Premier groupe mondial des jeunes de la société civile
Fin juin 2018, j’ai eu la chance de travailler avec d’autres jeunes pour faire émerger la possibilité de lancer un groupe constitutif dans le secteur de l’éducation et instaurer un siège dédié à un membre du conseil issu de la jeunesse au sein de la Campagne mondiale pour l’éducation (CME) - le plus grand mouvement mondial de la société civile pour l’éducation.
J’ai été désigné pour faire partie du Groupe de travail des jeunes de la CME et participer au Comité préparatoire du Groupe des jeunes lors de la 6ème Assemblée mondiale de la CME en novembre dernier à Katmandou, au Népal. Les préparatifs du Groupe des jeunes ont pris quatre mois, durant lesquels les représentants des jeunes ont œuvré aux côtés du Secrétariat de la CME et de son Conseil d’administration.
Au cours des réunions propres au Groupe des jeunes, nous avons pu observer une certaine solidarité entre les leaders régionaux et mondiaux du secteur éducatif et les jeunes, qui ont débattu des questions de l’éducation dans le monde et des réponses possibles en partenariat avec les jeunes.
Des discussions animées ont eu lieu entre les jeunes des pays du Nord et du Sud sur l’élargissement du rôle des jeunes au sein de la CME. Nous voulions veiller à créer ce groupe constitutif correctement.
Nous avons ainsi discuté et rédigé des ébauches de motions politiques sur le moyen de soutenir une nomination de jeune au Conseil d’administration de la CME, au Syndicat européen des étudiants, et d’articuler notre voix au sein de la CME. Le Comité préparatoire du Groupe des jeunes a rédigé des documents portant sur les objectifs, ainsi que des motions politiques auprès de l’ensemble de l’Assemblée mondiale de la CME.
La Secrétaire-générale adjointe aux Nations-Unies, source d’inspiration des jeunes pour sécuriser leur représentation dans les organismes mondiaux
Invitée d’honneur de l’Assemblée mondiale de la CME, la Secrétaire-générale adjoint des Nations-Unies, Amina J. Mohammed s’est directement adressée aux délégués de la jeunesse. Son conseil ? Que les jeunes repoussent les limites de leur représentation en visant une représentation de 30 % dans les organes décisionnaires, et qu’ils bousculent le
statu quo.
Cela nous a mis du baume au cœur et nous a boostés pour développer nos objectifs : au lieu de nous contenter d’un seul siège au sein du Conseil d’administration de la CME, nous avons décidé d'élargir à deux sièges la représentation des jeunes. Cela a également inspiré un des jeunes délégués de Norvège, qui se présente pour un siège régulier au Conseil.
À la fin des élections et délibérations du conseil, j’ai été ravi de voir que les jeunes ont désormais 2 représentants au Conseil d'administration de la CME, l'un en vertu du siège alloué à la jeunesse, l’autre en vertu de la candidature à un siège régulier. Simultanément, un autre siège a été créé pour la jeunesse, dédié aux jeunes des pays du Sud, qui sera pourvu lors de la prochaine Assemblée mondiale spéciale.
Les OSC redoublent d’efforts pour intégrer les jeunes dans les coalitions nationales et régionales
Il y avait une forte représentation au sein des coalitions nationales et régionales, certains des délégués de la jeunesse proposant des motions politiques et votant au nom de leur délégation. Les jeunes délégués ont ainsi débattu avec des militants de longue date, des leaders de syndicats d'enseignants, des experts et militants de l’éducation chevronnés, dans un effort de reconstruction de la direction future du mouvement de la CME.
Faisant partie de la délégation américaine de la CME, j’ai également pu exposer mes pensées, débattre avec des leaders de la société civile de longue date et voter les motions politiques. Les secrétariats régionaux ont, quant à eux, promis de mettre en place, d’ici deux ans, des mécanismes visant à intégrer la représentation des jeunes et étudiants dans leurs structures de gouvernance.
Le début d’un effet de ricochet
Les développements actuels ont produit un effet de ricochet. La possibilité de créer des structures mondiales de groupes constitutifs de la jeunesse dans les organes de partenariats intergouvernementaux tels que le Partenariat mondial pour l'éducation et le Comité directeur de l’Éducation 2030 peut et doit être envisagée de façon plus approfondie. Ceci est également vrai pour les organes régionaux de l’Union africaine, de l'ASACR, de l’ANASE, etc.
Points importants à retenir
Voici certains des points importants dans le parcours d'ambassadeur de la jeunesse qui m’a mené au Groupe des jeunes de la CME et à la 6ème Assemblée mondiale et que je conseille aux jeunes de retenir :
- Souvenez-vous des choses non négociables – vous ne pouvez pas compromettre vos principes de base dans des négociations en faveur d'une évolution sociale. Il n’y a que par les principes et un leadership ferme qu’une négociation peut être menée avec une efficacité maximum.
- Face aux forces de dissuasion, trouvez un champion favorable à vos causes dans ce qui semble un système fermé pour les systèmes de gouvernance fermés ou les milieux hautement politiques, un partenaire ou facilitateur stratégique peut être essentiel pour créer l’ouverture en vue d’un changement. Ne perdez cependant pas confiance si votre partenaire n’est pas toujours d’accord avec vous. Restez dans les limites de votre partenariat.
- Dans les négociations, tout n’est jamais noir ou blanc, vous devez donc mesurer vos campagnes de façon non binaire, en adoptant plutôt des pourcentages de 0 % à 100 %. Les jeunes doivent avoir la résilience et la ténacité nécessaires pour continuer à progresser, étape par étape.
- Les jeunes doivent avoir une vision microscopique, télescopique et panoramique des questions, afin de prendre des décisions et mener des actions avisées, éclairées et bien raisonnées. Nous devons considérer chaque angle et perspective pour une analyse soigneuse, qui mènera à des décisions sages.
- Réunir les forces les plus importantes et les plus larges pour définir la ligne la plus claire - j’emprunte ces mots aux collègues du Conseil des étudiants de l’Université des Philippines, car faire progresser l’implication des jeunes nécessite le soutien d’alliés, sans lequel aucune pression n’est possible sur les décideurs et les acteurs non gouvernementaux. La solidarité internationale, les initiatives de terrain et les mouvements de la société civile doivent résonner en cohérence avec les préoccupations des jeunes et créer les espaces pour leur implication.