L'apprentissage des nombres, qui permet de compter les jouets et de dire l'heure, comptait énormément pour les élèves de 2e année des banlieues de Nairobi. Or, malgré l'apparente simplicité de ces attentes, les données des études montrent que seule la moitié des enfants de 4e année maîtrise les compétences de base en numératie, telles que l'identification des nombres.
Non seulement la faiblesse précoce des compétences en numératie empêche le développement d'autres compétences mathématiques, mais elle a également un impact tout au long de la vie.
Or, des compétences plus solides en numératie, associées aux compétences en littératie, affectent grandement la performance sur le marché du travail. D'après les données, de nombreux élèves kenyans sont privés de ces compétences essentielles.
Une nouvelle façon d'enseigner la lecture, l'écriture et les mathématiques de base
Les pouvoirs publics kenyans ouvrent cependant un nouveau chapitre en matière d'enseignement de la littératie et de la numératie aux élèves. L'amélioration de ces compétences a en effet été définie comme priorité nationale de l'éducation, et une nouvelle méthodologie est actuellement mise en œuvre dans des expériences pilotes. Le pays se lance ainsi dans un ambitieux programme de réforme afin d'améliorer la performance des élèves en langues et en mathématique.
Dans son Plan sectoriel de l'éducation national de 2013 (NESP) le Gouvernement a clairement déclaré que « garantir pour tous les enfants kenyans l'acquisition des compétences en lecture, écriture et mathématiques de base à la fin de la 2e année constituait le fondement essentiel de la réussite future de l'apprentissage et d'une contribution à la vision sociale et économique du Kenya présentée dans Vision Kenya 2030.»
Le NESP, élaboré avec le soutien du Partenariat mondial pour l'éducation, va encore plus loin en apportant une solide stratégie d'amélioration de l'enseignement des mathématiques.
L'approche pluridimensionnelle du NESP en vue d'améliorer l'enseignement des mathématiques destiné aux jeunes enfants introduit de nouvelles méthodologies d'enseignement de la matière dans la formation des enseignants ; l'élaboration de nouveaux supports pédagogiques et la mise en place d'évaluations continues de l'enseignement et de l'apprentissage afin de mesurer l'efficacité des nouvelles méthodes. Des étapes similaires sont prévues pour améliorer la littératie.
Une nouvelle stratégie couronnée de succès
Les preuves de la réussite de cette nouvelle stratégie sont incontestables. Un projet de 2 ans soutenu conjointement par l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et le Département pour le développement international du Royaume-Uni (DFID) a placé ces méthodologies au cœur de programmes pilotes dans 547 écoles privées formelles et subventionnées de la capitale kenyane Nairobi et des comtés voisins. Fin 2013, des évaluations rigoureuses ont démontré que cette approche pilote avait amélioré les compétences en lecture près de trois fois plus vite que dans les écoles témoins. Le graphique suivant montre les améliorations dans plusieurs compétences mathématiques relevées dans les écoles pilotes et comparées aux écoles témoins sur une période d'un an.
Lors de la visite récente d'une des classes pilotes, j'ai pu voir une nouvelle palette de stratégies pédagogiques en action. Une enseignante en mathématique de 2e année de l'école Langata West a occupé les enfants pendant une demi-heure avec une série d'exercices de comptage à l'endroit et à l'envers, d'identification de nombres manquants dans une série et d'additions à un seul chiffre.
Elle a utilisé le matériel pédagogique avec inventivité, y compris grâce à des schémas et au tableau, en demandant aux élèves de faire les exercices à partir de leur manuel. Elle a ensuite fourni un feedback aux élèves sur leur performance. Un membre du personnel du centre de conseil pédagogique assistait à la classe ce jour-là. Elle prenait des notes sur les activités pédagogiques et a ensuite discuté de son rapport avec l'enseignante.
L'enseignante a expliqué que l'association de la formation, du nouveau matériel et de l'observation de sa classe facilitait son travail et qu'elle pouvait désormais voir l'amélioration du niveau de compétences de ses élèves qui en résultait.
Traitement des problèmes systémiques
L'évaluation du projet a également identifié les problèmes systémiques nécessitant d'être traités pour obtenir des résultats durables. Parmi ceux qui sont liés à l'école, la responsabilité et la gouvernance sont des éléments essentiels. D'autres sont des questions telles que le fait de permettre aux enseignants de passer plus de temps dans les classes ; la sélection de matériel pédagogique supplémentaire ; et la création d'incitations appropriées pour une observation et un feedback sur la classe. En bref, il s'agit d'apporter des changements dans la pédagogie des enseignants, des changements qui ne peuvent être soutenus que par une meilleure gestion et gouvernance de l'école.
Un nouveau soutien du Partenariat mondial pour l'éducation
Un nouveau financement du Partenariat mondial pour l'éducation de 88,4 millions $US est accordé en appui à un programme qui prévoit d'élargir ces méthodologies d'enseignement des mathématiques couronnées de succès à tout le pays et de traiter ces problèmes systémiques. Simultanément, USAID et DFID soutiennent le programme Tusome, qui prévoit, lui, de déployer dans tout le pays des méthodologies d'enseignement de la littératie. Le programme soutenu par le Partenariat mondial pour l'éducation sera lancé en mars 2015 pour quatre ans et sera supervisé par la Banque mondiale.