Défis et perspectives de l’enseignement supérieur en Afrique
Une collaboration et un partenariat plus étroits entre l'industrie et les institutions académiques en Afrique sont impératifs pour relever les multiples défis auxquels sont confrontés les établissements d'enseignement supérieur dans cette région.
02 mai 2017 par Jonathan Chuks Mba, Association of African Universities
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Lecture : 9 minutes
Des étudiants de l'Université du Ghana pendant un cours de sciences politiques du Dr. Evans Aggrey-Darkoh à Accra au Ghana, le 14 Octobre 2015. Dominic Chavez/Banque mondiale
Des étudiants de l'Université du Ghana pendant un cours de sciences politiques du Dr. Evans Aggrey-Darkoh à Accra au Ghana, le 14 Octobre 2015.

Ceci est le cinquième post d’une série de collaborations entre le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) et l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA)

L’Afrique compte environ 1 650 institutions d’enseignement supérieur, dont un grand nombre sont en difficulté et nécessitent l’intervention de différentes parties prenantes, des gouvernements nationaux et des partenaires de développement pour permettre aux étudiants de développer au maximum leurs acquis et apporter une contribution efficace sur le marché du travail.

À l’exception peut-être de l’Afrique du Sud et des pays d’Afrique du Nord, le ralentissement économique de l’Afrique de la fin des années 1970, puis les programmes d’ajustement structurels (PAS) et la fuite des cerveaux qui s’est ensuivie ont durement affecté la performance des institutions d’enseignement supérieur africaines et entamé leurs capacités à fournir un enseignement supérieur de qualité.

De nombreuses institutions ont alors connu un déclin en termes de qualité d’enseignement, de recherche et de résultats de recherche. Celles-ci ont ainsi perdu en efficacité quant à leur capacité à contribuer au développement socioéconomique de leur pays.

Les défis auxquels est confronté l’enseignement supérieur en Afrique

En Afrique, l’enseignement supérieur est sous-développé et constitue une priorité de second plan depuis près de deux décennies. L’accès à l’enseignement supérieur pour le groupe d'âge concerné demeure à 5 %, moyenne régionale la plus faible au monde, avec seulement un cinquième de la moyenne mondiale affichée de 25 %.

Les femmes sont sous-représentées dans l’enseignement supérieur, en particulier dans les domaines scientifiques et technologiques. En termes de qualité, aucune université d’Afrique occidentale ou centrale ne figure dans les classements des 500 meilleures institutions d’études supérieures du monde.

En outre, de nombreux retards s'accumulent depuis quelques décennies dans le domaine des réformes. Ce sous-développement des institutions d’enseignement supérieur se traduit principalement par de forts taux de migration hors du continent africain de talents en demande de formations et d'opportunités de recherche à l’étranger.

Le paradoxe des diplômés sans emploi et du manque de main d’œuvre qualifiée

La plupart des pays africains sont actuellement confrontés à une pénurie de ressources humaines et de capacités dans les domaines des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques, ainsi que dans les secteurs de l’agriculture et de la santé (Institut international d’ingénierie de l’Eau et de l’Environnement, 2013 ; Montenegro et Patrinos 2012 ; Banque mondiale 2007).

Le modèle actuel de production des compétences en Afrique ne correspond pas aux besoins du marché du travail et du développement. La tendance récente de l’enseignement supérieur africain affiche un faible pourcentage de diplômés dans les domaines de l'ingénierie, l'agriculture, la santé et les sciences.

Tandis que les diplômés de nombreuses institutions d’enseignement supérieur d’Afrique restent sans emploi, il n’en reste pas moins une importante pénurie de main d’œuvre qualifiée. La difficulté réside dans l’augmentation à la fois de la quantité et de la qualité des diplômés grâce à des investissements dans des laboratoires et des ressources humaines dédiées à ces disciplines tout en améliorant le lien avec les employeurs afin de favoriser une plus grande pertinence des formations et une solide collaboration internationale.

Le manque d’investissement signifie que les institutions d'enseignement supérieur d'Afrique sont actuellement dans l’incapacité de répondre aux besoins immédiats en matière de compétences et de contribuer à une croissance productive à moyen terme.

Les causes du manque d’adéquation entre l’offre et la demande

Ce manque d'adéquation avec les besoins et demandes de l’économie en matière de compétences est dû à l’absence d’une masse critique de professeurs de qualité, à l’insuffisance de financements durables et aux défauts en matière de gouvernance et de leadership (Alabi et Mba, 2012).

Plus largement, les systèmes d’enseignement supérieur d’Afrique occidentale et centrale et des autres régions d’Afrique manquent de spécialisation régionale adéquate.

L’enseignement supérieur en Afrique rencontre de grandes difficultés pour parvenir à une masse critique de professeurs de qualité. Le pourcentage moyen de personnel doté d'un doctorat dans les institutions publiques d'enseignement supérieur en Afrique est ainsi estimé à moins de 20 % (Soucat et al., 2013 ; Chronicle of Higher Education, 2013).

De nombreux départements n'ont pas plus d'un ou deux professeurs d’université confirmés, bon nombre étant proches de l'âge de la retraite. Cela constitue une entrave pour les départements et les universités en les empêchant de fournir des formations supérieures pertinentes (en partie pour développer eux-mêmes le corps de professeurs de l’enseignement supérieur) et d’instaurer un environnement propice à la recherche.

Par ailleurs, les faibles salaires des professeurs, le manque de financement et d’équipement consacrés à la recherche, ainsi qu’une autonomie limitée sont autant d'obstacles à la rétention des professeurs dans les universités africaines. Les perturbations de l’enseignement dues aux mouvements de grève du personnel et / ou des étudiants, causés par plusieurs facteurs, notamment la faiblesse du leadership administratif et le manque de ressources, constituent d’autres obstacles pour l’enseignement supérieur en Afrique (Rapport ACE, 2016).

Comment revitaliser l’enseignement supérieur en Afrique

Avec un début de redressement des économies africaines, la reconnaissance récente par le Groupe Banque mondiale et d’autres agences de développement du rôle important que peut jouer l’enseignement supérieur dans le processus de développement socioéconomique de l’Afrique, ainsi que la résurgence d’un intérêt pour l’enseignement supérieur, il devient impératif d'accélérer le redressement et la revitalisation des institutions d'enseignement supérieur dans l'ensemble du continent.

L’Association des Universités africaines (AUA) et ses partenaires, tout en jouant le rôle de catalyseur dans le processus de revitalisation, a conçu une série d'interventions destinées à améliorer la situation difficile dans laquelle se trouvent les institutions d'enseignement supérieur.

Ces interventions se concentrent principalement dans les domaines clés suivants :

  • leadership et gestion institutionnelle ;
  • mobilité universitaire, notamment la diaspora africaine ;
  • développement des TIC pour l’enseignement, l’apprentissage et la recherche ;
  • mise à disposition des thèses et des travaux universitaires africains pour un public élargi en Afrique et au-delà ;
  • bourses d’études supérieures et petites subventions de soutien au doctorat ;
  • relations entre les universités et les secteurs productifs de l’économie, avec un soutien des institutions d’enseignement supérieur africains pour aider le pays de tutelle à réaliser les objectifs de développement durable grâce à la recherche de politiques.

Des initiatives telles que les Centres d’Excellence d’Afrique (Africa Centers of Excellence), le Partenariat pour les Compétences en Sciences Appliquées, Ingénierie et Technologie (Partnership for Skills in Applied Sciences, Engineering & Technology), l’Université panafricaine, l’harmonisation de l’assurance qualité et de l’habilitation dans l’enseignement supérieur africain (Harmonization of African Higher Education Quality Assurance and Accreditation) font partie des différents efforts entrepris pour améliorer l’enseignement supérieur africain, qui doivent être soutenus, notamment mais pas seulement, par des moyens financiers.

La promotion de la collaboration entre l’industrie et les institutions universitaires

Un renforcement de la collaboration et des partenariats entre l’industrie et les institutions universitaires d’enseignement supérieur en Afrique sont nécessaires pour relever les multiples défis auxquels est confronté l’enseignement supérieur.

Les investissements dans ce secteur doivent veiller à ce que le cadre de gouvernance favorise l’excellence, une autonomie financière raisonnable et une amélioration de la responsabilisation de l’institution et de l’organe directeur.

Les institutions doivent promouvoir la décentralisation intérieure de l’administration des ressources et le recours à des systèmes de gestion et d’information, à la transparence administrative, à l’utilisation des ressources et à la communication des résultats.

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Comment voulez-vous que les jeunes diplômés trouvent de l'emploi et soient compétitifs alors que le niveau de formation laisse à désirer. En RDC, il y a près de 30 ans que le niveau de l'enseignement est en dessous de 20% par rapport à celui des autres pays du monde. Tout est monnayé et toutes les autorités scientifiques et académiques sont devenues corruptibles à souhait. les universités fonctionnent dans les villages. et les enseignants n'ont pas besoin d'une qualification pour donner cours. les politiciens envoient leurs enfants à l'étranger et la masse se contente des diplômes pour faire quel travail. la RDC passera au moins deux siècles d'analphabétisme parce qu'après la disparition de ces générations actuelles où l'on trouve encore des gens qui peuvent lire et écrire. l'avenir reste sombre. il n'y a personne qui s'intéresse à l'éducation. nous avons fait un recul incalculable. je m'arrête par là.

"Investments into higher education should ensure that the governance framework is conducive to excellence, providing reasonable financial autonomy, and enhance accountability of the institution and the governing body"

One way of lending a practical support to the above aim is to empower learners to challenge intellectual leadership in Higher Education environments in Africa. African Higher Education Leadership like most of its policy sectors suffers from the inertia of the familiar and call for robust and active internal engagement.(Intellectually) The GST's module contents should be structured to accommodate a theoretical ability to think systemically. Systemic thinking should be made a central part of the General Studies in order to lend intellectual activism in the faculty level. This will challenge incompetency from the inside as well as ferment insight from the outside. Regional Specialization currently lacking in this environment shall also benefit from a student learning engagement that ferments independent thinking.

The well-written article describes extensively the situation and challenges of the African higher education environment and I agree with the conclusions. Mainly the disconnect between demand supply is worth to be solved on short notice. Privately financed initiatives can support the access to education in this regard.

Quote from article: "The average percentage of staff with PhD in public higher education institutions in Africa is estimated to be less than 20%(Soucat et al. 2013; Chronicle of Higher Education 2013)."

I'd love to find the Soucat et al. 2013 reference. Does anyone know where this is from?

Andries

This is a prolific article predisposing the real challenges of education in Africa but albeit these challenges, the fundamental problem is the rather theoritical education system widely use in Africa which divorce the pragramatic dimension highly needed in Africa now. I suggest an a review on the former coupled with an immediate change of learners mindsets from just receiving the knowledge to a creative thinking and innovation that is highly immeded in Research.

Bonjour, Je suis résidemt permanent aux Etats Unis d'Amérique à OHIO Columbus. Je suis fondateur de ''People First International Foundation'' ici aux USA. Je suis en train de chercher les Fondations américaines qui veulent aller investir dans le domaine de l'Enseignement Sécondaire et des Instituts Supérieurs dans le développement durable en Republique Democratique du Congo. Ensemble nous pouvons faire mieux car le sol congolais est le mien. J'ai fait mes formations professionnelles à l'Institut américain de Diplomacie et des droits de l'homme à Washington DC..  J'ai déjà formé un groupe des professeurs Docteurs des différentes universités pour relancer cette activité éducative. Merci d'avance.

Teaching and learning are education processes.

These processes have undergone several stages in human history and educational development. Each process has also been underpinned by educational psychology and philosophy.

In my opinion, Constructivism tends to echo the need to allow learners to take greater control of the learning process while teachers act as facilitators.

Thus, there is teaching for learning and learning for teaching.

As teachers, it is important to note that whilst teaching you endeavour to learn from what learners learn. Conversely, learners learn when teachers teach. Therefore it is apparent that each process is a sine qua non to the other.

With the advent of new technologies and A.I. in education as well as the ongoing revision of STISA, it is inevitable that a strongsr synergy must be built between AAU and regional blocks to support AHEIs in their quest to apply transformative teaching and learning.

a. What is the current approach to teaching and learning in Africa?
The current approach to teaching and learning in Africa is premised more on the traditional method where the teacher is seen as a purveyor of knowledge and learners are rather taken as passive listeners. Students tend to imitate the teacher/instructor.
What are the demerits of the current approach to teaching and learning in Africa?
According to critics of this approach, it leaves narrow gap for students to discover their capabilities and exposes their inability to apply 21st century skills
b. What new approach is being proposed to teaching and learning in Africa?
The Transformative approach is being proposed which allows the learner to play a more participatory role in the teaching and learning processes.
c. What are the benefits of the new approach?
This approach allows the leaner to play a more active role in the learning process through experiential activities, projects and problem-solving (process skills). It can also lead to discovery of knowledge and skills and innovation
d. What will it take to re-calibrate African professors and learners for the new approach to teaching and learning in Africa?
It will require policy, curriculum change, investment and training
e. How can we further promote life-long learning in Africa?
Lifelong learning can be promoted through the implementation of the CESA/STISA frameworks including paradigm shift in curriculum design, teaching and learning strategies, regional and continental synergies among AHEIs and increased GDP/education national and institutional budgets
f. What roles do digitalization have to play in the new approach to teaching and learning in Africa?
a. Increases experimental learning,
b. Enhances flipped classroom,
c. Allows learners to learn at their own pace,
d. Creates world-wide collaboration and partnership,
e. Promote innovation, reduces drudgery,
f. Bridges the digital divide,
g. Provides relevant knowledge and skills,
h. Increases access and ensure quality education provision,
i. Ensuring that higher education is responsive to Africa’s priorities and relevant to the labour market
Basiru Mbenga
Centre Manager Insight Training Centre
Kuntaya, The Gambia

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