvement du primaire était de 64,5 % pour les filles dans ce type de contexte, comparé à 73,5 % pour les garçons, tandis que dans le premier cycle du secondaire, le taux d’achèvement était de 39,2 % pour les filles et de 47,2 % pour les garçons.

Pour les filles, le fait de manquer l'école constitue une vulnérabilité par rapport à l’exploitation, au mariage et à la grossesse précoces, et les projette dans une vie dans laquelle elles ne seront jamais en capacité de développer tout leur potentiel.

Les pays touchés par le conflit sont une priorité du GPE

Un investissement accru dans l’éducation est essentiel pour garantir des systèmes éducatifs résistants aux conflits et pour assurer l’existence de lieux sécurisés permettant la continuité de l'apprentissage face aux chocs tels que les conflits et les catastrophes naturelles.

Pour le GPE, soutenir les pays touchés par la fragilité et les conflits constitue une grande priorité, et notre engagement s’est fortement développé au cours de ces dernières années : soixante pourcents des financements pour la mise en œuvre d’un programme sectoriel de l’éducation ont été alloués à des pays partenaires touchés par la fragilité ou les conflits en 2016, comparé à 44 % en 2012. Près de la moitié des pays partenaires du GPE sont touchés par la fragilité ou les conflits.

La bonne nouvelle est que le soutien du GPE s’avère très utile : dans les pays partenaires touchés par la fragilité et les conflits, entre 2002 et 2015, le nombre de filles achevant l'école pour 100 garçons a augmenté pour passer de 74 à 88 dans le cycle primaire, et de 67 à 83 pour le premier cycle du secondaire.

Cela signifie que dans ces pays, un nombre bien plus grand de filles est à présent scolarisé et bénéficie d’apprentissages.

De nombreux facteurs s’ajoutent pour entraver la scolarisation des filles. Quatre filles de pays partenaires du GPE racontent leur histoire et les obstacles qu’elles ont surmontés pour achever leur éducation.

Juliana, Côte d’Ivoire

Juliana, la fille de deux cultivateurs de cacao de Mamakoffikro, en Côte d’Ivoire, est la première fille de sa famille à aller à l’école.

Juliana, la fille de deux cultivateurs de cacao de Mamakoffikro, en Côte d’Ivoire, est la première fille de sa famille à aller à l’école.

Crédit photo : GPE/Carine Durand

Juliana, la fille de deux cultivateurs de cacao de Mamakoffikro, en Côte d’Ivoire, est la première fille de sa famille à aller à l’école.

En Côte d’Ivoire, seules 87 filles pour 100 garçons sont scolarisées. Depuis que l’école est devenue obligatoire en 2015 pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans, les comportements évoluent. L’enseignant de Juliana explique : « Maintenant, les parents comprennent que les filles et les garçons ont besoin tous deux d’aller à l’école pour réussir dans tous les domaines de la vie. »

Juliana aimerait devenir enseignante. Elle a trois jeunes frères et sœurs, qui suivront son exemple et feront également des études.

Bendu, Libéria

Bendu a 14 ans et est en 2ème année. Elle n’a commencé l’école qu’à l’âge de 10 ans, car sa famille n’avait pas les moyens de payer ses frais d’examen.

Bendu a 14 ans et est en 2ème année. Elle n’a commencé l’école qu’à l’âge de 10 ans, car sa famille n’avait pas les moyens de payer ses frais d’examen.

Crédit photo : GPE/Kelley Lynch

Bendu a 14 ans et est en 2ème année. Elle n’a commencé l’école qu’à l’âge de 10 ans, car sa famille n’avait pas les moyens de payer ses frais d’examen. Au Libéria, l’inscription dans les écoles est gratuite, mais certains établissements facturent des frais pour compenser les frais de fonctionnement.

Bendu est souvent renvoyée chez elle à cause de ses retards. Sa tante et sa grand-mère ne la laissent pas quitter la maison avant qu’elle ait fini ses tâches ménagères.

« Avant de pouvoir partir pour l’école, je dois balayer la maison, faire la vaisselle, aller chercher de l’eau et faire le ménage dans toutes les pièces. Quand ma cousine vivait ici, on faisait tout ça ensemble. Mais maintenant, il n’y a plus que moi. Je me réveille à 5 h du matin et parfois, je n’ai pas encore fini à l’heure où je dois partir à l’école. Et je n’ai pas le droit de partir avant que le travail soit terminé. Quand je dis à ma grand-mère que je dois partir sinon je vais être en retard, elle dit juste : ‘c’est ton problème. Débrouille-toi’ ».

Rumana, Soudan

Enfant, Rumana n’allait pas à l’école et n’a pas appris à lire ou à écrire. En 2016, âgée de 26 ans, elle venait de commencer la 7ème année.

Enfant, Rumana n’allait pas à l’école et n’a pas appris à lire ou à écrire. En 2016, âgée de 26 ans, elle venait de commencer la 7ème année.

Crédit photo : GPE/Kelley Lynch

Enfant, Rumana n’allait pas à l’école et n’a pas appris à lire ou à écrire. En 2016, âgée de 26 ans, elle venait de commencer la 7ème année.

Lorsqu’elle est devenue mère, elle a compris qu’elle ne pourrait pas aider ses enfants à faire leurs devoirs ni répondre à leurs questions. Elle a donc décidé d’aller à l’école pour apprendre.

Rumana et Magda, sa meilleure amie, ont lancé un petit commerce de glaces pour gagner de l’argent afin de couvrir leurs frais scolaires. Elles continuent de vendre des glaces, de s’occuper de leur famille et d’aller à l’école.

Le GPE soutien les États afin d’augmenter les chances pour les filles

Pour aider les filles et les jeunes femmes telles que Juliana, Bendu et Rumana, les ministres de l’éducation doivent intégrer dans leurs plans sectoriels de l’éducation nationaux des stratégies. Il s’agit en effet de permettre aux filles d’aller à l’école, de pouvoir y rester, dans un environnement sécurisé, protecteur et émancipateur et de parfaire leur apprentissage.

Le GPE élabore un partenariat stratégique avec l’Initiative des Nations unies en faveur de l’éducation des filles (UNGEI) pour soutenir les pays partenaires afin de développer leurs compétences, dans le but de concevoir des plans sectoriels de l'éducation nationaux en faveur de l’égalité des sexes qui remplissent cette fonction.

Lors d’un atelier récent au Togo, en mai, le GPE et UNGEI ont réuni sept pays, dont cinq touchés par la fragilité et les conflits, et des agences de partenaires techniques, notamment l’UNICEF, l’IIPE de l’UNESCO, Plan International, le CIEFA de l’UA, L’ANCIEFA et le FAWE, dans le but d’établir une compréhension commune de la façon d’intégrer l’égalité des sexes dans chaque aspect de la planification sectorielle, en particulier l’analyse des données sur le genre, la conception stratégique, les processus de consultation inclusifs, la budgétisation et le chiffrage en matière de genre, le travail trans-sectoriel, le suivi des résultats en termes d’égalité des sexes et les modalités institutionnelles en matière de responsabilité.

Les participants du Togo, de la République centrafricaine, du Libéria, du Mali et de Sierra Leone, tous des pays touchés par la fragilité et les conflits, avec le Cameroun et la Guinée, ont évalué leur propre plan sectoriel de l’éducation et devisé des plans d’action afin qu’à l’avenir, la planification de l’éducation prenne totalement en compte le défi de l’égalité des sexes et produisent de meilleurs résultats pour les filles.

L’atelier du Togo est le troisième d’une série, les précédents ayant eu lieu en Tanzanie en mars 2017 et au Népal en octobre 20017. Sur la base de ces succès, une deuxième série est en cours de préparation.

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