Assurer le suivi des enfants dont le potentiel risque d’être perdu

Pour mesurer l'ampleur de la crise mondiale de l'apprentissage, l’ONG ONE, le Partenariat mondial pour l'éducation (GPE) et Save the Children ont lancé Lost Potential Tracker, un outil interactif permettant de suivre en temps réel l’évolution, depuis 2015, du nombre d'enfants incapables de lire et de comprendre une phrase simple à l'âge de 10 ans.

27 avril 2021 par Malcolm Chen, ONE Campaign, et Natasha Somji, ONE Campaign
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Lecture : 4 minutes
Assurer le suivi des enfants dont le potentiel risque d’être perdu

Pensez à l'époque où vous aviez 10 ans. Imaginez un instant que vous n'auriez pas été capable de lire et de comprendre une histoire simple à cet âge-là. Où pensez-vous que vous seriez aujourd'hui ?

L'âge de 10 ans est l'âge auquel les enfants devraient pouvoir passer de l'apprentissage de la lecture à la pratique de la lecture pour l’apprentissage. Dit autrement, c’est l’âge où l’enfant doit être capable de lire pour acquérir des connaissances. Cette étape cruciale les prépare à une vie pendant laquelle ils passeront beaucoup de temps à apprendre de nouvelles choses.

Cela augmente leur capacité à bien gagner leur vie, à innover, à s’améliorer et à contribuer à l’évolution de leur société, dans la mesure où cela leur permet notamment d’embrasser des carrières qui feront d’eux la prochaine génération de médecins, d'infirmières et d'enseignants entre autres.

Cependant, tout cela n’est toujours qu’une vue de l’esprit pour des millions d'enfants.

À quel point le problème est-il grave ?

Depuis que les leaders mondiaux ont adopté les objectifs de développement durable en 2015, plus de 393 millions d'enfants n'ont pu réussir à acquérir les compétences de base en lecture et en écriture avant leur 10e anniversaire. Un nombre qui, de plus, augmente chaque seconde.

Dit autrement, cela suppose que :

  • toutes les heures, 8 050 enfants, soit l’équivalent des effectifs cumulés de 29 écoles primaires britanniques, n’acquièrent pas les bases en lecture et en écriture ;
  • chaque jour, c’est plus de 193 000 enfants, soit près de deux fois la capacité du Camp Nou, le plus grand stade de football d'Europe, qui sont concernés ;
  • chaque semaine, c’est plus de 1,3 million d'enfants, soit l'équivalent de 50 % des élèves inscrits dans un établissement d’enseignement secondaire au Canada ;
  • chaque mois, c’est près de 6 millions d’enfants, soit l'équivalent de la population de la ville de Johannesburg ;
  • rien que pour cette année 2021, c’est plus de 70 millions d'enfants, soit l'équivalent de la population combinée du Sénégal et du Kenya.

Sur la période 2015-2030, cela pourrait représenter plus d'un milliard d'enfants.

Comment assurer le suivi de ces enfants ?

Pour mesurer l'ampleur de cette crise mondiale de l'apprentissage, l’ONG ONE, le Partenariat mondial pour l'éducation (GPE) et Save the Children ont lancé Lost Potential Tracker.

Cet outil interactif combine les données de la Banque mondiale et de l'UNESCO sur la pauvreté des apprentissages qu’il croise avec les données démographiques des Nations Unies pour suivre, en temps réel, l’évolution du nombre d'enfants incapables de lire et de comprendre une phrase simple à l'âge de 10 ans depuis 2015.

L’outil encourage également les utilisateurs à se mettre dans la peau d'un décideur politique et à voir comment un financement efficace peut aider à inverser cette tendance et être favorable aux enfants. Mais, derrière chaque chiffre se cache un enfant et une histoire.

Lost Potential Tracker propose également de suivre les parcours d’enfants touchés par cette crise mondiale de l'apprentissage, à l’instar d’Esther (en anglais).

Quel impact aurait un financement de l'éducation efficace et ciblé ?

Bien financer l'éducation en accordant la priorité à l'éducation des personnes les plus à risque serait une des solutions. Dans les pays à faible revenu, où 90 % des enfants de 10 ans n'acquéraient déjà pas les compétences de base en lecture et en écriture avant le début de la pandémie de COVID-19, un financement de l'éducation à hauteur d’un milliard de dollars américains peut permettre à plus de 8,6 millions d'enfants d’acquérir ces compétences de base.

De plus, les retombées d’un tel investissement iront bien au-delà de son impact sur les individus, dans la mesure où il pourra transformer les sociétés. Chaque dollar bien investi dans l'éducation des enfants dans les pays à faible revenu pourrait favoriser une croissance économique équivalant à 4,8 dollars, générer des recettes fiscales et sortir des personnes de l'extrême pauvreté.

Chaque milliard de dollars consacré à l'éducation dans les pays à faible revenu pourrait sauver près de 175 000 vies, assurer à plus de 146 000 futurs enfants de ne pas souffrir d'un retard de croissance et empêcher près de 160 000 filles d’être mariées à l’adolescence.

Pourtant, malgré l'impact transformateur d'un financement efficace, les deux tiers des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et à faible revenu ont réduit leur budget de l'éducation depuis le début de la pandémie de COVID-19, et l'aide à l'éducation devrait baisser de 12 %.

Que faire maintenant ?

Les gouvernements doivent financer l'éducation de manière adéquate à partir de toutes les sources de financement dont ils disposent, et veiller à ce que ce financement soit utilisé de manière efficiente, en ciblant les plus marginalisés en priorité notamment. Les opportunités pour agir dans ce sens au cours des prochains mois sont d’ailleurs légions :

  • Les dirigeants du G7 doivent, lors du sommet du G7 du 11 au 13 juin, s'engager à respecter les objectifs mondiaux en matière d'éducation fixés par le Royaume-Uni qui visent à garantir que 40 millions de filles de plus soient scolarisées et que 20 millions de filles de plus soient capables de lire à l’âge 10 ans d'ici 2026.
  • Lever la main et appeler les leaders mondiaux à financer intégralement le Partenariat mondial pour l'éducation (GPE) lors du Sommet mondial sur l'éducation les 28 et 29 juillet 2021. Avec au moins 5 milliards de dollars pour la période 2021-2025, le GPE peut transformer les systèmes éducatifs dans jusqu'à 90 pays et territoires.
  • Appeler les gouvernements des pays en développement à protéger leurs budgets de l'éducation et à le dépenser de manière efficiente, en ciblant en priorité les populations les plus marginalisées. Les gouvernements peuvent justement s'engager à le faire lors du Sommet mondial sur l'éducation des 28 et 29 juillet 2021.

Vous pouvez explorer l'outil dès maintenant et/ou cliquer ici pour avoir un aperçu des statistiques clés produites à partir de cet outil.

Ce blog a également été publié sur le site de l'ONG ONE.

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